Le monitoring in-ear (IEM) : mieux s’entendre, pourquoi faire ?

Je suis en train de monter un petit système de monitoring in-ear (IEM) pour mieux m’entendre pendant mes concerts. Sans doute pas pour tous mes concerts, mais il est des circonstances où avoir un retour précis viendrait à point. J’y reviendrai. J’ai déjà évoqué les avantages et inconvénients du monitoring in-ear en général dans le billet à propos des Shure SE215 CL.

Outre les avantages déjà listes dans le billet précédant, en ce qui me concerne ce qui m’a décidé à investir ce sont les concerts « difficiles ». Dans les environnements bruyants (bars, animations musicales) ou en plein air.

Le bruit

Dans ces environnements bruyants, il faut pousser la sono ou l’ampli tout en se plaçant pas trop loin pour s’entendre. Du coup la position des diffuseurs ou de l’ampli devient un compromis entre s’entendre et se faire entendre. Le tout entraîne des volumes sonores compliqués à gérer pour le Larsen et potentiellement nocifs pour mes oreilles. Il faut également pouvoir se focaliser sur la musique pour livrer une interprétation de qualité dans des conditions parfois sub-optimales.

En plein air

En plein air par contre, le son est diffusé, littéralement mangé. Il est assez difficile de s’entendre. Quand on ne s’entend pas, on a tendance à surjouer et surchanter (to overplay et to oversing en anglais). Évidemment, ça donne du jus au concert, mais l’interprétation finit parfois par en souffrir. Essayer de se focaliser sur les sensations tactiles pour contrôler son jeu requiert une énergie conséquente et nuit à la concentration dans la durée.

La solution pour mieux s’entendre ?

J’avais d’abord envisagé d’acheter un petit moniteur de retour à poser sur la scène. Le prix et l’encombrement – encore un machin à transporter – m’ont finalement poussé à tenter l’aventure des IEM. Avec ma guitare branchée, j’ai toujours un fil à la patte. Je ne suis pas un grand adepte des accus, batteries à recharger et remplacer, j’ai opté pour une solution filaire.

Il me faut :

  • un câble d’une longueur suffisante
  • un ampli dédié pour écouteurs avec contrôle du mix direct/retour
  • les in-ear

J’ai ajouté à l’ensemble un bodypack ceinture passif avec contrôle du volume. Ce bodypack me permet de me débrancher pour sortir de scène et de garder la main sur ce qui m’arrive dans les oreilles.

Le matos

Un IEM pour mieux entendre

Un IEM pour mieux entendre

Le ROLLS PM50s permet de mixer une entrée microphone en XLR avec une entrée ligne mono ou stéréo. Pour moi tout se passera en mono, puisque tant mon micro que ma guitare sortent en mono, mais il me fallait malgré tout un câble stéréo en Y pour me brancher sur ma sono Stagepass 400i de Yamaha.

Le Bodypack de Fischer Amps avec une entrée Jack me permet de connecter le jack venant de l’ampli tout en contrôlant une dernière fois le volume dans mes oreilles. Le connecteur tient très bien, aucune crainte de le voir se détacher. Il existe des solutions avec des bodypacks actifs à la ceinture qui servent d’ampli, mais je les trouvais plus encombrants et ceux dotés d’une connecteur combo Jack-XLR étaient plus couteux. La modularité du système me semble un atout.

Les Shure SE215 CL ensuite pour finir. Le tout pour un prix total d’environ 200 € câbles non compris.

Il ne faudra pas oublier de me débrancher pour ne pas me livrer à un remake d’un gag du professeur Tournesol dans Tintin. Je sais que ça va m’arriver.

Ne pas oublier de se débrancher avant de sortir de scène

Ne pas oublier de se débrancher avant de sortir de scène

Il me reste à tester toutes les configurations et à trouver les bons adaptateurs pour passer correctement du double mono au mono. Je dois encore tester l’ajout d’un microphone d’ambiance (mon micro chant/parole reviendra via le mix). Le cheminement du signal ressemblera à ceci:

IEM : chemin du signal de l'ampli à mes oreilles

IEM : chemin du signal de l’ampli à mes oreilles

Ensuite ce sera un test grandeur nature, puis un test en conditions réelles. Je pense que la première en live se fera le 23 juin pour l’inauguration des fêtes de la Musique en Neuvice au El Senõr Duck Napo Estaminet.

