Le palm mute en fingerpicking : groove et percussion

Qu’est-ce que le palm mute ?

Le palm mute consiste à étouffer légèrement les cordes avec la paume de la main droite (pour les droitiers) pendant qu’on joue. Le but n’est pas d’éteindre complètement le son, mais de réduire la résonance des cordes — notamment des cordes graves — pour obtenir un rendu plus court, sec et percussif. « Poum-tchac » comme disait le regretté Marcel Dadi. Mais ce petit farceur vit caché sous la paume de la main droite, pas facile à comprendre.

palm mute

Le palm mute se cache sous la main

Cette technique est souvent utilisée dans le jeu en fingerstyle pour donner du relief au jeu de basse tout en gardant les aigus bien définis. C’est une arme secrète du fingerpicker : il donne plus de maîtrise rythmique, apporte une dimension percussive et affine le contrôle du son. Il permet de donner une assise rythmique et permet de bien isoler la mélodie.

Comment réaliser un bon palm mute ?

Voici les étapes pour bien placer le palm mute en fingerpicking :

  1. Placer le bas de la paume, côté petit doigt, juste après le chevalet (bridge) de la guitare.
    • Le positionnement est crucial :
      • Trop proche du chevalet : son clair, peu étouffé.
      • Trop loin du chevalet : son trop sourd, complètement étouffé.
  2. Jouer les cordes graves (E, A, D) avec le pouce tout en gardant les aigus libres pour le picking avec les autres doigts.
  3. Garder une pression légère : laisse les cordes vibrer un peu, mais pas trop.

Astuce : commencer sans palm mute, puis ajoute-le progressivement pour bien sentir la différence.

À écouter : 

Marcel Dadi : l’inoubliable « poum-tchac » très bien expliqué dans cette vidéo

Tommy Emmanuel : dans ses arrangements, le palm mute apporte un côté très « batterie ».

Richard Smith : Pineapple Rag, sur cordes nylon

 

Choisir un micro pour amplifier sa guitare acoustique

L’amplification d’une guitare acoustique est un art délicat : il s’agit de capturer fidèlement la richesse et la dynamique naturelle de l’instrument tout en évitant les nombreux problèmes liés à la sonorisation. Contrairement à une guitare électrique, qui repose sur des micros magnétiques conçus pour capter directement les vibrations des cordes, une guitare acoustique produit son timbre à travers la résonance de sa caisse. Cette spécificité rend son amplification plus complexe, car elle doit restituer à la fois la profondeur du son, l’équilibre entre les basses et les aigus, ainsi que les nuances du jeu, notamment en fingerpicking où chaque note doit être distincte et expressive.

Plusieurs obstacles peuvent survenir lorsqu’on cherche à amplifier une guitare acoustique :

  • Le larsen : dû à la résonance de la caisse, il peut devenir un véritable cauchemar en concert, en particulier avec des micros à condensateur placés à l’intérieur ou à proximité de l’instrument.
  • Un son trop artificiel : certains micros, particulièrement les piézos, peuvent produire un son trop sec ou métallique, qui manque de chaleur et d’authenticité.
  • Les bruits parasites : une guitare acoustique capte naturellement les bruits de frottement des doigts sur les cordes, les coups sur la caisse, ou encore les résonances indésirables, ce qui peut compliquer le mixage en live. Personnellement, ça ne me dérange pas toujours, c’est une partie du son vivant de l’instrument.
  • Un manque d’équilibre : certains systèmes amplifient davantage certaines fréquences, rendant le son trop brillant ou, au contraire, trop étouffé selon l’installation.

Face à ces défis, différents types de micros ont été développés pour répondre aux besoins des guitaristes en fonction de leur usage (scène, studio, home recording). Chacun a ses propres avantages et inconvénients, et le choix du bon système dépend du style de jeu, de l’environnement et des préférences sonores du musicien.

