Faut-il demander un cachet ? Pourquoi ? Combien ? Comment calculer ce que vous valez ?
Oui ! Il faut demander un cachet:
– parce que cela établit une relation sérieuse avec l’organisateur (vous lui devez une prestation, en échange de quoi il vous doit ce qui était convenu ou calculé)
– parce que votre prestation rapporte de l’argent (des entrées, des consommations)
– parce qu’il faut du temps pour préparer un concert
– parce que vous investissez dans du matériel
– parce que vous avez des frais (ex: déplacement, nourriture)
– parce que, même si ce n’est pas votre cas, d’autres essayent de vivre de leur musique, et il ne faut pas « pourrir » le marché
Peut-on jouer gratuitement ? Oui !
– si on a d’autres retombées publicitaires attendues (promotion, visibilité, interview)
– si on a d’autres retombées financières attendues (vente de CD, % sur le bar)
– par amitié
– par interêt, en échange d’autre chose (un repas, un enregistrement, un accès studio, une autre date)
– pour construire votre réseau, rencontrer des gens et fabriquer votre image
– pour se faire la main
– si on touche un nouveau public ou un nouvel endroit interessant
– pour des raisons caritatives ou humanitaires (ex: Concert pour le Togo)
Ne jouez pas gratuitement juste parce que vous avez envie de jouer ou parce que c’est bien sympa de la part de l’organisateur de vous laisser jouer (ou alors cherchez comment valoriser un des points ci-dessus).
Combien demander ?
Il est rare d’obtenir une réponse claire à cette question (et un artiste n’est pas l’autre) !
Essayez de définir un forfait de ce que vaut votre prestation (soyez réaliste). Combien de personnes pouvez vous déplacer, sont ils « performants » au bar ? 🙂
Pour estimer ce chiffre, on peut imaginer arbitrairement un calcul du genre:
Nombre de personnes attendues
x (50% prix des entrées)
+
Nombre de personnes attendues
+ 3 boissons x (50% du prix moyen d’une consommation))
Ne donnez pas cette formule, calculez et demandez un forfait, à moins que l’organisateur ne vous propose ce genre de plans (ex: « le bar » ou « les entrées »). Faites le calcul et regardez si ce chiffre vous semble acceptable.
Sinon tordez le calcul jusqu’à ce qu’il vous « crache » un chiffre qui vous convient. … vous saurez ce que vous valez à vos yeux.
Si la salle a des habitués ou bénéficie d’une visibilité et d’un circuit de promotion qui ne fait pas reposer la venue du public sur vos seules épaules, ou si votre nom commence à « marcher », n’hésitez pas à gonfler le chiffre de quelques pour-cents.
Reste à savoir si un organisateur est prêt à payer cette somme. Si c’est non, révisez votre calcul. Gardez à l’esprit que c’est toujours une négociation (autour d’un forfait).
N’oubliez pas que les entrées et le bar ne sont pas du net pour l’organisateur, ne soyez pas trop gourmand, il a des frais aussi. Ne faites pas entrer TOUS vos potes (et vos sexy-groupies) à l’œil ou dans le dos de l’organisateur (faut pas être 6 pour porter un ampli et faire le son). Ne régalez pas toute la salle si vous avez les boissons à volonté. Soyez une « bonne affaire » pour tout le monde.
Réglez la question du cachet et du « forfait boissons » pour le groupe une fois pour toute avant le concert.
Ce n’est pas assez ? Réduisez vos frais ! Proposez des formules réduites, des variantes (set court, set long, set acoustique, effectif réduit). Bon pour moi ce sera difficile … je suis tout seul et mon set est acoustique 🙂
Vous pouvez comparer vos chiffres avec ceux des orchestres ou des syndicats d’artistes (un exemple au hasard ici). Attention, en moyenne, un interprète classique dans une structure gagne 20-30% de plus qu’un autre musicien.
Un soliste gagne autant à prestation égale qu’un groupe. C’est la prestation qui est payée ! Ne vous laissez pas faire !
Une prestation de soliste est un gros boulot, refusez une répartition mathématique du genre: dans le groupe qui vous suit, ils sont 3, vous touchez 1/4 du cachet global. On peut être « fair-play » et accepter un 45/55 ou 40/60 si on a de bonnes raisons de le faire.
Mais ne cédez pas à la re-négociation sur le coin du bar, à moins que votre calcul initial soit faussé … (ex: soir de finale au foot, vous n’avez déplacé que 50% de « votre » public prévu). Par contre si la manque de public est du à l’organisateur (ex: absence de la promo promise) soyez plus intransigeant.
Votre avis et vos commentaires m’intéressent, comme d’habitude !
3 Commentaires
Les choses ont bien changé de nos jours de moins en moins d’endroit proposent des cachets et encore moins n’accueillent vraiment dignement les musiciens qu’ils programment. Déclarer un concert via les guichets GUSO relève de l’exploit ! Cependant c’est grandement dût à la pression que les organisateurs ont pris de plein fouet et bien sûr la désaffection du public (je parle des petits bars et pub pas des salles institutionnelles). En moyenne un cachet de 70 euros par musicien pour un groupe devrait être un plancher à mon avis
Bonjour,
je suis musicien et aussi un organisateur de festival de jazz en France de petit calibre, et j’ai constaté que les musiciens pro et qui sont locaux demandent 150 euros par musiciens + frais minimum. Par contre pour évaluer le prix correcte d’un musicien de renom quelqu’il soit, c’est assez galère de savoir ce que « vaut » tel ou tel groupe ou musicien en fonction de leur notoriété, prétentions,…
merci en tout cas pour ton calcul de base qui je l’avoue me permet d’avoir une base de réflexion.
Dom
Article très intéressant et synthétique sur le sujet !
@Jipes : Normalement le la cachet minimum par musicien est d’environ 80 Euros (je n’ai plus la somme exacte en tête). C’est vrai qu’il est rare de l’avoir, les organisateurs préfèrent verser un défraiement pour tout le groupe.