Un magnifique concert et 20 sec. de vidéo pourrie

Dernièrement j’ai suivi – et mis imprudemment les doigts – dans un petit tweetclash entre la chanteuse Maurane et une (ex-?-)fan qui ne comprenait pas en quoi le fait de photographier et filmer un concert pouvait être gênant pour l’artiste et le public.

Smartphone-concert

En surfant un peu le net sur le sujet, la position de bon nombre d’artistes pourrait se résumer comme suit : pour permettre à tous la meilleure immersion possible dans l’expérience musicale d’un soir et par respect pour les personnes derrière vous et les artistes devant vous, ne vivez pas le concert à travers l’écran de votre smartphone.

C’est étonnant de constater la distance que les gens installent volontairement entre leur regard et le moment présent, bien qu’ils aient payé parfois cher le droit de vivre ce moment privilégié. Ils ont payé pour vivre un moment unique et éphémère, comme on paye pour voir un tableau d’un grand-maître, ça ne donne pas le droit de gratter le vernis du bout de l’ongle. Comment, filmer et photographier ne feraient pas de dégâts ? Détrompez-vous !

Personnellement, je me souviens d’un concert de Jacques Stotzem où les rafles d’un déclencheur peu discret d’un « paparazzi » du premier rang m’empêchaient d’apprécier les balades dans un théâtre au son exceptionnel. A Eurodisney, un imbécile filmait le son et lumière avec son iPad  tenu à bout de bras. La petite led de sa tablette, ridiculement inutile a plus de 60 mètres du sujet filmé, éclairait le dos des personnes devant lui d’une lumière crue, ruinant le moment pour une bonne dizaine de personnes au minimum.

Il fut une époque où des petit futés se scotchaient un enregistreur sur le mollet pour enregistrer les concerts sous le manteau et  revendre des cassettes sous le manteau également. Ces jours où la musique était une denrée rare, où les albums sortaient au compte-goutte, sont révolus. Plus personne ne paierait pour un enregistrement sous le manteau, quand les gens ne sont même pas disposés à acheter la version studio d’une chanson ou un bon enregistrement live.

Un concert est un moment éphémère par nature. Nous sommes en train de perdre cette notion du moment unique qui ne reviendra jamais, un moment de communion entre ceux qui avaient la chance d’être là. Les vidéos, et dans une moindre mesure les photos, détruisent cette intimité précieuse avec l’artiste et donnent une vision déformée, floue et de mauvaise qualité à ceux qui n’étaient pas présents à cet instant. Quant à ceux qui photographient et filment, leur esprit reste focalisé vers l’extérieur, pas sur la jouissance du moment.

Si encore l’image était de bonne qualité … mais vous avez raté un moment de partage avec l’artiste, ruiné le show des gens derrière vous, juste pour une minute de vidéo tremblante et floue au son douteux. Une vidéo que 20 personnes viendront regarder là où la publierez, à moins que l’artiste ne dérape sur une peau de banane et se casse la jambe sous vos yeux ravis d’avoir saisi un moment unique (oubliant que le vrai moment unique était le concert). Au bout de quelques heures, votre vidéo sombrera ensuite dans l’indifférence numérique, mais jamais dans l’oubli. Si vous êtes fan, pensez-vous rendre service à l’artiste que vous aimez ?

Imaginez qu’un ami vous raconte un concert mémorable et que vous êtes envieux. Imaginez maintenant assister à ce concert sur l’écran d’un smartphone … ce sera sans aucun doute beaucoup moins convaincant et ne rendra pas justice au récit enflammé qu’il vous en faisait. La chose remarquable avec l’humain est que sa mémoire est faillible. Nos souvenirs sont amplifiés, embellis et nous transforment. Nous digérons nos expériences et elles deviennent uniques pour nous. Les photos et vidéos nous empêchent de faire ce travail de sublimation du moment en émotions durables. Au pire quelqu’un d’autre mieux placé et mieux équipé que vous aura filmé et une petite recherche Google suffira.