1. Micro piézoélectrique (ou piézo)

Je suis tenté de dire que c’est le système qui a permis le boom des guitares acoustiques sur scène. Ils ont été haïs à peu près autant qu’ils ont rendu service. Leur fonctionnement se base sur le fait que certains cristaux, lorsqu’ils sont déformés, produisent un courant électrique. C’est ce courant qui est amplifié. Les micros piézo ont évolué avec le temps et le progrès technologique. Ils sonnent moins « canard coin coin » qu’avant, mais ils restent un gros compromis sur le son. Certains préamplis utilisent des algorithmes pour modéliser un son de guitare réaliste au départ du son piézo. Une idée qui fait se dresser les cheveux sur la tête de certains qui considèrent le son obtenu doublement artificiel et trop éloigné du son d’origine.

micro piézo sous le chevalet

micro piézo sous le chevalet

micro sous forme de pastilles sous la table

micro sous forme de pastilles sous la table

Principe : Placé sous le sillet du chevalet, il capte les vibrations des cordes transmises à la table d’harmonie. Certains systèmes comportent une ou plusieurs pastilles à coller sous la table ou le chevalet pour un son plus naturel. Constat amusant, du nom à la fiche technique, certains fabricants redoublent d’imagination pour faire oublier le côté « piézo » de leur micro. Le nom est trop infamant.

✅ Avantages :

  • Résistant au larsen
  • Son clair et précis, souvent percussif
  • Discret et généralement préinstallé sur les guitares électro-acoustiques
  • Facile à amplifier sans trop de réglages

❌ Inconvénients :

  • Son parfois artificiel (« quack » métallique)
  • Nécessite un préampli pour un rendu optimal
  • Moins de chaleur et de profondeur qu’un micro aérien

2. Micro magnétique

micro magnétique - source : www.IZfrets.com

micro magnétique – source : www.IZfrets.com

Principe : Se place dans la rosace et capte les vibrations des cordes (comme un micro de guitare électrique). Je trouve le son souvent très « électrique », mais de nombreux guitaristes aiment ce son très chaud et très « solide » en live. Certains sont combinés avec un petit micro pour donner plus de naturel au son.

✅ Avantages :

  • Son chaleureux et équilibré
  • Facile à installer et à retirer
  • Insensible aux bruits de manipulation et aux interférences extérieures

❌ Inconvénients :

  • Son un peu moins naturel qu’un micro à condensateur
  • Déséquilibre de volume entre les cordes qui ne peut que partiellement être corrigé en jouant sur la position des capteurs
  • Apparence visible dans la rosace
  • Certains guitaristes pensent que ça influence aussi le son en rigidifiant la table

3. Micro à condensateur

J’adore mon Neumann MCM 14, le son est incroyable. Mais il faut des conditions très contrôlées pour éviter le larssen et profiter pleinement du son. Son encombrement peut être un peu gênant. Un micro sur un pied aurait évidemment l’inconvénient de me figer sur scène, voire de m’obliger à jouer assis.

Micro Neumann MCM 114

Micro Neumann MCM 114

Principe : Un petit micro placé à l’intérieur ou à l’extérieur de la caisse (souvent fixé sur une éclisse et pointé vers la table ou dirigé vers la rosace par l’intérieur).
✅ Avantages :

  • Sonorité naturelle et détaillée
  • Capture les nuances et la résonance de la guitare
  • Idéal pour le studio et les performances en acoustique

❌ Inconvénients :

  • Sensible au larsen en live (très !)
  • Capte aussi les bruits de manipulation
  • Encombrant s’il est monté à l’extérieur
  • Nécessite une alimentation (pile ou alimentation fantôme)

4. Système hybride (micro + piézo ou autre combinaison)

C’est un système comme le Fishman Ellipse Blend qui est installé sur mes guitares. J’aime bien ce système, essentiellement parce que c’est le son avec lequel « j’ai grandi ». Il reste une valeur sûre, même si je pense qu’on a fait mieux depuis concernant le son. Certains se plaignent qu’il lui arrive de vibrer ou produire des sons mécaniques parasites en raison de ses diverses fixations dans la guitare.

micro hybride - source : Fishman

micro hybride – source : Fishman

D’autres systèmes ont un préampli (avec ou sans micro à condensateur) plus ou moins complexe installe sur l’éclisse avec des boutons de contrôle et un accordeur accessibles au regard. Cela nécessite une grosse défonce dans le côté de la guitare. Il me semble qu’on en voit moins de nos jours (ou c’est juste une impression ?). Il est toujours possible d’utiliser un préampli au sol pour régler son EQ et s’accorder.

