Quand je dis à des amis que je regarde la Starac je suis souvent confronté à une certaine incrédulité. Vous savez, le sourire en coin, un sourcil levé. Le fait que j’ai peu ou prou quelques prétentions musicales est, semble-t-il, même une circonstance aggravante. Mais tout d’abord, je fais ce que je veux, depuis toujours. Mais je me suis tout de même demandé ce que m’apportait ce spectacle de gladiateurs de la chanson.
Le mépris de la masse, le concours de talents
Outre le mépris que peut susciter un divertissement de masse comme la Starac, il y a la notion que l’art ne devrait pas être l’objet de concours. L’art, en tant que reflet de la diversité humaine, devrait s’épanouir dans la liberté et l’absence de contraintes. Les concours artistiques offrent des opportunités. Mais la question fondamentale persiste : l’art ne devrait-il pas être apprécié pour ce qu’il est, une expression personnelle, plutôt que d’être soumis à des évaluations comparatives ? Mais dans un monde d’offre et de demande et de déficit de l’attention généralisé, la concurrence pour un moment d’attention fait partie du jeu, hélas.
L’essence même de l’art réside dans son caractère subjectif et dans la capacité de l’artiste à communiquer des émotions, des idées et des expériences personnelles. La mise en compétition de différentes œuvres d’art peut parfois détourner l’attention de cette expression personnelle, en faveur de critères souvent standardisés. Et je m’agace comme tout le monde quand le jeu est injuste parce que le public n’a rien compris (ou a de la merde dans les oreilles parce qu’il écoute avec les yeux). Mais parfois c’est aussi un coup de projecteur sur ce que le public aime.
De même, si je m’agace des jeux parfois cruels de la production, je suis bon public pour les prestations des académiciens. Ils sont souvent touchants dans leurs failles. Et vu les conditions dantesques qu’on leur impose parfois, leur parcours est admirable. Quand on pense que les grandes Stars ont des pistes vocales sous-mixées quand elles doivent danser. Quand on sait que chaque spectacle est préparé pendant des mois avant de tourner. Ici c’est deux ou trois journées de préparation, journées remplies d’activités diverses. Chapeau !
Mais pourquoi tu regardes, touè ?
Dans ce prisme, tout est pardonné quand au milieu de ce fatras, tout à coup une prestation touche. Il y a des moments musicalement beaux, d’abord parce qu’ils sont vrais. Et tout à coup on se rend compte que même les « stars » trébuchent tout à coup sur le fait de chanter une chanson, et une seule, en donnant tout sur un plateau. Et je trouve cette imperfection belle, parce que ça suscite des émotions, là où tant de musiques surproduites ne me procurent plus qu’une vague indifférence polie.
Alors évidemment, ce spectacle est l’occasion de faire cancan et de débattre avec la famille et les amis. On dit du mal, beaucoup. Mais, je trouve également une source d’inspiration et de résilience inattendue en regardant ce programme.
La StarAc réunit des participants aux parcours musicaux variés. Des chanteurs de pop aux interprètes de musique classique, en passant par des passionnés de rock. C’est une opportunité unique d’explorer différents genres musicaux. Une manière d’élargir l’horizon, de découvrir de nouvelles influences et d’enrichir leur propre palette artistique. C’est aussi une manière de rester connecté avec l’univers musical de mes élèves plus jeunes, qui n’écoutent pas forcément du Blues du Delta.
Les participants de la Star Academy suivent tout de même une formation artistique intensive qui couvre divers aspects de la musique, de la danse en passant par l’interprétation scénique. En observant ce processus d’apprentissage des participants, j’apprends des choses sur les techniques vocales, la présence scénique et la manière de se connecter avec le public. Pour moi dont l’expérience scénique est autodidacte, c’est intéressant. Je vois également comment les participants gèrent le stress et la pression. Apprendre à rester authentique et créatif sous les projecteurs est une compétence essentielle.
Les artistes invités qui interviennent dans la Star Academy offrent aux participants des conseils pratiques et des retours d’expérience. C’est aussi un coup d’œil derrière le rideau de cette industrie parfois opaque. Ces conseils peuvent s’avérer inestimables pour comprendre les défis de l’industrie musicale.
Alors, ouais, je regarde mouè…
En conclusion, bien que la StarAc soit un divertissement grand public, elle m’offre également une fenêtre unique sur le monde de la musique. De temps en temps, une presta fait mouche et me touche. J’en apprends sur la diversité musicale, la formation artistique intensive, la gestion du stress. Je me nourris indirectement des conseils d’experts.
Je sais que « les citations sont un substitut commode à l’intelligence » (W. Somerset Maugham), mais je ne résiste pas à l’envie de citer le grand Léonard Bernstein pour conclure :
Pour justement détester la musique moderne, il faut la connaître. Ainsi, on pourra la détester plus intelligemment. Ou bien, sait-on jamais, l’apprécier. Leonard Bernstein