
Drôle de journée d’automne. On dit souvent que toutes les aventures commencent par le premier pas depuis le seuil de son trou d’Hobbit. Quand j’ai quitté la maison ce samedi matin, un véritable déluge s’abattait sur la vallée. Des bourrasques balayaient feuilles et branches sur ma route et on n’y voyait pas plus loin que quelques mètres.
À mon grand étonnement, le retour a pris un tout autre visage.
Un trajet dantesque
Je me suis demandé si j’arriverais à destination et si les participants au workshop ukulélé de Neundorf braveraient les éléments. J’ai croisé et contourné des arbres tombés en travers de la route, des câbles électriques, une voiture sur le toit et un gros SUV planté dans la berme centrale. Un automobiliste, sans doute effrayé par de l’aquaplanage ou le vent violent, a même freiné et s’est arrêté sur la bande centrale de l’autouroute. J’ai pu l’éviter. À la radio, j’écoutais une émission qui évoquait le maccarthysme et sa comparaison avec les attaques de Donald Trump contre les contrepouvoirs civils et académiques. L’état du monde n’est pas plus réjouissant que celui de la route et dans ma tête aussi planaient des nuages sombres et lourds. Je me sentais préoccupé, tendu. Tant d’arbres sont tombés sur tant de routes les derniers temps.
Mon programme, en deux points…
Je n’ai que des élèves avancés ce matin, mais ils sont tous là. Les débutants ont décommandé la semaine passée. J’ai prévu de diviser le workshop en deux, un peu de pop avec (le tube) « We belong together » de Mark Embor. Un morceau parfait pour introduire un peu d’arpège et parler de la construction d’un morceau complet avec intro, couplet, refrain. Ce n’est pas tout à fait ma zone de confort au niveau du chant, pour une fois, je m’appuie sur le support d’une vidéo Youtube. Après une petite pause et une bien nécessaire tasse de café, la seconde partie du workshop sera consacré au rythme swing avec « Fly me to the moon » et « Mack the knife ».
Évidemment, on n’apprend pas les morceaux en un workshop ukulélé d’une demi-journée. La question du temps pour soi est une préoccupation universelle d’adulte et de parent. Mais, les adultes qui suivent des cours sont bien conscients que le travail vient après. Le but est de comprendre et d’emporter assez d’information et de conseils pour pouvoir trouver son chemin.
Une matinée bulle d’air
Un peu égoïstement, je suis content de ma planification. J’ai pu finir le premier morceau avant la pause, et faire la seconde partie comme prévu. Malgré quelques digressions sur l’apprentissage de l’instrument et la vie d’adulte en général. Bien sûr, tout n’a pas été parfait, il y avait quelques erreurs dans mes notes de cours (un accord 7M noté 7, un Fa devenu un Mi, argh). Mais, j’ai réussi à me le pardonner, en me promettant de faire un erratum.
J’avais initialement prévu de retourner rapidement dans mon trou de Hobbit après le cours. Mais finalement, je me suis offert un break. J’ignore pourquoi, cette matinée m’a donné l’impression de sortir la tête de l’eau. Pouvoir me déconnecter, être utile, de pouvoir m’offrir du sens à quelques heures. J’ai ressenti toute l’importance de la musique dans notre monde. J’étais tellement captif volontaire de l’instant présent que j’ai carrément oublié de prendre des photos.
Après un repas partagé en papotant de tout (et de rien) avec Sylvia, une des coordinatrices des ateliers de Neundorf et organisatrice de workshop ukulélé, que je remercie encore pour ce moment, j’ai repris le volant.
Sur le trajet retour, le soleil a déchiré les nuages. Le ciel bleu est revenu partout, même dans ma tête. J’ai mis le dernier album de Taylor Swift à la radio, pour prolonger un moment de légèreté encore. Que ça fait du bien parfois de s’arrêter et de respirer.