Trouver les bons doigtés en déchiffrant une tablature

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comprendre les doigtés !

Le fingerpicking associe souvent un accompagnement avec une mélodie distincte, ce qui peut amener certaines difficultés à déchiffrer des doigtés.

Pourtant il existe des règles de base pour déterminer quels doigts utiliser à quel moment.

Il faut être attentif à:

  • jouer les accords tels qu’on les connaît (ne pas compliquer pour le plaisir)
  • respecter le principe d’un doigt par case
  • ce qui précède
  • ce qui suit immédiatement
  • contrôler les notes jouées (et les notes non jouées)
  • contrôler la durée des notes et leur résonance

Voyons un cas pratique:

Voyons les 4 premières mesures du morceau “Forty ton parachute” de Davey Graham. Il s’agit d’un arrangement de Jacques Stotzem.

F40TP

Le premier accord est un G ou Sol.

Nous avons besoin de jouer les notes de Sol sur la basse de Mi et Fa sur la basse de Re et Fa# sur la corde de Sol. Habituellement un accord de Sol comporte les notes Sol, Si et Re.

Quelles sont les possibilités ?

Photo 007 Un barré complet case 3 ?

Une position très rigide et statique, qui a peu de chances de convenir à un morceau dynamique.
Si nous regardons ce qui suit sur la tablature, nous voyons que nous avons besoin de jouer la corde de Si à vide, ce que le barré ne permet pas facilement.
Il ajoute une note de Do dans l’accord, ce qui risque de donner une coloration G11 à notre premier accord et va diminuer l’impact de la transition Si-Do du Hammer-on qui suit.

Photo 010 L’index, et un barré de l’auriculaire pour prendre 4 cordes en sautant la basse de La ?

Un classique du Jazz, mais qui ne trouve pas tout à fait sa place ici. Sa sonorité jazzy (accord fermé) ne cadre pas vraiment avec le morceau et ce type de position n’est pas dans l’esprit d’un morceau de picking folk des années 70. Cette position permet néanmoins d’étouffer la corde de La.

Un candidat potentiel ?

Photo 025 Le pouce, et deux autres doigts (ici, par exemple majeur et annulaire ?

Ce type de positions se justifie surtout lorsque’on doit faire des traits rapides avec des extensions dans les cordes aigües, tout en maintenant une basse constante. (Ex: 7-po-5-po-3-ho-5)

Ce n’est pas le cas ici.
De plus, Graham a une technique encore très inspirée par le classique, où le pouce joué par en haut serait une hérésie.

Photo 008 L’index, majeur, annulaire ?

Une position interessante, mais il va falloir opérer un basculement important de la main pour faire le hammer-on sur la corde de Si, ce qui va nous obliger à interrompre le son de notre accord un rien trop tôt.
Photo 009 Le majeur, annulaire, auriculaire ?

Voici un candidat qui a tout pour lui: confortable, contrôle facile de la basse de La, index armé pour occuper une position pivot sur la note de Do avec un hammer propre réalisé par un doigt puissant.

accord

La suite (mesure 2) se présente comme un accord de C amené sur le second temps de la mesure.

F40TP

Ici, jouons un C, nous pouvons omettre le Do situé sur la basse de La, en effet le pouce jouant vers le bas à peu de chance de l’accrocher, ce qui nous amène à jouer:

Photo 039 Cordes à vide (ceci étant anticipé par la croche présentant deux cordes à vide de la première mesure).
Photo 040 Index et majeur, comme un accord de C en omettant la note de Do sur la basse de La. (C’est la position suivante qui nous indique d’omettre cette note).

Nous récoltons ici le bénéfice de la première position, notre main est déjà dans une configuration adéquate pour saisir cet accord, sans souci de déplacement ou de timing.

Photo 041 … ensuite, annulaire et auriculaire prennent le relais.

Cet enchaînement logique et confortable nous permet de gérer au mieux les sonorités et les durées de nos notes. Cet enchaînement très stable pour la main nous permet de jouer des notes bien en place, et même de donner un coup de vibrato sur la dernière note, qui couvre deux temps de la mesure 2.

Ensuite vient une petite répétition du premier motif. Sans raison pour changer quoi que ce soit, ne changeons rien.

Pour le Bb et le F de la mesure 4 deux variantes sont possibles

  • Pour le Bb: soit en utilisant un barré et trois doigts, soit avec un double barré (index case 1 et annulaire ou auriculaire sur 4 cases)
  • Pour le F: un accord barré complet, un F dit ‘de paresseux’, avec le pouce par en haut.

Pour ma part, je joue chaque fois la seconde possibilité, car la sonorité “accord de puissance” qui se dégage cadre bien avec le côté rock de cette partie du morceau.

Photo 043 Photo

Voilà, une manière d’analyser les choses pour trouver son chemin dans les doigtés d’un morceau. Il ne s’agit pas d’une « vérité » mais bien d’une interprétation.

D’autres personnes pourraient tirer des conclusions différentes, mais il existe néanmoins des critères pour savoir si vous êtes dans le bon, notamment si vous ressentez les éléments suivants:

  • confort (pas toujours)
  • logique et dynamique d’enchainement
  • maitrise sonore
  • cohérence stylistique et sonore

Une prochaine fois, nous nous pencherons sur un trait de solo, où le principe du “un doigt par case” et “regardez devant et derrière” ont encore plus d’importance…

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