Scale cards : 52 cartes d’atout ou gadget pour les gammes ?

Un jour je suivrai le précepte de « Ce n’est pas parce que ça ne coûte pas très cher qu’il faut l’acheter ! ». En attendant j’ai (encore) acheté pour quelques euros des petites cartes en couleur pour réviser des gammes. Je dis « des gammes » pas « les gammes » parce qu’en dehors de tout contexte théorique, l’exercice restera forcément un peu superficiel. Je n’ai pas la chance d’avoir ce fameux bagage théorique, alors je me contente d’en faire des échauffements et des idées de bouts d’impro ou une base pour des variations mélodiques. Un jour qui sait, le déclic viendra ?

SCALE CARDS « Essential scales for all guitarists »

SCALE CARDS "Essential scales for all guitarists" - antisèche pour gammes

SCALE CARDS « Essential scales for all guitarists » – antisèche pour gammes

La finition est vraiment bonne, la boite est solide et les cartes sont plastifiées. L’ensemble a l’air de pouvoir encaisser une utilisation réelle sans se dégrader trop vite. Avec 52 cartes, Scale cards couvre les gammes et arpeggios dont la fondamentale se trouve soit sur la corde de Mi grave, soit sur la corde de La. Dans la logique du système CAGED, connaître les notes des deux cordes les plus basses de la guitare permet de replacer de nombreux accords et leurs renversements.  Ce choix fait sens.

D’un côté de la carte on trouve le schéma de la gamme avec le doigté de la main gauche, de l’autre une tablature. Une description théorique sur l’usage de la gamme (en anglais), et une liste d’accords suggérés. Un peu comme l’accord mets-vin sur une bouteille ça reste succinct mais inspirant.

Les cartes mesurent 12 cm de long pour 5,5 cm de large. Il faudra soit faire un gros effort de lecture, soit un petit effort de mémoire, ce qui serait plutôt une bonne chose. De toute façon, je vois ce genre d’outils comme un pense-bête ou un copion (belg. pour « antisèche »).

SCALE CARDS "Essential scales for all guitarists"

SCALE CARDS « Essential scales for all guitarists »

Alors ces gammes, utile ou pas ?

Amusant, ou ludique comme on dit maintenant. Les cartes ne remplaceront pas une approche sérieuse de la théorie qui se cache derrière la musique. Mais pour faire joujou, s’échauffer et s’inspirer, elles feront très bien l’affaire. La finition impeccable et solide promet de longues heures de travail. Le format réduit, qu’on pourrait regretter, permet de les emmener partout. Je suis plutôt enthousiaste.

Allez, ça vaut bien un 7/10 sur mon échelle de piments.

Il existe de nombreuses variantes : accords, riffs de blues, riffs de jazz … Je les mets sur ma wish-list et j’en profite pour vous donner les liens et tester le programme partenaire d’Amazon … (je ne pense pas que je vais gagner ma vie avec ça. Mais ça m’intrigue de touher du bout des doigts ce pacte avec « le diable »).

 

Pro Tools 12, la course en avant, formule abonnement

Microsoft Office, Adobe Photoshop et maintenant Pro Tools ont basculé vers des formules d’abonnement qui deviennent incontournables. Si vous étiez du genre à sauter sur chaque nouvelle version, rien ne change. Vous allez peut-être même payer un peu moins. Mais pour des petits utilisateurs de ce genre de logiciels, c’était confortable d’acheter une licence puis de la traîner 5 à 7 ans sur une bonne vieille machine où elle tourne bien. C’était l’option financièrement intéressante. Mais ce temps semble révolu.

L’abonnement, une bonne affaire … pour le développeur

Du point de vue des développeurs, avoir un programme dans la nature et devoir en assurer le support quleques années sans gagner de l’argent après l’achat initial posait des problèmes. Dans le creux avant une nouvelle version, les finances pouvaient venir à manquer. Les nouveaux logiciels en développement coûtent en ressources et le support ne rapporte rien. Évidemment, c’est le prix de la réputation et de la fidélité. Les abonnements garantissent un flot d’argent plus régulier pour le développeur. 

L’argument vendeur est de bénéficier d’un programme de mise à jour constant. Pour les utilisateurs qui aimaient attendre que les nouvelles versions de Pro Tools terminent leurs maladies de jeunesse, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle. Et passer quelques versions avant de mettre à jour se verra frapper d’une « sanction financière » avec le rachat d’un plan de mise à jour.

Reste à voir si le support et l’apport de contenu frais justifieront la formule.