Préampli d'éclisse - source : Takamine

Préampli d’éclisse – source : Takamine

Principe : Combine plusieurs micros (souvent piézo + micro à condensateur ou piézo + magnétique) pour équilibrer le rendu sonore. 

✅ Avantages :

  • Polyvalence et équilibre entre naturel et clarté
  • Possibilité de mixer les signaux pour un son plus riche
  • Adapté aux performances live et au studio

❌ Inconvénients :

  • Installation plus complexe
  • Prix souvent plus élevé
  • Peut nécessiter une égalisation avancée pour éviter le larsen

Lequel choisir ?

  • Pour la scène : piezo ou magnétique (simple, efficace) ou système hybride (efficace et son plus réaliste)
  • Pour la scène en conditions idéales et maitrisées : système hybride ou micro à condensateur
  • Pour l’enregistrement et le studio : Micro à condensateur (son naturel) à combiner avec des micros externes. Certains jouent sur la combinaison piézo pour les basses et la charpente et micro pour le reste du son
  • Pour une solution polyvalente : Système hybride

Si vous cherchez un son naturel et détaillé pour du fingerpicking, un bon micro à condensateur ou un système hybride sera généralement plus fidèle aux nuances de votre jeu. Pour un concert occasionnel, un piézo seul fera l’affaire avec un bon préampli, éventuellement avec modélisation du son, si vous aimez l’idée et le rendu (tout le monde n’est pas fan).

Dans tous les cas, l’important est aussi de savoir bien régler son ampli/préampli avec la bonne routine > Comment régler son préampli-égaliseur ?

Pour vous enregistrer, investissez dans un bon micro à condensateur à placer devant la guitare. Bien choisi, il pourra vous servira aussi pour d’autres projets.

Winteratelier : les 4 saisons du Ukulele

Ce samedi, je suis retourné à Neundorf (Saint-Vith) pour un Winteratelier, un atelier d’hiver ukulélé. IL y a une demande pour des cours « toute l’année ». Mais je suis dans l’incapacité de me déplacer toutes les semaines jusque-là. Avec le Kreatives Atelier de Neundorf, nous avons décidé de programmer une demi-journée de cours à chaque saison, automne, hiver, bientôt printemps et puis le stage de quatre jours en été.

Winteratelier ukulélé Neundorf

Winteratelier ukulélé Neundorf

Mon programme en trois points pour ce Winteratelier

Rythme : Avec l’incontournable « Somewhere over the rainbow », je voulais travailler la rythmique la plus pratiquée en quatre temps sur l’ukulélé. Celle qui permet de jouer environ 85% du répertoire.

Arpège : avec « Halleluyah », l’objectif était de travailler les arpèges mais aussi de discuter de la façon de construire un accompagnement sur toute la durée du morceau en amenant de la variété pour ne pas jouer la même chose tout au long du morceau.

Accords barrés : « Sweet child of mine » pour travailler l’accord de Bb et ainsi mettre le pied à l’étrier pour affronter les premiers accords barrés.

Les élèves ont bien bossé. Presque trop bien, j’aurais peut-être dû doubler les morceaux pour chaque thème ou ajouter encore un thème. Je pense que j’aurai un groupe « avancés » pour l’été.

Acoustic Player : workshop avec Jacques Stotzem

Dans le numéro de janvier 2025 du magazine Acoustic Player, le guitariste belge Jacques Stotzem est mis à l’honneur. Jacques propose un atelier spécial intitulé « Fingerstyle with Heart & Soul », où il partage ses techniques et son approche musicale avec des généreux extraits de deux morceaux : Histoires sans mots et (le magnifique) Dialogue.

