Combien de paires de fesses pour rentrer dans les frais d’un petit concert ? (fiction)

Depuis le côté de la scène je compte les chaises dans la salle. Chaque paire de fesses (accompagnée je l’espère d’une paire d’oreilles) est invitée à participer aux frais de ce concert que je voudrais magique.

le public

On joue à 5 € le billet d’entrée. On hésite à demander plus, sans être connu, dans une petite salle qui a connu des jours meilleurs, un samedi soir où l’offre est forte. Et sans jouer, comment se faire connaître ?

Nous avons 3 sponsors invités, qui ne paient pas leur place. La soirée n’est pas subsidiée.

Les deux premiers rangs, plus deux trois places environ, paient la Sabam, soit 83 euros au tarif 210, pour cette salle d’une jauge d’une trentaine de personnes. Officiellement le tarif est de 54 €, mais la Sabam considère qu’il y a majoration du prix du billet pour le calcul forfaitaire car les boissons sont plus chères que le ridicule « 1,25 € sous peine de majoration » de leur tarif. Et ça fait un bon moment que nulle part les boissons ne sont sous ce montant. Une petite partie de cette somme reviendra aux compositeurs des œuvres jouées (moi, pour l’essentiel). Je dois admettre que des gros efforts ont été consentis pour améliorer le suivi de l’exécution des œuvres.

Quelques sièges du rang derrière paient (assez mal) la soirée de la barmaid, qui n’étant pas artiste ne peut se contenter de travailler pour l’air du temps. On pourrait sans doute trouver un bénévole pour ce poste et lui offrir quelques verres.

Je pense qu’on pourrait encore déduire quelques sièges pour frais d’infrastructure et les taxes pour la salle, mais n’étant pas propriétaire, les montants m’échappent.

Il faut compter une dizaine d’euros de frais pour le trajet, ainsi qu’une dizaine d’euros pour le parking, quand il n’y a pas de places gratuites à disposition. Les frais d’entretien des instruments, des cordes neuves. Une belle chemise à amortir sur quelques concerts.

Une quinzaine d’euros pour l’impression des affiches et de quelques cartes promotionnelles.

Les 30 premiers billets vendus rembourseraient les frais fixes de la soirée.

Si ce soir-là, il y a 30 personnes dans la salle. La soirée sera un succès, mais un échec financier. Demander 10 euros la place ne résout pas le problème, car c’est un autre forfait majoré qui serait d’application, soit 135 € pour la soirée, soit 13,5 billets. À 15 € l’entrée, on est déjà à 184 €, pour 20 € le billet on est à 209 € soit 10 billets. On constate que le tarif est dégressif pour les grosses structures, c’est un comble !

On me dira que les règles sont les mêmes pour tous, mais à titre de comparaison, une grande salle où j’ai assisté à un magnifique concert à 12 € la place, a une capacité de 260 places. Évidemment, je sais qu’on ne joue pas dans la même division, je suis certain qu’ils travaillent au forfait, et j’admets que les frais et les montants des cachets sont d’un tout autre ordre de grandeur. Mais la Sabam seule prend 280 € environ au tarif 2010, soit une vingtaine de sièges, environ 8 % des places disponibles.

Dans notre salle d’une trentaine de places avec des places à 5 €, la Sabam se goinfre 60 % des billets vendus. Pas question pour les artistes de gagner quoi que ce soit sur une soirée pareille.

Ne pas s’affilier, à condition de ne jouer aucune reprise et de ne jamais s’associer avec un artiste affilié ? Mentir sur les déclarations ? Y aller de ma poche, puisque même jouer gratuitement ne change rien à l’équation ?

Le concert ayant été annulé, ceci est devenu une fiction … trop proche de ma réalité.

Note : ceci est valable pour la musique légère, pour de la musique « sérieuse », le tarif minimum serait compris entre 15 € (3 billets) pour notre petite salle et 25 € pour une salle à 300 places (2 billets).

Ou, en une image, le tout mis à plat, dans la face :

Salle

 

Le retour du Fishman SoloAmp SA220

Fishman Soloamp SA 220

Fishman Soloamp SA 220

Un petit « nouveau » vient de rejoindre l’écurie de mon matériel pour le live.

Il y a quelques années, j’avais testé un Fishman Soloamp (aka SA 220). J’aimais bien cet ampli pour la projection du son, sa puissance et sa maniabilité. Conçu pour un transport facile et un encombrement acceptable, c’est un bel outil destiné aux solistes chanteurs, et parfait pour un soliste instrumentiste. Avec son installation en colonne, il convient bien aux petites scènes où il projette son son à hauteur d’oreilles. Je lui trouve une certaine élégance également, mais c’est très subjectif.