Partir c’est mourir un peu

Il y a bien sur d’autres logiciels très ressemblants et tout aussi puissants. Je me suis (un peu) habitué à Pro Tools. Réapprendre le peu que je sais me rebute un peu. J’aime bien les Eq et les compresseurs fournis de base et je commence à me sentir à l’aise avec le channel strip. Pour mes modestes besoins en pistes, il m’a toujours donné satisfaction, à part l’un ou l’autre moment où les erreurs DAE fleurissaient. Je me suis même habitué a ses défauts les plus énervants. Et je connais quelques personnes qui s’en servent à qui j’oserais poser des questions idiotes, si nécessaire.

Je serais bien resté avec mon Pro Tools 10 et ma Mbox 2 encore un moment. Mais je me sentais poussé dans le dos au niveau des plugins. Les dernières mises à jour et acquisitions ne fonctionnaient plus dans Pro Tools 10. Alors avant de franchir le pas, je m’offre un mois de test, puisqu’on peut s’abonner pour un mois seulement. J’avais des doutes sur la compatibilité de mon PC, de ma vieille carte son mbox 2 et de son sidekick de preampli et de mon Faderport de Presonus.

Installation

L’installation et la configuration sont … horribles. Heureusement je suis patient. Il a fallu traquer les moindres scories de mon ancienne version de Pro Tools jusque dans la base de registre pour que le 12 accepte de s’installer. Et dire que certains se plaignent de l’installateur de Waves ou d’IK multimedia ! Au démarrage, l’écran d’accueil ‘dashboard’ a  un nouveau look qui se cherche un peu, esthétiquement. Par contre le processus de démarrage m’a semblé plus fluide et plus rapide.

Avec mes modestes besoins, mon PC, ma vieille carte son mbox 2 et mon preampli ainsi que  de mon Faderport fonctionnent. Même plutôt bien, voire mieux qu’avant.

Premières impressions sur Pro Tools 12

Je suis encore en train de parcourir les nouveautés, mais j’ai déjà vu des petites choses qui me plaisent. Les indicateurs de niveaux ont enfin été retravaillés et sont plus paramétrables. Bonheur. Ce ne sont pas que des petits plus cosmétiques. C’est une véritable aide à la décision.

Lorsque de la compression est appliquée sur une piste, l’indicateur de niveau indique aussi la compression. La réduction de gain s’affiche avec une petite barre orange. Cette fonction existait déjà dans la version 11, je pense, mais je découvre. Il est possible également d’afficher la courbe d’égalisation dans la tranche de console virtuelle .Seulement avec plugins pour lesquels cette fonction est implémentée. C’est un bon moyen de se souvenir de ce qu’on a déjà appliqué comme correction.Tant l’affichage de la compression que de l’éq fait la somme des effets appliqués dans le rappel visuel. J’aime bien, ça me permet de voir où j’en suis tout en entendant ce qui ne va pas.

J’ai fait un peu joujou avec n’importe quoi pour vous montrer à quoi ça ressemble.

Pro Tools 12 : indicateurs de niveau améliorés

Pro Tools 12 : indicateurs de niveau améliorés

Il est possible maintenant de faire des presets de pistes, inserts et effets inclus. De quoi gagner beaucoup de temps. Pro Tools 2018 est fourni avec 630 presets d’origine … un preset « guitare acoustique » par exemple m’a ouvert une piste mono étiquetée, avec un channel strip préconfiguré. Impressionnant !

A suivre …

Pour que mon bonheur soit complet, j’aimerais que l’affichage de la courbe d’eq fonctionne avec tous les plugins. Avid a amélioré la concaténation de fragments d’enregistrement et Pro Tools 2018 permet de collaborer en ligne. Deux fonctions que j’ai hâte de découvrir, bien que je me demande avec qui je pourrais bien collaborer.

Cette nouvelle version m’a l’air plus fluide et plus légere sur le matériel que mon Pro Tools 10. Mais je me méfie de mes impressions, l’effet placebo existe aussi avec les achats de matériel de musique.

Avant de franchir le pas, je vais me livrer à quelques vrais tests avec un enregistrement complet. Mais je pense que je vais craquer ensuite définitivement et passer à Pro Tools 2018. 

La pire prestation des J.O. de Pyeongchang

Voilà un palmarès déjà connu. Les médias ont déjà décerné la médaille d’or de la pire prestation des jeux olympiques de Pyeongchang à Elizabeth Swaney une américaine représentant la Hongrie aux J.O. dans la compétition de ski freestyle half-pipe. Une prestation sans prise de risque et sans panache, à l’image de sa qualification. Elizabeth Swaney a assuré sa place dans les sites de buzz, les bêtisiers et autres sites dédiés au #fail de toutes sortes pour un moment. Si certains sportifs ont souri en soulignant l’aspect ouvert des jeux olympiques, d’autres athlètes étaient un peu crispés sur la question. 

