Trois rendez-vous musicaux sur la même journée, ça ne m’arrive pas souvent. Je me demande même si ça m’est déjà arrivé. Pour le Musik Marathon d’Eupen, organisé par Sunergia, J’ai un premier set à 14h45 à la Gosperstrasse, au numéro 30, le second au Marktplatz à 16h15 et pour finir une interview et deux morceaux en live avec interview à la BRF.
Je suis tombé sur ce « plan » par un navetteur que je croise régulièrement dans le train pour Bruxelles. On a parlé guitare, puis le bouche-à-oreille et quelques échanges de mails, et j’étais booké. Ce festival est visiblement une machine bien rodée, et le professionnalisme de mes interlocuteurs est très agréable. Tout est clair.
Premier set à Eupen, je suis à la rue !
Il faudra que je me souvienne pour une prochaine fois que ce n’est pas parce qu’il y a un marché sur une place à Eupen que c’est forcément la place du marché. Du coup je me suis garé un peu trop loin. Je pars à pied avec ma Lovely Roadie, la guitare et la sono. J’ai rendez-vous avec Rebecca (que j’ai envie d’appeler Sandra) qui sera mon « officier de liaison » avec l »organisation. Mon premier set a lieu sous l’auvent en béton d’un magasin de fleurs. Pendant qu’un des techniciens bricole les câbles pour me fournir du courant, on équilibre les pieds d’enceintes pour ne pas qu’elles basculent sur le trottoir en pente. Coordination avec les techniciens, bouteilles d’eau, cales en bois pour équilibrer la sono, Rebecca est sympa et très efficace.
Pendant ce temps, ma Lovely Roadie rapproche la voiture dans la zone de parking. Oui, il y a même des places réservées pour les artistes ! Quel bonheur.
Dans ces conditions, ça se passe bien, le set commence sous une légère éclaircie. La lèvre en béton de la devanture me renvoie un peu de son ce qui brouille un peu l’écoute du retour, mais ça reste gérable.
C’est parti !
Actuellement, je joue un carré de quatre morceaux en début de set : « Have a Beer » un morceau acoustic-rock énergique pour occuper l’espace et le temps, « 404 Rag » plus dans la veine picking traditionnel, « Boys don’t cry » un arrangement d’un succès de The Cure pour jouer un « truc connu » et enfin « Entre chien et Loup » un morceau avec une ambiance plus calme. Avec ces 4 morceaux je brosse une sorte de panorama cohérent mais varié de mon univers musical.
Il pleut légèrement sur Eupen à la fin du set, mais pas de quoi décourager le public qui m’écoute attentivement, même pour les morceaux plus calmes. Des vieilles connaissances viennent me saluer, mais comment reconnaître un camarade de classe qu’on n’a plus vu depuis au moins 30 ans ! J’aimerais savoir ce qu’ils deviennent, mais je dois démonter pour aller jouer ailleurs après un petit trajet à pied vers la (vraie) place du marché.
J’aimerais dire « après moi le déluge », mais ce fut pendant, pas après
Le groupe qui jouait avant moi n’a pas encore tout à fait vidé la scène, mais rien de bien grave. Le montage est plus rapide que la première fois maintenant que le plan de scène est défini. Grande joie et petit trac supplémentaire, le spécialiste belge de la guitare acoustique fingerpicking, Jacques Stotzem et son épouse son venus assister au concert.
Jouer devant son maître et ami, ce n’est pas rien. Un autre endroit, mais une même setlist, pour des questions d’efficacité. Tout est monté et réglé, le son est bon, on est parti. Le petit stress supplémentaire est bon à prendre, je me sens rempli d’une bonne énergie. Ça joue. Je suis bien. J’ai même une très très jeune fan qui a l’air fascinée par la guitare.
Vers le dernier tiers du set, le ciel nous tombe sur la tête. Un déluge biblique s’abat sur Eupen. Au début la tente sous laquelle je joue tient bon. Le public s’est réfugié contre les façades des maisons en face et continue à me soutenir courageusement. Mais l’eau se met à dévaler le trottoir menaçant de noyer mes pédales d’effet. Je les pousse du pied pour les mettre à l’abri. Je demande à ma Roadie de jeter mon manteau sur la table de mixage pour la préserver des gouttes. Mais quand des grosses gouttes ont commencé à percer le tissu de la toile de tente, je dois bien me résoudre à jeter l’éponge (!) une dizaine de minutes avant la fin du set.