Ce que vous filmez ne ressemble à rien, et n’intéresse finalement pas grand-monde. Vous vous privez du contact avec l’artiste et privez celui-ci d’un moment d’émotion avec vous. Et pour finir d’enfoncer le clou, c’est du vol pur et simple. Le contenu musical et l’image des artistes relèvent du droit d’auteur et ne peuvent pas être reproduit sans autorisation, surtout de d’une façon aussi techniquement médiocre.

Les artistes de leur côté sont sensibles à cette attente du public et ils travaillent pour vous offrir du contenu de qualité maîtrisé. Offrir est à prendre au sens littéral car ce travail de promotion n’est par directement rémunéré. Nourrir et mettre en appétit les fans en garantissant la meilleure expérience possible est un travail précis qui nécessite le contrôle de l’image  depuis l’avant de la scène ou derrière votre écran d’ordinateur. Ceci explique la déception et la colère des artistes et de leurs équipes par rapport à tout ce qui peut se retrouver sur le net.

Personnellement, les photos et les vidéos prises lors de mes concerts ne me dérangent pas, et je les récupère en général pour les intégrer à mes comptes rendus. Mais il y a un monde de différence entre quelques photos prises et un mitraillage incessant ou des Smartphones tenus à bout de bras toute la durée du concert, que je n’ai évidemment pas encore vécus. Je pense à un ami qui avait pour seule vidéo disponible d’un bon concert, un bref et embarrassant moment où les dieux du son les avaient abandonné. Pourquoi partager ce moment ? Est-ce vraiment tout ce que les gens retiendront de ce concert ?

Au concert de Robbie Williams, le CD du concert du jour était en vente une demi heure à peine après la fin du concert. Un joli tour de force technique et commercial.

Pourquoi ne pas limiter les photos au premier quart d’heure, comme dans certaines conférences de presse ?

Mais de toute manière, au resto, au concert, voire en vacances … si notre Smartphone restait un peu plus longtemps dans notre poche ?

Que sera le futur ? Deux tendances cohabitent. Des applications, comme Periscope, permettent le livestream d’événements ou de moments. C’est une direction future possible, où nous vivrons les concerts par les yeux de ceux qui pourront se payer les places. D’autre part, des applications comme Snapchat renouent avec l’aspect éphémère qui donne de la valeur et du sens au moment en lui permettant de devenir un souvenir.

L’évolution du marché musical le démontre à souhait, la technologie est plus puissante que l’art de nos jours et le combat semble perdu d’avance. Mais prendre conscience de nos actions et de leurs implications n’est jamais inutile. 

Note: de manière assez ironique, j’ai rédigé ce billet sur mon Smartphone, dans le train. C’est dire si je n’ai rien contre la technologie et son ubiquité.

Du coq à l’âne … à l’Arche d’Aywaille (Contes & Guitare)

J’aime beaucoup écrire les comptes-rendus de mes concerts, mais parfois il n’y a pas grand-chose à raconter. Paradoxalement, ce sont les meilleures dates, celles où tout s’est bien passé. 

Pour une fois, il n’y aura pas de piscine en famille le samedi matin, pour bosser mon papillon. Je suis pris par les préparatifs pour un spectacle Contes & Guitare à l’Arche d’Aywaille. Ce n’est pas toujours facile de combiner mes trois vies différentes. Un boulot qui n’est pas qu’alimentaire, une famille à nourrir de ma présence et une vie de musicien qu’une amie me reprochait de ne faire qu’à « mes heures perdues » … mais que je vois comme des heures gagnées et précieuses.

L’Arche est un lieu de vie dans un cadre familial pour les personnes adultes ayant un handicap mental. Ils fêtent leurs 40 ans d’existence cette année et inaugurent des nouveaux locaux.

Avec Rumelin, nous avons erré un peu dans Aywaille avant de trouver notre destination en raison du classique malentendu du « siège administratif » qui n’est pas l’endroit où la fête se passe. Heureusement, je prévois toujours un peu de marge pour le trajet.