On se souvient également du nageur originaire de Guinée-équatoriale dont la modeste prestation en solo aux J.O. de 2000 avait été fort remarquée. Mais la prestation du nageur tenait plus du manque de moyens que de la recherche systématique du plus petit commun dénominateur comme l’aura été la qualification de cette bien ambitieuse sportive.

Mais quel rapport avec la musique ? Avant de répondre, je vous invite à revoir les meilleurs moments de cette compétition … plutôt que les pires.

Sportifs et musiciens, même combats ?

La vie des musiciens professionnels, pour ce que j’en sais vu de loin, s’apparente pas mal à celle des sportifs de haut-niveau. Beaucoup de voyages entrecoupés de moment où il faut donner le meilleur de soi-même. Des moments de calme et de solitude alternant avec l’intensité de prestations publiques. Découvrir sans cesse de nouveaux endroits et des conditions inédites (modestement pour moi, la découverte d’une yourte). Les relations publiques, la promotion et les entraînements, qu’on appelle répétitions pour les musiciens. En essayant de ne pas penser au coup de fatigue, la maladie ou la blessure qui compromettraient un agenda millimétré.

Mais la crispation de certains athlètes des J.O. devant cette performance un peu surréaliste peut également être mise en regard du sentiment des musiciens qui font de leur mieux pour donner le meilleur d’eux-mêmes.  Ils voient consternés que des sites, y compris des sites musicaux, cèdent au click-bait (prononcez « click-bête ») de la pire reprise de …, ou de la chute d’un guitariste méconnu et complètement ivre dans la fosse d’orchestre. 

Popularité ou reconnaissance ?

Quelqu’un qui joue le thème de Pulp Fiction avec un mixer sur sa guitare atteint le demi million de vues. Je me dis que si je balançais 4 ukulele dans une bétonneuse pour jouir de leur bruyante destruction, je ferai sans doute un bref carton sur le net. Le tout pour un investissement d’une centaine d’euros et de quelques heures de mon temps. Une quinzaine d’euros par ukulele plus la location d’une bétonneuse pour quelques heures. Bien moins de temps et d’argent qu’il n’en faut pour pouvoir assurer un concert décent. On serait plus proche de la performance artistique que musicale, mais ça pourrait marcher. 

Le modèle économique des médias sociaux qui ne rémunère que la popularité n’arrange rien. L’approche télé-crochet de la musique qui recherche des stars séduisantes et populaires fausse le tableau. Quand certains osent affirmer sans sourciller à ces heures de grande audience où le prêt à penser tient boutique que les artistes le deviennent par le choix d’un plan B, après l’échec supposé de leur absorption par la masse laborieuse des gens qui ont un métier réputé honnête. Et si l’échec était plutôt le manque de place et de reconnaissance des métiers artistiques ?

Reste à savoir si on recherche la notoriété et la popularité ou une certaine reconnaissance.

La reconnaissance, ce miroir

La reconnaissance professionnelle ou le respect du statut social sont érodés de nos jours. La part belle est faite à la reconnaissance sociale. On est par ce qu’on est, pas parce qu’on est né ou par ce qu’on a réalisé.  L’ordre, la hiérarchie, les rituels honorifiques ont cédé la place à l’horizontalité de la société, l’autonomie et la réalisation personnelle. En chemin, les manifestations de reconnaissances ont perdu de leur sens. Les cérémonies de reconnaissance et de remise d’Awards et de statuettes sonnent un peu creux. On reverra la pire prestation des J.O. a maintes reprises. Je doute que les meilleurs jouissent cet honneur.

Paradoxalement une reconnaissance globale et indifférenciée sera ressentie comme une forme de mépris, voire de manipulation. Pire, l’attente exprimée d’un désir de reconnaissance sera contradictoire avec le désir d’autonomie et d’indépendance affiché. C’est sans doute une des raisons pour laquelle tant d’artistes refusent les prix qu’ils méritent pourtant amplement. Le refus de l’éloge devient souhaitable pour se sentir respectable. L’argent pourtant nécessaire pourrait même ternir la reconnaissance par la suspicion de compromission qu’il véhicule. 

Dans une société d’anonymes, le succès finalement a perdu son rôle de créateur d’identité. Dans un tel contexte, on valorise moins la prestation parfaite et régulière pour se focaliser naturellement sur la prestation anecdotique et remarquable. Et le reste ne serait que jalousie.