Vidéo : conférence « Fingerpicking roots » avec Jacques Stotzem

Écouter Jacques Stotzem parler des pères de ses pairs et de la genèse de la technique fingerpicking est une chance. Les organisateurs de cette conférence « Fingerpicking Roots » ont dû refuser beaucoup de monde. J’ai eu la bonne idée de sortir les caméras pour filmer cette soirée exceptionnelle. Cette vidéo permettra à ceux qui n’ont pas eu la chance d’y assister en live de voir et surtout d’entendre tout ce qui s’est dit ce soir là. En deux heures, emmené par un orateur éclairé et passionné, on passe du Blues au fingerpicking moderne.

Conférence "Fingerpicking Roots" - Jacques Stotzem

Conférence « Fingerpicking Roots » – Jacques Stotzem

La conférence

On parle beaucoup du blues au travers des interprètes et de heurs et malheurs de leur existence. On n’aborde jamais cette évolution sous l’angle de la technique de jeu de la guitare qui a accompagné cette histoire. Voilà un oubli réparé, en parole et en musique.

Évidemment, une conférence de deux heures, ça dépasse largement le temps de cerveau disponible pour le net. Mais il s’agit d’une véritable histoire avec un fil conducteur. Couper le fil serait trahir le récit. Si nécessaire, revenez la voir en plusieurs fois.

 

Une soirée gratuite, grâce à la collaboration enthousiaste entre Musique Fraipont, la bibliothèque de Verviers et le Centre culturel de Verviers.
Merci de nous offrir d’aussi bons moments.

Le matos de prise de vue et de prise de son

Pour ceux que ça intéresse, la prise de vue a été faite avec ma caméra Zoom Q8, la prise de son également. L’autre plan caméra a été pris avec une GoPro 4. J’avais mis mon enregistreur Zoom H5 en backup pour le son, mais finalement la prise de la Q8 a suffi. Le grand angle crée quelques déformations, mais l’avantage est de capter la scène et une bonne partie du public.

En raison de la nature des microphones et du placement, la prise de son de la Q8 et du H5 ne diffèrent pas beaucoup, mais sur l’enregistreur la prise de son était doublée d’une prise de secours à -12 dB en cas de saturation des entrées de la caméra. Triple sécurité pour les niveaux. 

Le son de la GoPro est à son habitude inexploitable pour des séquences musicales, mais la compacité de la caméra et la qualité d’image en font un bon choix si on a une prise de son séparée. J’aurais aimé avoir une caméra pour une prise de vue frontale, avec un bon zoom et un objectif qui ne serait pas un grand angle, mais c’est un budget dont je ne dispose pas pour l’instant.

Zoom Q8 - Zoom H5

Zoom Q8 – Zoom H5

 

CITES : clarifications de la commission concernant la nouvelle réglementation

CITES : Dalbergia latifolia

CITES : Dalbergia latifolia

Suite aux remous et à la vague de commentaires paniqués qui ont entouré la modification du règlement CITES, la Commission européenne s’est livrée à un exercice de question-réponse sur l’inclusion des espèces de palissandre et de bois de rose dans l’annexe II lors de la COP17.  

La CITES

La cible principale des mesures CITES discutées ici est l’abattage illégal et le commerce des stocks de bois brut. Pour  les petites quantités qu’on rencontre habituellement dans les instruments de musique, les recommandations sont moins restrictives. C’est une bonne nouvelle pour les musiciens concertistes. Pour les fabricants et marchands l’impact semble également moindre avec ces nouvelles recommandations.

J’ai parcouru et extrait puis traduit les informations qui me semblaient pertinentes pour les musiciens. Ceci à titre informatif, en cas de doute contactez votre autorité compétente. 

Le document complet est disponible uniquement en anglais pour l’instant:

QUESTIONS AND ANSWERS ON THE IMPLEMENTATION IN THE EU OF THE LISTING OF ROSEWOOD AND PALISANDER SPECIES1 INTO CITES APPENDIX II AT CITES CoP17

En résumé, le changement concerne les espèces suivantes : 

  • tous les bois de rose et palissandres du genre Dalbergia: 
  • le kosso (Pterocarpus erinaceus);
  • le bubinga (Guibourtia demeusei; Guibourtia pellegriniana; Guibourtia tessmannii).