À la suite de diverses péripéties liées à un transport et à un prêt, visiblement défectueux, il était resté en cale sèche chez un ami qui avait renoncé à s’en servir ou à la faire réparer. Pour ma part, je n’avais pas de place pour héberger un ampli cassé, d’après ma femme.

Dernièrement, je m’étais mis à la recherche d’une sono compacte (dans le style des Stagepass de Yamaha), pour certains scènes où les 100 Watts de mon Loudbox sont un peu courts pour des raisons de taille ou de disposition scénique, mais, j’avais renoncé faute d’argent.

Puis je me suis souvenu de cet ampli.

Je suis un adepte des 3R: réutiliser > réparer > recycler. Je ne suis pas du tout convaincu par l’idée que la destruction de biens matériels profite à l’activité économique et je pense à la charge environnementale des objets trop vite jetés.

Et si cet ampli, avec le prix d’une réparation, était à ma portée ? Tant que le prix, réparation comprise, restait sous la moitié du prix du neuf, c’était un pari à tenter. Et si cet ampli pouvait boucher le trou dans mon setup ?

Après un retour en atelier, le voilà donc apte au service.

Taillé pour la guitare acoustique, pouvant accueillir chant et parole sur un second canal, avec 220 Watts, et un mode « moniteur » permettant de l’utiliser en combinaison avec mon Loudbox, il a tout ce que je cherche. Plus de puissance, une projection en line-array qui couvre bien l’espace et la facilité d’emploi et de réglage d’un ampli Fishman. Son son est un peu plus coloré dans les médiums que mon Loudbox de première génération, mais me convient bien. (en fait, il se rapproche du son des nouveaux Loudbox couleur crème produits depuis la sortie de cet ovni qu’est le SoloAmp).

Je le teste actuellement en répétition pour m’assurer que la réparation « tient ». Il servira pour le Beerlovers Festival de Liège et le marché de Noël.

Concert annulé: pas de duo avec Olivier Poumay ce 25/10/2014

OLYMPUS DIGITAL CAMERAComme déjà mentionné sur Facebook hier,  le concert de ce samedi 25 est annulé pour des raisons administratives.

Tous les frais occasionnés étant à couvrir par la billetterie, le montant dû à la Sabam ne permettait pas de maintenir l’évènement. Si jouer gratuitement était éventuellement envisageable, payer pour jouer est contraire à nos principes.

La musique doit rester gratuite, surtout pour ceux qui la font.

Avec toutes nos excuses pour ceux qui comptaient venir.

Trio de potes, sauce guitare : Jacques Stotzem, Huang Chia-Wei et Dave Goodman

Quand dans la file à l’entrée j’ai entendu une dame dire « Mersè ! » je me suis dit, pas de doute … je suis à Verviers. Et si je suis là, c’est parce que c’est la soirée de la guitare acoustique du Festival de la guitare de Verviers. Un festival que Jacques Stotzem a initié il y a quelques année avec Francis Geron, le charismatique patron du légendaire Spirit of 66.

La trame de la soirée est connue. Calquée sur les « all star guitar nights » américaines, elle rassemble ce soir trois guitaristes, trois univers musicaux différents. Le concept est d’une simplicité redoutable: les musiciens partagent une scène sur laquelle ils passent la soirée, en alternant solos, duos, ou trios.

Ce soir, les artistes en scène sont (de gauche à droite):

Dave Goodman – l’Americano-allemand et ses atmosphères de chansons bluegrass-blues mêlées d’influences celtiques, avec un groove puissant.

Jacques Stotzem – l’Européen, le verviétois et son fingerpicking rock-mélodique puissant et imparable.

Huang Chia-Wei – le natif d’Indonésie, vivant en Chine et porte-étendard de la sobriété sonore et de l’élégance mélodique asiatique.

Festival de la guitare de Verviers (photo : G. Stotzem)

Festival de la guitare de Verviers (photo : G. Stotzem)

Jacques Stotzem qui a parcouru l’Europe, les Etats-Unis et l’Asie, est le trait d’union entre les deux autres guitaristes. Il les a rencontrés en tournée, et il les a conviés à cette soirée en Belgique. C’est donc en toute logique qu’il les présentera à tour de rôle.