En arrivant sur place, un des bénévoles du centre nous ouvre un accès pour décharger juste à côté du chapiteau qui accueillera notre spectacle, quel bonheur. Je découvre un petit chapiteau nickel, joliment décoré et accueillant, avec une vraie scène … et une sono. Ils ont bien fait les choses.

Contes & Guitare à l'Arche (Aywaille)

Contes & Guitare à l’Arche (Aywaille)

Après un moment d’hésitation, nous décidons d’utiliser le matériel présent sur place, micros compris. On pourra plus facilement et rapidement libérer la scène pour le magicien qui nous suivra sur scène. Il aura besoin de temps et de pas mal d’espace pour s’installer avec son assistante.

Un micro sans-fil pour le conteur, un pied pour moi, et deux lignes directes pour mes instruments. La responsable sur place nous aide pour un rapide soundcheck, l’avantage d’un chapiteau est qu’il n’y a pas de fréquences statiques dans les basses ou le médium, il s’agit surtout de trouver la bonne balance entre le son des voix et des instruments.

Soundcheck terminé (l'Arche- Aywaille)

Contes & Guitare : soundcheck terminé (l’Arche- Aywaille)

Reste à ranger ma nouvelle sono dans la voiture, elle ne servira pas aujourd’hui … j’avoue que l’idée de la laisser dans ma voiture au bord d’une route me réjouit modérément, mais là aussi les gens de de l’Arche se montrent compréhensifs et efficaces et me libèrent une place de parking juste en face et à vue du chapiteau.

Notre spectacle du jour ira du « coq à l’âne » et un Rumelin en forme nous narre les aventures et mésaventures d’animaux sur le chemin de leur destin pour devenir musicien. Une interprétation très libre et sans parachute des musiciens de Brème des frères Grimm, entrecoupée de chansons et de musique avec la participation enthousiaste du public.

C’est un vrai plaisir de jouer dans d’aussi bonnes conditions ! 

Je regrette de ne pas avoir ma Lovely Roadie avec moi pour filmer et prendre des photos.

En sortie de scène nous recevons quelques félicitations, c’est bon signe, bien que je garde à l’esprit que les mécontents viennent rarement se plaindre et qu’il y a toujours moyen d’améliorer des détails.

Apparemment quelques personnes sont arrivées à la fin du spectacle et regrettent d’en avoir raté le début … ils pourront se consoler avec la suite des animations, magiciens et autres musiciens vont se succéder sur ces planches toute l’après-midi.

Le temps de manger un bout, de boire un coup (ou deux) et il est temps de rentrer à la maison, débriefer notre prestation puis déposer le conteur et décharger le matériel pour enfiler la casquette du Papa et d’emmener la famille au barbecue de la piscine.

Le prochain concert est déjà mardi …  puis samedi …  et puis …

Shopping : un capodastre pour mon ukulélé

Shubb ukulele capo

Shubb ukulele capo

Le capodastre, ou capo, est un petit assistant à avoir dans son sac. Pour faire court, il sert à transposer un morceau sans changer les doigtés d’accords.

Que ce soit pour la guitare ou le ukulélé, le principe de fonctionnement d’un capodastre est relativement simple : il pince le manche de l’instrument pour raccourcir les cordes.

C’est un moyen simple de faire correspondre ce que vous jouez avec la tonalité nécessaire pour un chanteur ou un autre instrumentiste. Il vient à point quand on utilise pas mal d’enrichissements d’accords, voire des parties instrumentales arrangées qu’on ne souhaite pas ré-arranger dans une autre tonalité. Les puristes diront qu’on peut tout réarranger, mais quand on connaît un peu la guitare, certaines choses sont plus fluides dans des doigtés bien définis (cf. la vidéo en exemple en dessous ce l’article). C’est tout de même  plus facile d’utiliser un capo que de changer de chanteur ou de lui faire prendre des hormones pour le faire changer de tessiture.

Une utilisation moins connue pour le capodastre est qu’il peut servir à maintenir les cordes d’une guitare pendant qu’on travaille sur des frettes, ou au niveau de la rosace ou du chevalet.