L’impact principal de cette mesure est que l’importation au sein de l’union européenne est sujette à des démarches administratives. Le commerce intracommunautaire n’est pas sujet à ces démarches. Les autorités de contrôles peuvent néanmoins exiger une preuve de l’origine légale du bois. Du bois importé, puis transformé en produit fini en Europe, puis réexporté ne devra pas faire l’objet d’un certificat de réexportation.

Les objets personnels à usage privé, transportés comme bagage personnel, tels que les instruments de musique ne sont pas particulièrement visés par la nouvelle réglementation.

Ce qui change pour les musiciens 

Pour moins de 10 kilos de bois des espèces concernées, les échanges non-commerciaux ne sont pas concernés. Par échange non-commercial, on entend: les mouvements transfrontaliers d’instruments de musique pour un usage privé. Les prestations publiques gratuites ou rémunérées, les expositions ou les compétitions sont également considérées comme des échanges non-commerciaux.

L’envoi ou le transport d’un instrument en vue de sa réparation, attendu que l’objet ne change pas de propriétaire. Le renvoi au vendeur ou au fabricant sous garantie ou pour le service après-vente devra également être considéré comme un échange non-commercial.

Les prêts d’instruments pour exposition dans les musées, pour exposition ou compétition sera également considérée comme une activité non-commerciale. Ceci reste valable pour un envoi de pièces multiples si la part individuelle de chaque instrument ne dépasse pas 10 kilos.

Par contre l’envoi à l’exportation de pièces détachées pour assemblage avant réimportation sera considérée comme une transaction commerciale, attendu que la destination finale du produit est la vente.

Pour les orchestres ensembles et les groupes musicaux transportant les instruments dans un transport groupé. L’ensemble, bien que dépassant la quantité de 10 kilos ne devront pas s’accompagner de documents CITES car la part de bois de chaque instrument ne dépasse pas la limite des 10 kilos.. Si toutefois un instrument dépassait individuellement cette limite de 10 kilos de bois listé, cet instrument nécessiterait des documents délivrés par la CITES.

Saluons ces recommandations qui parviennent à concilier l’intérêt de l’environnent et de la biodiversité en luttant contre l’abattage et le transport illégal de bois, sans toutefois écraser le petit poucet qu’est le marché des instruments de musique sous une charge administrative lourde. 

Le chant avec Sing-a-Long : toute première fois, toute-toute-première fois …

C’est toujours dans les moments où je joue avec les frontières de ma zone de confort que se produisent rencontres, découvertes et impulsions créatives. J’aime et je chéris la notion de serendipité qu’on peut décrire grosso-modo comme le fait de découvrir par hasard, par accident, par chance ou par malchance, une application imprévue à quelque chose. Par la chance fortuite de ces rencontres et de ces d’impulsions créatives je fus encore gagnant d’un concours de circonstance. Le premier prix pour moi fut de me voir proposer de chanter pour animer une soirée Sing-a-long. Mon ukulélé qui accompagne quelques chansons est en général un dégât collatéral de mes soirées d’animation musicale. C’est le Robin de ma Bat-guitare. Mais le voilà au centre de la scène pour une soirée consacrée au chant en groupe.

Sing-a-long, le chant décomplexé !

Sing-a-Long est un concept de soirée autour du chant. Ce n’est ni une soirée karaoké, ni un cours de chant, mais plutôt l’occasion de se retrouver pour chanter en toute décontraction, décomplexé vocalement. L’accent n’est pas mis sur la technique, mais plutôt sur le plaisir du chant en groupe. Un intervenant invite le public au chant, autour d’un thème et d’un univers musical.

Sing-a-Long : l'abbaye de Forest

Sing-a-Long : l’abbaye de Forest

La salle de l’Abbaye de Forest est un peu nue et crue, c’est donc un gros déménagement qui prend la route pour Bruxelles : fond de scène, spots, éclairage d’appoint et évidemment ampli et instruments. J’ai également emporté de quoi filmer la soirée. Une fameuse « Schleppe » (du verbe allemand « schleppen », haler, tracter). Pour faciliter le transport, mon chariot est de la partie.

J’arrive sur place avec une légère avance. Le quart d’heure de flottement que je compte habituellement pour les hésitations sur le dernier kilomètre ne sera pas mis à profit cette fois. Je ne connais pas bien Bruxelles, mais le quartier m’a l’air plus vert et ouvert que bien d’autres. Le bâtiment de l’abbaye de Forest, longtemps laissé à l’abandon, renaît peu à peu et subit une prometteuse réhabilitation en écrin pour la culture.

