Qu’on me donne l’envie … (village de Noël 2018)

Ce soir c’est notre traditionnelle sortie « sur » le village de Noël de Liège.
Le programme : un showcase de 45 minutes de musique (en échange d’un vin chaud) puis la tournée des diverses aubettes pour manger et boire. Vin blanc, saumon, huitres, toast aux champignons, fromage fondu et cochonailles. Ca fait un moment que j’en ai envie.

Pétronille, nous voilà !

Ce soir j’ai rendez-vous avec Pétronille, la jeune fille qui gère le plateau d’artistes du village de Noël. Liège a le plus grand Marché de Noël d’Europe (peut-être aussi l’un des plus moches) et cette année Liège est également capitale européenne de Noël. Combiné avec son statut de capitale européenne de la mobilité mal-foutue cela rend la circulation au centre ville très ardue, presque impossible. Beaucoup de gens se sont laissés surprendre par le fait que cette année exceptionnellement, Noël tombe le 24 et se lancent dans une course aux cadeaux de dernière minute.

Comme d’autres années, je n’ai guère envie de passer mon temps au volant dans un interminable embouteillage. On prendra le bus. Pourtant au fil des ans l’accueil des artistes s’améliore et cette année il y a même une place de parking dédiée au déchargement du matériel. Bel effort, mais je vais quand même venir en bus. Je voyage léger : une guitare, une pédale de réverb, un accordeur, une DI, les câbles et un micro au cas où.

Lutte sociale et bagarre !

L’horaire du bus était presque parfait. Hélas, une action « escargot » de gilets jaunes nous fera perdre la petite réserve de temps que j’avais prévu pour le soundcheck. Ils marchent au pas en occupant la route. Un petit texto pour prévenir du retard, je n’ai pas envie de donner l’impression d’être de ceux qui s’en fichent d’être en retard.

En arrivant sur le marché, un cuistre éméché me donne une grande bourrade dans le dos qui me fait faire un grand pas en avant. En essayant de se faufiler dans la foule, il s’est heurté contre le coffre de guitare pendu dans mon dos. Je pourrais prendre le temps de lui expliquer que si je l’ai soi-disant « bousculé » alors qu’il arrive derrière moi c’est uniquement parce qu’il a essayé de forcer le passage contre plus dur et lourd que lui. Mais bon, je murmure un « désolé » pas très convaincu et je m’éloigne sur un fond de « Désolé, désolé, c’est facile d’être désolé ».

Soundcheck, quel soundcheck ?

Le soundcheck est évidemment sommaire. Un doigt vers l’oreille et une moue interrogative pour dire que je n’ai pas de son. Un doigt vers la guitare, la même moue interrogative pour dire que je n’ai pas de son. Idem pour le micro. Le moniteur pointé du doigt et un geste vers le haut pour plus de retour. Pouce en l’air pour ok Petit coup d’oeil vers les complices dans l’assistance, ils me font un pouce en l’air. On m’entend. Le son existe.

J’ai retiré mes pédales de mon pedalboard, en laissant les velcros dessus. C’est bien pratique, elles s’accrochent au tapis sur la scène. C’est un pedalboard de trois mètres sur trois. Je me marre tout seul. Le matériel s’est amélioré, le micro est propre et neuf, le mien restera dans le sac.

C’est parti … mais qui sont ces gens ?

Village de Noël 2018
Village de Noël 2018

Cette année, l’espace devant la scène est noir de monde. Hélas, ce n’est pas une vraiment une bonne nouvelle. Plus tard dans le programme il y a un groupe de chant ou de danse de jeunes. Ils sont venus en famille et se sont agglutinés à la scène. Très exactement, ils sont dos à la scène. Je dois me frayer un chemin pour atteindre l’escalier. Les amis qui sont venus m’écouter forment un second rang derrière cette barrière de gens. Merci les amis ! C’est une sensation étrange que d’être séparé de son public par une foule anonyme et complètement indifférente. Impossible de circuler devant la scène et je n’ai même pas le plaisir d’accrocher l’un ou l’autre passant avec quelques notes.

Village de Noël 2018
Village de Noël 2018 – que de monde !

Qu’on me donne l’envie …

J’avais prévu de jouer un peu plus longtemps, mais je décide rapidement de sucrer les morceaux les plus délicats de mon répertoire. Il n’y a pas de place pour la dentelle. Pour me donner l’envie, je m’accroche aux sourires et aux regards des amis. Pour une fois, ce n’est pas le froid qui me décourage, mais la froideur de l’assistance qui me coupe l’envie. Je m’entends à peine face au bruit blanc de leurs bavardages. On entend tout depuis la scène « Tu bougeras ton chewing-gum, hein ! » – « Dis t’as sali tes baskets ! » …

Village de Noël 2018
Village de Noël 2018 – en solo

Bah, ce n’était pas si mal. Heureusement quelques commentaires bienveillants y compris d’anonymes en sortie de scène me remontent le moral pour la seconde partie de la soirée : boire et manger ! C’est un chouette moment de retrouvailles avec les amis.

Village de Noël 2018
Village de Noël 2018 – voir mes amis, ma vraie envie du jour

Le détour du retour

Cette année je rentrer tôt et sobre, tout fout le camp ! Ce soir le Standard de Liège jouait. En toute logique (?) les bus sont détournés et les arrêts supprimés. Comme si personne n’habitait dans les quartiers entre le centre-ville et le stade. Alors pour des raisons de sécurité (sic) on est déposé au stade, au pied d’une voie rapide qu’il faut traverser sans aucun passage pour piétons. Bien joué la mobilité encore !

Rendez-vous l’année prochaine ?

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