Mais bon, je m’égare un peu dans la philo à deux balles là …

Ok, mais en pratique, on fait quoi ?

On écoute des jolies choses simples faites avec le goût de la chose bien par de talentueux et lointains inconnus. On admire également les athlètes des J.O. qui ont bataillé ferme pour le droit d’affronter les meilleurs. Et on arrête de cliquer sur n’importe quel vidéo idiote qui entretient la médiocratie. On arrête aussi de regarder bétisiers, talk-shows crétins et florilèges du buzz qui entretiennent l’idiocracie.

N’oublions pas de bien choisir nos héros. Comme ces deux là, qui « ont l’air d’avoir bien bon » comme on dit chez nous. Je sais, je parle comme un vieux con. Je suis même un vieux con grippé qui regarde les J.O. dans fauteuil.

Peace.

Contes & guitare à la yourte – compte rendu

On avait rendez-vous cet après-midi pour un « contes & guitare » à la yourte de l’asbl du théâtre de l’être à Saint-Nicolas. Ca fait un moment qu’on a plus eu l’occasion de jouer dans cette formule avec mon ami Rumelin, le conteur. J’aime beaucoup ce concept parce que chaque « contes & guitare » est différent. 

C’était à gauche ?

Après un étrange gymkhana dans les rues de Saint-Nicolas fourvoyé par mon « G-P-Biesse » comme on dirait à Liège, j’aperçois du coin de l’oeil une petite pancarte blanche qui se balance au vent : « L’après-midi des rêveurs ». On est enfin arrivés. En suivant un petit sentier entre les jardins, nous arrivons à la yourte en contrebas. Visiblement c’est une yourte nature. (Oui, je ne me lasse jamais des jeux de mots vaseux.)

Contes & guitare à la yourte

Contes & guitare à la yourte

Ce qui me fascine avec les yourtes c’est qu’elles ont toujours l’air petites vue du dehors et puis beaucoup plus grande vue du dedans. Je passe brièvement par la maison de « DoroT » où je retrouve Christophe dit Rumelin attablé devant un beau poivron farci qui me fait regretter d’avoir mangé avant de quitter la maison. Je me contenterai d’un verre d’eau. On rejoint ensuite la yourte et j’installe le matériel. Ici, on se déchausse pour entrer. Matelas, coussins et fauteuils sont alignés le long de la paroi et le petit poêle trône au milieu, comme il se doit.

Passe moi le sel !

Aujourd’hui nous tournons sur les épices, le sel, les condiments, le café, le chocolat, le thé. A chaque conte répond un morceau de musique, assorti sans être redondant. Musique et conte vivent leur propre vie, et se déploient côte à côte.

Contes & guitare à la yourte

Contes & guitare à la yourte

Le spectacle débute par quelques morceaux de musique, le temps que tout le monde prenne place. Puis nous plongeons dans une atmosphère propice aux contes et à la rêverie avec mon morceau « Caravansérail ». Rumelin prend la suite avec un conte.

Contes & guitare à la yourte

Contes & guitare à la yourte

Impossible de ne pas penser à ma maman qui vient de nous quitter en jouant « Entre chien et loup ». La yourte a vraiment une belle acoustique feutrée et chaleureuse. J’aurais même pu jouer un chouïa moins fort. Il fait un peu chaud. Quand je pense que ma Lovely Roadie avait peur d’avoir froid, je me marre.

Pas de vidéo pour ce « contes & guitare »

On avait prévu de filmer, mais cette fois encore la caméra ne s’est pas montrée très coopérante. Dommage, l’ambiance était sympa, il me reste quelques secondes de-ci de-là. On filmera sans doute une autre fois. 

A la fin de la première partie, DoroT expose toutes les activités qui ont lieu à la yourte : spectacles, massages, conférences, le choix est vaste et varié et l’agenda bien rempli. Ca fait plaisir de voir qu’il existe encore des petits lieux motivés.

Après l’entracte où tartes et boissons sont proposés à prix modique au public, le spectacle reprend, encore une fois par quelques morceaux de musique. Le sel, puis le phényx … c’est toujours un plaisir d’écouter Rumelin nous emmener dans ses voyages de mots. Une audience réduite, bien installée dans un cadre confortable et chaleureux, le contexte est vraiment idéal. Je prends vraiment plaisir à sculpter les silences qui naissent après les notes de mes morceaux. 

Je suis presque surpris d’arriver au bout du programme établi. C’est encore une fois passé si vite. En rangeant le matériel, j’entends Rumelin qui débriefe avec quelques membres de l’assistance. Les retours ont l’air positifs. Moi en tout cas, j’ai passé un bon moment !

Vivement la prochaine !