Après l’inévitable mot d’introduction du responsable du centre culturel, qui bute un peu sur le nom de Huang Chia-Wei (je ne lui souhaite pas de devoir commenter un match de foot Serbie-Albanie), Jacques Stotzem débute la soirée par son morceau hommage à la Radio Classic21 et Marc Ysaye. Grâce au soutien de cette radio, emballée par ses albums de reprise Catch the Spirit I et Catch the Spirit II, Jacques a pu embrasser un succès amplement mérité en Belgique.

Festival de la guitare de Verviers (photo : G. Stotzem)

Festival de la guitare de Verviers (photo : G. Stotzem)

Il passe ensuite le flambeau à Dave Goodman, jouant et chantant, la casquette crânement posée sur la tête. Belle présence scénique avec un groove puissant et des traits diaboliquement rapides aux consonances bluegrass. Par moments, je lui trouve des syncopes à la Leo Kottke.

Festival de la guitare de Verviers (photo : G. Stotzem)

Festival de la guitare de Verviers (photo : G. Stotzem)

Jacques nous présente son ami Huang Chia-Wei, l’organisateur de ses concerts en Asie, PDG d’une fabrique de guitares (Naga guitars) et accessoirement capable de dégoter d’un coup de téléphone deux pneus de rechange pour une voiture échouée sur une route de col au fin fond des montagnes chinoises. Infatigable, incapable de tenir en place entre deux rendez-vous, il est l’auteur de l’impatiente interjection « move-move » rendue célèbre parce qu’elle a inspiré un morceau à Jacques. Pourtant musicalement, Huang Chia-Wei est tout en douceur, en toucher délicat, en succession de notes parfaites, dessinant des mélodies filigranes et faussement simples.

Le plaisir de jouer et la complicité de ces musiciens sont évidentes et font plaisir à voir et à entendre.

Festival de la guitare de Verviers (photo : G. Stotzem)

Festival de la guitare de Verviers (photo : G. Stotzem)

L’alternance des univers musicaux, la diversité des sonorités sont le garant de belles découvertes. Jouant un peu de guitare moi-même, j’observe comme les techniques de jeu de main droite et le matériel d’amplification et les onglets utilisés varient d’un musicien à l’autre, toujours au service du son qui convient à chacun. Encore une preuve qu’il n’existe pas de vérité universelle pour la guitare, chacun est porteur de sa vérité en termes de technique de jeu et de matériel.

Je profite de l’entracte pour boire une bière, saluer Jacques, son épouse Gaby, mais aussi d’autres têtes connues, élèves de Jacques, stagiaires, guitaristes. J’achète le CD de Huang Chia-Wei, qui ne reviendra sans doute pas souvent dans le coin. Mes finances ne suffisent pas pour acheter également le CD live de Dave Goodman. Tant pis, ce sera pour plus tard. Vu qu’il vit en Allemagne, ça doit être possible de se le procurer plus facilement.

La seconde partie de la soirée fait une belle place aux duos nés de la rencontre de ces grands musiciens. Ce sont de chouettes moments musicaux.

Festival de la guitare de Verviers (photo : G. Stotzem)

Festival de la guitare de Verviers (photo : G. Stotzem)

 

J’adore voir comment les styles de chacun se fondent dans un instant commun et les idées que chacun verse dans le solo et les accompagnements me fascine.

Je n’ai volontairement pris que quelques extraits en vidéo de ces moments, car pour moi ce sont des moments à vivre ( … et puis ça fout des crampes aux bras de tenir son smartphone comme ça). Les vidéos tremblotantes prises à bout de bras avec le son pourri d’un smartphone ne rendent pas toute l’émotion de l’instant. Il y a trop de ces vidéos sur le net et pas assez de monde pour vivre des moments en live. Si je les partage, coupable à mon tour, c’est en espérant vous donner envie de les vivre également. Pour une fois que ça s’est passé près de chez vous !

Festival de la guitare de Verviers (photo : G. Stotzem)

Festival de la guitare de Verviers (photo : G. Stotzem)

Venez voir la musique en live, sortez de votre boîte, éteignez la télé ! Ici des maîtres-artisans taillent la note à fleur de bois sous vos yeux ! 

Si certains musiciens vous donnent l’envie d’écouter de la musique, d’autres arrivent à vous donner l’envie d’en faire. Ces trois-là font partie de ces perles rares !

Ah oui, et je suis profondément désolé pour le jeu de mots pourri du titre …