Mon chariot n’ira pas plus loin que l’escalier, mais au moins je n’aurais fait qu’un seul trajet depuis la voiture. Le montage prend un peu de temps mais le résultat me plaît. Saltimbanque d’un soir, j’ai hésité à emporter mes « bacs à lumière » mais ils tombent à point pour donner un éclairage indirect dans la salle, qui est à la fois plus naturel et plus intime. Pendant que le public arrive et prend possession des lieux, je joue un peu de guitare, je meuble l’attente avec mes compositions.

Sing-a-Long : saltimbanque !

Sing-a-Long : saltimbanque !

Le répertoire

C’est ma première soirée chant avec Sing-a-Long et je m’avance à tâtons en terre inconnue. J’ai choisi un répertoire francophone et anglophone de chansons qui me tiennent à coeur. J’aime la narration et l’articulation dans les chansons. Qu’elle soit d’amour ou de politique, la chanson doit avoir des choses à raconter. J’ai testé les tonalités à choisir avec ma Lovely roadie pour ne pas me fier qu’à ma voix de baryton-basse pour poser le chant.

Comme pour mes cours de guitare je suis face à l’éternel dilemme du nombre de morceaux à aborder. Faut-il approfondir quelques morceaux ou aborder plus de morceaux ? Pour moi le plaisir de la musique et du chant est une découverte individuelle avant tout. J’ai toujours défendu l’idée que parcourir un répertoire plus vaste et varié permettait à chacun de rencontrer ce qui lui plaît. C’est une sorte de dégustation touche-à-tout plus qu’un menu trois-services au choix du chef. L’avantage indéniable c’est qu’on chante beaucoup, l’inconvénient pour ceux qui aiment tenir la main courante c’est que l’exercice reste assez libre.

La soirée

Je commence par une petite séance d’échauffement. Les chansons choisies ne sont pas très techniques et l’objectif de cet échauffement est de chercher la détente avant tout. Je ne suis pas prof de chant. Le but c’est de chercher la correction posturale, respiration, ancrage dans le sol et ouverture du thorax. Accessoirement, ce moment crée la concentration et la synchronisation propice à un exercice de chant en groupe.

Sing-a-Long : échauffement

Sing-a-Long : échauffement en soufflant sur une bougie imaginaire

Après « Don’t worry be happy » pour la bonne humeur, c’est « Couleur café » de Gainsbourg. Ce n’est pas toujours facile de mettre des mots sur ce que j’attends de mes interprètes d’un soir. Sors ta voix de crooner pour chanter « I can’t help falling in Love » de Presley.

Avec « Mercedes-Benz » de Janis Joplin, je me livre à un petit exercice de clapping. Objectif : montrer la différence de pulsation quand on tape dans les mains sur les temps 1 et 3 ou (mieux) sur les temps 2 et 4. Je me rends compte que les chansons où le découpage des syllabes est un peu anarchiques, comme « Boomerang » de Serge Gainsbourg sont difficiles à poser en groupe. Il faudrait passer un peu plus de temps sur la mise en place du phrasé.

Mais le Sing-a-« long » n’est pas si « long » que ça, on touche déjà à la fin. Le swing de « Fly me to the Moon » et « Side by Side » passe bien mieux.

Sing-a-Long : (re)découvrir le chant en groupe

Sing-a-Long : (re)découvrir le chant en groupe

Entre voix d’église et d’outre-tombe, on tâtonne un peu pour trouver la tonalité idéale pour « Halleluyah » de Leonard Cohen. Je termine par « The Reckoning Song » d’Assaf Avidan, preuve qu’on peut faire sienne les chansons des plus inaccessibles interprètes.

Démontage

Il est temps de manger un bout, de démonter et surtout … d’enfin boire une bière pour rehydrater mes cordes vocales. J’ai beaucoup répété les chansons du répertoire. Ce que je n’avais pas anticipé c’est la fatigue occasionnée par la prise de parole. Passer de la parole au chant, puis du chant à la parole, c’est les 20 km de Bruxelles de la corde vocale.

Le démontage n’est guère moins laborieux que le montage. Mais j’ai un grand nombre de roadies qui, après m’avoir prêté leur voix, me proposent leurs mains pour emballer et transporter le matos.

De mon côté ce Sing-a-long a été une expérience enrichissante et réussie. J’espère que les participants auront apprécié l’instant et sont repartis avec l’envie de chanter.