Microsoft Office, Adobe Photoshop et maintenant Pro Tools ont basculé vers des formules d’abonnement qui deviennent incontournables. Si vous étiez du genre à sauter sur chaque nouvelle version, rien ne change. Vous allez peut-être même payer un peu moins. Mais pour des petits utilisateurs de ce genre de logiciels, c’était confortable d’acheter une licence puis de la traîner 5 à 7 ans sur une bonne vieille machine où elle tourne bien. C’était l’option financièrement intéressante. Mais ce temps semble révolu.
L’abonnement, une bonne affaire … pour le développeur
Du point de vue des développeurs, avoir un programme dans la nature et devoir en assurer le support quleques années sans gagner de l’argent après l’achat initial posait des problèmes. Dans le creux avant une nouvelle version, les finances pouvaient venir à manquer. Les nouveaux logiciels en développement coûtent en ressources et le support ne rapporte rien. Évidemment, c’est le prix de la réputation et de la fidélité. Les abonnements garantissent un flot d’argent plus régulier pour le développeur.
L’argument vendeur est de bénéficier d’un programme de mise à jour constant. Pour les utilisateurs qui aimaient attendre que les nouvelles versions de Pro Tools terminent leurs maladies de jeunesse, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle. Et passer quelques versions avant de mettre à jour se verra frapper d’une “sanction financière” avec le rachat d’un plan de mise à jour.
Reste à voir si le support et l’apport de contenu frais justifieront la formule.
Partir c’est mourir un peu
Il y a bien sur d’autres logiciels très ressemblants et tout aussi puissants. Je me suis (un peu) habitué à Pro Tools. Réapprendre le peu que je sais me rebute un peu. J’aime bien les Eq et les compresseurs fournis de base et je commence à me sentir à l’aise avec le channel strip. Pour mes modestes besoins en pistes, il m’a toujours donné satisfaction, à part l’un ou l’autre moment où les erreurs DAE fleurissaient. Je me suis même habitué a ses défauts les plus énervants. Et je connais quelques personnes qui s’en servent à qui j’oserais poser des questions idiotes, si nécessaire.
Je serais bien resté avec mon Pro Tools 10 et ma Mbox 2 encore un moment. Mais je me sentais poussé dans le dos au niveau des plugins. Les dernières mises à jour et acquisitions ne fonctionnaient plus dans Pro Tools 10. Alors avant de franchir le pas, je m’offre un mois de test, puisqu’on peut s’abonner pour un mois seulement. J’avais des doutes sur la compatibilité de mon PC, de ma vieille carte son mbox 2 et de son sidekick de preampli et de mon Faderport de Presonus.
Installation
L’installation et la configuration sont … horribles. Heureusement je suis patient. Il a fallu traquer les moindres scories de mon ancienne version de Pro Tools jusque dans la base de registre pour que le 12 accepte de s’installer. Et dire que certains se plaignent de l’installateur de Waves ou d’IK multimedia ! Au démarrage, l’écran d’accueil ‘dashboard’ a un nouveau look qui se cherche un peu, esthétiquement. Par contre le processus de démarrage m’a semblé plus fluide et plus rapide.
Avec mes modestes besoins, mon PC, ma vieille carte son mbox 2 et mon preampli ainsi que de mon Faderport fonctionnent. Même plutôt bien, voire mieux qu’avant.
Premières impressions sur Pro Tools 12
Je suis encore en train de parcourir les nouveautés, mais j’ai déjà vu des petites choses qui me plaisent. Les indicateurs de niveaux ont enfin été retravaillés et sont plus paramétrables. Bonheur. Ce ne sont pas que des petits plus cosmétiques. C’est une véritable aide à la décision.
Lorsque de la compression est appliquée sur une piste, l’indicateur de niveau indique aussi la compression. La réduction de gain s’affiche avec une petite barre orange. Cette fonction existait déjà dans la version 11, je pense, mais je découvre. Il est possible également d’afficher la courbe d’égalisation dans la tranche de console virtuelle .Seulement avec plugins pour lesquels cette fonction est implémentée. C’est un bon moyen de se souvenir de ce qu’on a déjà appliqué comme correction.Tant l’affichage de la compression que de l’éq fait la somme des effets appliqués dans le rappel visuel. J’aime bien, ça me permet de voir où j’en suis tout en entendant ce qui ne va pas.
J’ai fait un peu joujou avec n’importe quoi pour vous montrer à quoi ça ressemble.
Il est possible maintenant de faire des presets de pistes, inserts et effets inclus. De quoi gagner beaucoup de temps. Pro Tools 2018 est fourni avec 630 presets d’origine … un preset “guitare acoustique” par exemple m’a ouvert une piste mono étiquetée, avec un channel strip préconfiguré. Impressionnant !
A suivre …
Pour que mon bonheur soit complet, j’aimerais que l’affichage de la courbe d’eq fonctionne avec tous les plugins. Avid a amélioré la concaténation de fragments d’enregistrement et Pro Tools 2018 permet de collaborer en ligne. Deux fonctions que j’ai hâte de découvrir, bien que je me demande avec qui je pourrais bien collaborer.
Cette nouvelle version m’a l’air plus fluide et plus légere sur le matériel que mon Pro Tools 10. Mais je me méfie de mes impressions, l’effet placebo existe aussi avec les achats de matériel de musique.
Avant de franchir le pas, je vais me livrer à quelques vrais tests avec un enregistrement complet. Mais je pense que je vais craquer ensuite définitivement et passer à Pro Tools 2018.