C’est la seconde édition de mon workshop ukulélé pour débutants à Neundorf près de Saint-Vith. L’atelier créatif a de nouveau fait appel à moi pour animer, en allemand, un atelier d’initiation à ce petit instrument si génial. Après une première édition réussie, je remets donc le couvert avec enthousiasme. Je reprends mon livret de l’an passé en y apportant quelques modifications et corrections bien nécessaires. Au cas où certains auraient déjà participé l’an passé, je renouvelle également la liste des morceaux.
Le programme du workshop ukulélé est d’animer quatre enfants en matinée et huit adultes l’après-midi. Cette année, je ne logerai plus dans la maison (hantée) de mon enfance. Je préfère faire les trajets pour profiter de mes soirées en famille.
Cette année, je ne suis pas dans la grande classe sous le toit, qui est occupé par un stage de pantomime. Mais, le plus petit local me convient, il est un peu plus aéré ce qui n’est pas négligeable avec la météo chaude et humide du moment. Mon seul souci récurrent sera de ne pas me mettre devant le tableau, empêchant mes élèves de lire ce que j’y écris. Avec un corps volumineux, on est souvent l’éléphant dans la pièce. En regardant la photo de la disposition de la pièce, je me dis à postériori que j’aurais simplement pu pousser la table contre le mur vers la gauche.
Matin mâtin !
“Mâtin”, voilà bien le mot pour décrire les cours de la matinée. Petit rappel de la signification de ce mot désuét :
Mâtin :
-
fam. et vx Personne malicieuse, turbulente. ➙ coquin. Ah ! la mâtine
-
interjection vieux (exprimant la surprise, l’admiration) Mâtin ! Qu’il est beau ! « Mâtin, vous ne vous refusez rien, vous »
Les enfants débordent d’énergie, ou dorment debout et passent parfois instantanément d’un état à l’autre sans prévenir. Par moments, dans ma tête, c’est la course de kayak olympique. J’essaie de garder le cap.
Il fait beau dehors, au bout d’environ 45 minutes, je laisse filer les enfants pour une pause défoulement dehors. La suite du cours ne s’en passe que mieux. Ils sont en vacances. Dans un minimum de cadre, le but est quand même de les laisser être ce qu’ils sont, des enfants. Mais, je culpabilise un peu par rapport à ma mission de leur transmettre les bases et le goût de l’instrument en quelques heures. Mission impossible ?
Mais au fil des jours, je finis par trouver la bonne dynamique entre information, présentation, interaction, répétition, interrogation, jeu et pause.
Par tours et détours, lorsque je les interroge le dernier jour, surprise, le bilan est positif
- ils connaissent leurs accords de base
- ils savent jouer plusieurs rythmes de la main droite
- ils savent accompagner quelques petites chansons
- et surtout, … ils se sont amusés et ils ont aimé.
Mais ce ne serait pas inutile pour moi d’en apprendre un peu plus sur l’animation à destination des enfants. C’est un métier, l’air de rien.
Non, ce n’est pas “simple”.
Je me suis découvert un stupide tic de langage. En allemand, faute de pratique, je truffe mon discours de “Simple, simplement, il suffit de”… qui pour moi est plutôt dit en forme d’encouragement. “Einfach, einfach, nix da von einfach”. Pour mes élèves, ce n’est pas aussi simple. Il ne “suffit” pas de déplacer “simplement” l’annulaire de la deuxième case de la corde de Do pour le mettre sur la troisième case de la corde de Mi pour passer “simplement” ou “plus facilement” de Dm à G. Je comprends que ça puisse agacer.
C’est la même chanson (ou pas).
Pour les adultes, c’est une autre chanson, littéralement. À propos d’autres chansons, j’avais renoncé à truffer mon programme pour le workshop ukulélé de chansons enfantines et de comptines. Pourtant, ce sont des morceaux faciles et bien pratiques pour aborder un instrument. Une mélodie connue et bien ancrée est un bon support pour aider à anticiper les changements d’accord.
Outre le fait que la musique est la grande absente dans l’enseignement, beaucoup de ces petites chansons ont été écartées pour diverses bonnes ou mauvaises raisons. Trop religieuses, racistes (souvent à juste titre), chansons qui peuvent faire peur ou qui parlent de la mort, violentes, sexistes. Chaque enseignant puise alors dans un répertoire de chansons récentes, qui est moins commun à tous.
Alors, on préfère écouter du rap en libre-service qui est souvent ouvertement violent et sexiste. Mais, c’est un autre débat, boomer.
Par le passé, j’ai donc eu quelques déconvenues avec ce répertoire qu’on ne pratique plus en maternelle et à l’école primaire. Mais cette fois, j’ai opéré un virage à 180 degrés, et je me suis lancé avec joie dans le grand répertoire de la petite chanson. Titillant par la même occasion mes propres souvenirs d’école primaire.
J’avais de grandes ambitions de travailler des airs traditionnels hawaïens (‘Aloha Oe’) en ensemble mélodie et accompagnements et autres pièces de choix, et puis finalement j’ai unifié le cours enfant et adulte pour chanter des comptines. Et nous nous sommes plutôt bien amusés.
Un bilan positif.
Je partage un petit moment du cours, ça peut sembler simple, mais jouer et chanter ensemble avec un rythme régulier, après quelques heures de workshop ukulélé seulement est déjà un petit exploit dont ils peuvent être très fiers !
Avec un bilan intéressant :
- 6 chansons pour enfants
- 99 Luftballons (Nena)
- Imagine (Lennon)
- Smile (Chaplin)
Et, des accords, des rythmes et des bases pour, je l’espère, pouvoir continuer à évoluer une fois de retour à la maison.
Vois sur ton chemin…
En repartant, je fais un petit arrêt au monument Halifax qui rappelle à notre souvenir l’équipage d’un bombardier abattu en 1943.
Ça me rappelle mes années d’escadrille virtuelle vidéoludique où nous célébrions (toutes proportions gardées) par le jeu la mémoire de la 609th West Riding de la RAF où tant de Belges se sont illustrés pendant WWII.
Mais, ceci est une toute autre histoire.
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