Cette année j’avais décidé de laisser tomber ce plan. Chaque année, je joue sur le podium du Marché de Noël, dans le froid et/ou sous la pluie devant un public clairsemé et quelques amis. Évidemment, ce ne sont pas les deux malheureux tickets boissons qui me motivent (c’est un vrai scandale quand on pense à tout ce pognon qui change de main sur la durée d’un village de Noël, bien que tout le monde s’accorde à se plaindre de la météo, des circonstances et de la crise).
Mais la proximité du public, l’ingratitude de la formule et l’occasion de croiser l’un ou l’autre ami ont quelque chose irrésistiblement attirant, comme quand un ami vous dit “chiche”.
Le fait que tant de gens aient renoncé à sortir et à aller aux concerts, suite aux tragiques évènements de Paris, m’a également fait changer d’avis. Ce n’est pas cette année qu’il faut renoncer à faire un pied de nez à la raison. Et comme c’est aussi l’occasion de voir des amis et de se bourrer la g… boire un verre, me voila donc en route pour la Place Saint-Lambert à Liège avec guitare et ampli.
La famille m’accompagne, ma Lovely Roadie et les enfants. Comme chaque année, le parking est complet et je descends en route au feu rouge pour gagner le podium à pied pendant que ma roadie gare la voiture à l’autre bout de la ville. Il pleut, mais au moins je ne me gèle pas les doigts.
La chorale qui occupe le podium fait un peu de gospel et je m’amuse à pousser la chansonnette avec eux (Oh happy days …). Arrive le moment de m’installer. Le micro directement dans la table, l’ampli en sortie directe qui me sert de retour, s’accorder et c’est parti. Mes parents, un ami d’enfance et quelques connaissances sont venus me soutenir.
Le son est mieux que les autres années, même si ça manque un peu de pêche. J’aime être baigné dans le son, pour pouvoir m’appuyer sur un tapis sonore et la plupart des petits clubs dans lesquels je joue commencent à être bien sonorisé.
Je débute par 404 Rag, avant d’enchaîner avec mon arrangement de Boys don’t cry (The Cure). Devant la scène, des jeunes adultes éméchés (on dit “des adulescents”) dansent et rient et font mine de venir sur scène. Montera, montera-pas ?
Je garde un œil sur eux, mais ils se contentent de danser dans l’escalier du podium ce qui est plutôt flatteur, tout bien pensé.
Tout peut arriver au Village de Noël, comme la suite le prouvera.
Entre chien et loup, puis Have a Beer, et un medley de Swing. Malgré les innombrables sources de distraction, comme le cadet de la famille qui fait son arsouille en bord de scène, je tiens le cap et je ne suis pas mécontent de ma prestation.
Les morceaux s’enchaînent et un petit groupe de jeunes filles s’approche pour écouter. Entre deux morceaux, elles s’avancent pour me demander si leur copine qui “joue très bien de la guitare et chante très bien” peut m’emprunter la scène et ma guitare. Leur culot me prend un peu de court, honnêtement, c’est un truc que je ne ferais jamais en temps normal. Mais bon, leur audace est touchante, après tout pourquoi pas, j’aime l’idée d’un petit grain de folie dans les rouages du quotidien. Et je trouve tellement plus mignon de filer le micro à une jeune fille que de devoir évacuer un soûlard qui vient gueuler “Standaaard Champion” dans le micro” (cas vécu).
Et si c’est pourri, le Village de Noël n’en aura jamais que pour l’argent qu’il a daigné mettre.
J’étais accordé DGDDBe, je réaccorde vite fait, et place à “Emmanuelle”, joli prénom – la nouvelle future voix de the Voice (ou pas). Pendant qu’elle égrène quelques accords, j’en profite pour commencer à ramasser quelques machins pour préparer ma sortie de scène. Emmanuelle chante bien, une voix dans l’air du temps, mais elle met un peu de temps à entrer dans son sujet (sans doute prise de court par ses amies et par le fait qu’elles n’auraient jamais imaginé que je dise “oui”). Ma guitare est un peu fausse et je l’accorde pendant qu’elle joue… ça ne doit pas l’aider beaucoup 🙂
Il est temps de dire au-revoir… à Emmanuelle d’abord, puis à la scène … avant d’aller boire un verre avec les amis et ma Roadie.
A l’année prochaine… ?