Pourquoi les musiciens n’ont-ils pas le droit de (pas trop mal) gagner leur vie ?

Photo : Play On 911 (Wikipedia)

Photo : Play On 911 (Wikipedia)

Un article crée la polémique en publiant que Zaz aurait facturé 40.000 € un concert privé de 30 minutes devant 600 personnes. Franchement, à mes yeux c’est la tempête dans un verre d’eau.

Pour quelqu’un qui chante que « votre argent ne fera pas mon bonheur », certains se disent outrés. Si elle a chanté que l’argent ne faisait pas le bonheur, ça ne signifie nullement qu’il ne lui en faut pas, ou qu’elle n’en veut pas, elle dit surtout que ce n’est pas ça qui la rendra heureuse. Ce qu’elle aime sans doute, c’est faire une prestation de qualité, et ça, ça se paie …

Qu’on aime pas Zaz et qu’on trouve que c’est cher payé pour se faire casser les oreilles est un pur jugement subjectif. Personne n’a le monopole du bon goût, et la vraie question n’est pas là, même si il est bien vu de casser du Zaz ces temps-ci.

Avant toute chose, ce sont des fonds privés, et selon la loi de l’offre (son spectacle) et de la demande (un événement privé), qui trouverait à y redire ? C’est nettement plus dérangeant quand c’est un spectacle destiné au grand public avec des billets à des tarifs exorbitants ou quand le CPAS de Charleroi soutient le spectacle d’un humoriste à hauteur de 15000 €, car il s’agit de fonds public. L’intéressé dément être impliqué dans la manière dont les choses se sont déroulées.

Remettons les chiffres en perspective, cela représente un coût d’environ 66 € par personne, rien d’exorbitant par rapport à un menu traiteur de fête tel que certaines entreprises offrent à leurs employés, avec les frais d’une salle louée pour la circonstance.

Compte tenu du type de rentrées, après taxation, il doit rester environ 50% de la somme initiale, soit 20.000€ hors-frais. Il y a une équipe derrière qu’il faut transporter et payer, je doute que l’entièreté du cachet aille dans sa poche, Zaz n’est pas un petit entertainer qui vient avec sa gratte et son ampli faire deux heures de covers sur des accompagnements préparés en midi.

La plupart de ces artistes ont une promotion très coûteuse à la sortie d’un album, et les concerts et autres représentations visent surtout dans un premier temps à rembourser les frais engagés pour être le parfum du mois et la tête qui dépasse dans le paysage audiovisuel.

La musique est un travail à plein temps, la promotion est un autre travail à plein temps, et ces gens ne comptent pas leurs heures de préparations et ne touchent pas leur chèque à la fin de mois. Les Rollings Stones ont du s’expliquer pour les prix des billets de leurs concerts, allant jusqu’à 500 €. La mise en place, les répétitions, le matériel … tout ça représente un coût.

Pour comparer, les tarifs des conférenciers vont de 2000 à 7 500 euros pour un spécialiste politique, un écrivain ou un économiste, et jusqu’à 15 000 euros pour une personnalité connue des médias. Les anciens chef d’états sont également de bonnes gagneuses. Pour un Gorbatchev, ex-chef de l’Union Soviétique comptez 60 000 € en moyenne. Sa conférence donnée à Liège aurait été facturée 100 000 dollars, soit 400 euros la minute. Un ancien chancelier allemand coûte 50 000 €, un ancien Premier ministre espagnol environ  40 000 €, un ex-président des Etats-Unis prend 150 000 €. Tony Blair, ancien Premier ministre anglais coûte soit 20 000 à 2 000 dollars la minute. Et les chantres de la décroissance, les conférenciers de la pauvreté volontaire et de l’altermondialisation ne sont pas en reste question tarifs.

Mais les questions essentielles à mes yeux restent : pourquoi les artistes ont l’argent honteux, et doivent toujours être aux abois ? Pourquoi n’ont ils pas le droit au succès artistique et financier ? Il n’y a pas d’ascenseurs dans ce monde là et encore moins de parachutes dorés quand on rate la marche.

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