Au niveau des inconvénients de cet outil, on peut citer que l’accordage et le son de l’instrument peuvent être altérés, il peut laisser des marques sur le bois de l’instrument et il rend paresseux en ce qui concerne la transposition.

Je me trouve justement dans une situation ou je dois accompagner une chanteuse qui est une adepte du capo sur sa guitare. Vu qu’il s’agit d’un plan occasionnel, je souhaite l’accompagner au ukulélé sans devoir jouer tout un morceau avec des barrés de C# toutes les deux mesures.

Différents systèmes de fixation existent : élastiques, pinces à ressort, crémaillères, pinces à visser, ainsi que toutes sortes d’innovations révolutionnaires qui vont et viennent au gré des modes. J’ai fait une croix depuis de longues années sur les modèles à élastiques ou à crémaillères qui, de mon expérience, finissent par marquer le vernis du manche et dont la tension ne se règle généralement qu’entre « beaucoup trop serré », et « pas assez serré ». Ils sont encombrants et une plaie à manipuler à une seule main. Quand il faut changer rapidement de tonalité entre deux chansons, la manipulation doit être rapide et précise.

L’offre n’est pas très grande pour les ukulélés.

Mon attention a été attirée par un modèle chez Kyser, que je trouve un peu encombrant à mon goût, même s’il est un des plus rapides à placer d’une seule main. Il permet même de changer de tonalité en cours de morceau, mais même visuellement je le trouve trop présent. Un autre candidat possible était le G7th ukulele/banjo capo, dont j’apprécie le design high-tech, mais que je trouvais un peu cher. Je dois reconnaître qu’il y a une part de subjectivité dans ce genre de choix, indéniablement.

G7th - Shubb - Kyser ukulélé capo

G7th – Shubb – Kyser ukulélé capo

Je me suis rapidement orienté vers une référence du genre, que je connais pour la guitare, le Shubb. Son mécanisme de fermeture ingénieux se propose de pincer le manche sans déplacement latéral des cordes, ce qui garantit à l’instrument de rester accordé.

Shubb ukulele capo

Shubb ukulele capo

Grâce à une petite vis, la pression exercée sur les cordes est réglable avec précision, suivant la règle « autant que nécessaire, aussi peu que possible ». Des matériaux qualitatifs, une finition irréprochable et un fonctionnement prévisible et fiable, je ne demande que ça.

Shubb ukulele capo

Shubb ukulele capo

J’ai opté pour le modèle en laiton qui est un peu plus lourd et qui convient aux instruments à long diapason, comme les ukulélés ténors. Il existe en version light qui conviendra mieux aux petits instruments … et pour finir de plaire à tout le monde, il existe en différentes couleurs …  et les pièces synthétiques peuvent être remplacées et sont disponibles, ce qui est un gage de durabilité.

Shubb ukulele capo - couleurs

Shubb ukulele capo – couleurs

Ça peut sembler un détail pour vous, mais comme le fait remarquer Tommy Emmanuel dans une vidéo « une fois sur scène, vous êtes seul, tous ces détails sont votre univers tout entier, et tout doit être aussi parfait que possible ».

Et en pratique, ça donne ceci :

Ma guitare et vous … et DBTH !

Guest chez DBTH

Guest chez DBTH

Youhou ! Le premier billet de ma collaboration avec le blog DBTH (Don’t believe the Hype – http://blog.dbth.fr/) est paru.

Il s’agit d’une republication de mon test de la sono Yamaha Stagepass 400i … je compte publier et republier régulièrement des billets sur ce site consacré à la musique et aux artistes … dont je vous recommande évidemment chaudement la lecture.

Cette collaboration fait suite à une formation de deux jours avec Virginie Berger, qui a amené un relooking de mon site et de ma communication via les réseaux sociaux. Nous avons continué à échanger sur divers sujets (via son compte Twitter @Virberg en particulier) après la formation. Elle m’a invité à officier comme auteur invité occasionnel sur son blog, une proposition qui ne se refuse pas.

Cela impliquera pour moi de repenser ma façon d’écrire certains billets, plus ouverts, moins belgo-centristes.

Challenge accepted !