Difficile de trouver ce genre de ressources en français. La guitare acoustique jouit toujours d’une grande popularité en Allemagne. Le mieux est d’avoir quelques solides bases en allemand pour suivre les explications. Ce qui n’est pas donné à tous. C’est peut-être l’occasion de faire d’une pierre deux coups et d’apprendre une langue tout en pratiquant son instrument. 

A l'attaque !

A l’attaque !

Flemme des années 80

Je suis abonné depuis de longues années au magazine allemand Akustik Gitarre. Cependant, j’ai toujours porté moins d’intérêt aux tablatures et aux tutos qu’aux tests de matos et aux critiques des albums. Je pourrais prétendre que je me focalisais sur mes compos, c’est faux. Souvent, il s’agit de styles ou de techniques qui me parlent moins (DADGAD, open tunings, flatpicking, strumming, classique, etc.). Si je ne m’y plongeais pas trop, c’est également par manque de temps et par… flemme. J’admire les personnes qui pratiquent assidument tous les morceaux d’un magazine.

Cet aspect est encore plus développé dans le Acoustic Player qui est entièrement dédié aux tutos. Alors, ça ne me tentait pas jusque-là. Mais, en bon fan inconditionnel de Jacques, je n’ai pas longtemps hésité quand j’ai vu qu’il était invité pour commenter ses compositions.

Le magazine Acoustic player

Jacques figure en bonne compagnie dans ce numéro avec Sting, David Gilmour, Cat Stevens, Keith Jarret et SRV. Le magazine richement illustré est vraiment qualitatif, tant dans la forme que dans le fond. On est loin des transcriptions parfois approximatives de certains livrets, même officiels.

Acoustic Player (image Acoustic Music Records)

Acoustic Player (image Acoustic Music Records)

Le magazine s’accompagne d’un DVD que mon PC a considéré illisible. Heureusement, à une époque où la plupart des ordinateurs n’ont plus de lecteurs CD-DVD, on peut retrouver les vidéos explicatives sur Internet moyennant un code d’accès fourni aux abonnés et acheteurs du magazine.

Exemple de vidéo :

Au boulot !

Le format est pratique, les supports sont d’excellente qualité. À tel point que je me demande si je ne vais pas me pencher sur d’autres morceaux.

Je me sens un peu à l’étroit devant l’écran. Mon pupitre pliant vient à point. Ce n’est sans doute pas ma position de travail préférée, mais une fois le morceau dégrossi, la tablature suffira. J’avais commencé à jeter un œil sur la tablature avant de regarder la vidéo. Je suis content de constater qu’après quelques années de fingerpicking, j’arrive à deviner les doigtés à utiliser. La logique parcimonieuse du fingerpicking et son incroyable efficacité restent des mécaniques qui me fascinent encore toujours. 

Si j’ai un reproche très personnel à faire au magazine, ce sont les tablatures castrées de leur signature rythmique. Quand comme moi, on est un indécrottable lecteur de tablatures, on pourrait passer à côté de certains détails comme une note (x) qu’il faut percuter, pas jouer. Heureusement, le support vidéo permet d’y voir clair.

J’imagine qu’à l’inverse les lecteurs de partition trouvent que les lignes de tablatures sont une source de distraction. Quant à publier les deux notations intégralement, je peux comprendre que ce serait illisible. 

En tout cas, le format est recommandable ! Il m’est très agréable de se remettre dans l’esprit d’un cours de guitare.

Je ne pense pas m’abonner, mais je pense qu’une commande au numéro si je repère un artiste qui m’intéresse reste un bon plan. Si vous êtes un picker pas picky, et que vous aimez toucher à tout, ou si vous êtes un prof de guitare à la recherche d’inspiration, ça vaut certainement le coup. Allez, j’y retourne…