Je remballe le matériel « dans son jus », littéralement.
C’est le bon moment pour boire un verre avec les amis, mais les bars sont pris d’assaut. C’est presque impossible d’entrer. Finalement, la pluie ayant diminué on se pose sous une tonnelle en terrasse en retirant les coussins mouillés des chaises. J’ai un œil sur mon verre, un autre sur la montre pour ne pas rater le dernier rendez-vous de la journée.
Premier live en radio pour moi
Le programme pour terminer : un morceau live, une interview (en allemand !) et un second morceau en live pour conclure. Pour moi, c’est une première de passer en live, guitare à la main à la radio (hormis la diffusion d’un concert sur une radio locale). J’ai déjà eu le plaisir d’être interviewé par la BRF et d’être reçu sur 48FM pour annoncer des concerts.
L’accueil à la BRF est sympa. Ils ont réussi à créer un espace chaleureux et calme au milieu du festival. Un tapis au sol et un fauteuil confortable au fond pour recevoir les invités. Petit soundcheck en vitesse et réglage du retour.
Le flash info, un décrochage en live vers une autre scène et puis c’est à moi. Pour mon plus grand plaisir je recroise Katt, une des animatrices de la BRF dont nous avions fait la connaissance lors de notre voyage de noce. Le monde est petit, mais le temps passe vite, sept ans déjà ! Elle s’occupe du live sur Facebook pendant le festival.
Deux morceaux séparés par une interview
Je commence par « Have a Beer » histoire d’envoyer la patate sur les ondes. Ce que je n’avais pas prévu c’est que le public eupenois allait entrer dans la tente pour m’écouter jouer. Du coup, avec le tapis et la toile qui absorbent le son, mon retour est un peu faible, mais ça va aller. Et, contrairement à un chanteur, je n’ai pas de main libre pour faire signe qu’on m’augmente mon retour.
A peine la dernière note jouée, le présentateur me tend son micro et la première question fuse. L’exercice est un petit défi, surtout en allemand, mais je pense m’en sortir. Je me rends compte en m’écoutant le lendemain qu’en voulant faire « des phrases à propos de la musique et de la poésie », je me suis emmêlé les pinceaux un bref instant. La prochaine fois, K.I.S.S. (Keep It Simple Stupid).
Je termine avec « Entre Chien et Loup » pour donner un aperçu d’une autre facette plus calme de mon répertoire aux auditeurs. Dernière note, regard vers l’animateur qui enchaîne. Fini. On débriefe autour d’une bière, j’ai fait le plein de photos et de vidéos. Et un live en plus, c’est tout bon pour la promo !
L’after
L’adrénaline retombe, et j’ai un grand coup de pompe. On se « requinque » en mangeant une « crasse » comme on dit à Liège. Ce sera un très bon effiloché de porc sauce bbq fumée avec des rösti. On mangera sainement un autre jour. J’aurais aimé aller retrouver Jacques et son épouse pour (re)boire un verre, mais il est temps de rentrer pour libérer notre « ado-sitter ».
Je quitte Eupen avec le sentiment du devoir accompli et un petit regret de ne pas avoir pu finir mon set complet à cause de la pluie battante. La journée n’est pas terminée : il reste à déballer le matériel pour le sécher. Je passe tous mes câbles dans un essuie, et je les checke vite fait au testeur.
Ensuite je vérifie mes pédales d’effet qui ont pris un bain. Avant, je pense à retirer les batteries avant de les poser au chaud sur ma chaudière. La table de mixage a l’air ok, je la mets à sécher également.
Je vais attendre un jour avant de re-brancher le tout. Pendant le concert, j’ai eu un petit craquement sur un des contacts, je démonte l’embase du jack qui avait un peu de jeu et je la remonte. Tout fonctionne. Le matos a survécu. Restent à faire les déclarations Sabam et autres petites tâches administratives.
Après cette magnifique journée remplie de rencontres et de musique, j’ai la banane pour un bon moment. Et faim d’encore jouer … alors, qui veut me booker ?