Après quelques années de sévices, ma Martin OM21C, la « picking machine » vient de passer entre les mains expertes de Lio Maertens Luthier pour un refrettage et un entretien-réglage. Certaines frettes commençaient à être bien creusées. Je l’ai récupérée hier. Le toucher des notes est au top, ça sonne clair et net, grâce à des frettes en acier inoxydable un poil plus hautes.
À première vue l’action est ajustée au poil. Je dois encore un peu réajuster mon jeu à ces nouvelles sensations, mais je suis ravi !
With a little help from my friends !
Cette année pour mon anniversaire, je ne savais quoi désirer. C’est étrange à dire, mais la plupart de mes désirs sont comblés et mon G.A.S.(*) tend à s’estomper. Ce que je désirais avant tout, à part cuisiner plus souvent, c’est de me remettre le pied à l’étrier musicalement. Enfin sortir la tête du sable après cette période de repos forcé et de démotivation créative due au confinement.
J’ai donc organisé une cagnotte pour m’aider à payer des nouvelles frettes à ma Martin. Une manière d’avoir mes amis les plus chers, littéralement sous la main et près de mon coeur. Et le tout, en inoxydable, comme notre amitié.
(*) Wikipedia : G.A.S. ou Gear Acquisition Syndrome (syndrome d’acquisition de matériel). Le GAS désigne une maladie imaginaire qui pousse un consommateur (par exemple photographe ou musicien) à acheter de manière compulsive du matériel. Les crises de GAS peuvent porter sur tout type de matériel : appareil photo, objectifs, pédales d’effet, amplis ou guitares.
Pourquoi Lio Maertens ?
Un luthier ça se trouve. Pourquoi choisir un luthier qui n’habite pas la porte à côté pour ce job ? Surtout qu’il habite même la porte à côté de juste à côté de la porte d’à côté. En gros, quand après avoir traversé Wellin, tu penses être perdu, c’est la première à gauche.
On s’était rencontré brièvement lors de sa formation en section lutherie à l’IFAPME de Limal, dont j’ai appris en me rendant hier sur son site qu’il est diplômé avec une grande dis.
Avant tout, il m’avait paru naturellement sympathique. Une guitare c’est comme un enfant, on la confie plus volontiers à quelqu’un qui nous inspire confiance. Et cette confiance était nourrie de nombreux détails, comme le soin apporté au rangement de ses outils, sa passion communicative et sa communication passionnée autour de l’instrument. J’ai apprécié sa fierté sans orgueil quand il communique sur son travail. Et ce petit côté perfectionniste qui parlait au perfectionniste qui dort en moi – celui qui enrage quand un câble est mal roulé.
Mais à vrai dire, l’idée initiale m’est venue en le voyant bosser sur une autre Martin OM21, alors qu’habituellement, il est plutôt dans les guitares électriques, qu’il répare et fabrique. Quand j’ai appris ce weekend qu’en plus il connaissait depuis fort longtemps mon sympathique voisin mitoyen, j’ai été définitivement convaincu que le hasard n’existe pas.
Refrettage, réglage & Co.
Si l’idée d’un refrettage était acquise car nécessaire, le « quand » m’était offert par l’arrêt forcé de la culture, restait à trancher la question du « quoi ».
J’ai toujours trouvé les frettes d’origine de ma Martin un tout petit peu juste pour mon confort de main gauche. Avec un sillet bas, et des frettes mangées par le temps, ça ne faisait qu’empirer. Mais changer un tel paramètre n’est pas anodin, parce que les années de pratique ont développé une micro-mémoire musculaire au niveau des doigts. Allais-je regretter ? C’est loin d’être aussi anecdotique que de changer un tirant de cordes, l’opération est certes réversible mais avec un coût et un délai non-négligeable.
Grâce aux conseils de mon senseï guitariste (Jacques Stotzem) et les recommandations techniques de Lio, mon choix s’est finalement porté sur des frettes un poil plus hautes, en acier inoxydable. J’ai pu apprécier la clarté de Lio dans ses échanges avec moi : avantages-inconvénients, délais, options et tarifs. J’aime quand les choses sont claires. Une vraie collaboration pour le meilleur résultat possible.
Suite au refrettage, le sillet de tête a également dû être remplacé pour s’accommoder de l’ajustement de l’action. C’était évidemment l’occasion idéale pour faire un petit entretien de l’instrument.
Alors, verdict de ce refrettage ?
Alors, ça brille ! Et je ne parle pas que du visuel. Toutes les opérations réalisées à la perfection pour autant que je puisse en juger. Au jugé et au toucher, le manche est une vraie pantoufle (non, ce n’est pas une insulte), c’est lisse et ça glisse. C’est hyper doux et les notes prennent au plus léger appui, ce qui va pas mal m’économiser.
Le son est net, les accords aussi. La guitare claque. C’est sans doute un détail pour vous, mais toutes les mécaniques ont la même friction à l’accordage, alors qu’avant c’était la foire entre celles qui résistaient un peu et celles qui étaient presque trop faciles à tourner.
Du coup, je me sens tout remotivé à bosser pour être à la hauteur de l’instrument que j’ai dans les mains. Après avoir un peu trop négligé la guitare pendant de longues semaines, puis une semaine au ski, j’avais un peu l’impression d’avoir les mains en béton. Incapables de jouer une truc correct dans l’atelier de Lio. On va réattendrir tout ça. Je vous en dis plus dans quelques jours.
Merci aux amis qui m’ont aidé, merci à Lio pour le bon boulot.