Après avoir passé un temps de dingue à regarder des vidéos et lire des tests d’enceintes de monitoring sur Internet. Ayant entendu tout et son contraire, j’en suis arrivé à la conclusion qu’il ne me restait qu’à me fier à mes oreilles. Et le meilleur moyen de faire se rencontrer mes oreilles et des enceintes c’est de me rendre … dans un magasin. Finalement je suis ressorti du magasin avec presque autre chose que ce que j’avais prévu. Récit.
Le temps au plus belles choses se plait à faire un affront
Mes enceintes Alesis M1 520 Active ont souhaité prendre leur retraite après une vingtaine d’années de bons et loyaux services. Je les aimais bien, même si elles étaient pas les plus honnêtes du monde et manquaient un peu de basse et de spatialisation. A l’époque, c’était la bonne entrée de gamme. De mémoire, elles se situaient un peu plus haut que les systèmes multimédias.
Depuis peu, une des enceintes crachotait, bourdonnait et se mettait en sécurité par intermittence. J’ai décidé de les confier à un ami « qui s’y connaît » pour jeter un oeil dedans. Il n’est pas impossible qu’il y trouve une petite voiture ou un bout de gaufre. Mes enfants avaient une véritable fascination pour pousser des trucs dans les events quand ils étaient petits. L’enceinte restante (ou les deux, si elle est sauvable) ira dans le studio du bas comme écoute de contrôle pour les enregistrements.
Mais malgré tout, il est temps pour un remplacement, et pourquoi pas pour un upgrade.
Le poids du choix
Certes, il y a la question du budget. Mais j’ai passé 20 ans avec une paire d’enceintes, autant ne pas se tromper. L’étude de marché s’est rapidement focalisée par élimination sur quelques marques. Je n’étais pas emballé par les KRK, pas enthousiasmé par les Adam. Du côté de Genelec et Neumann j’étais un poil au–dessus du budget prévu. Au final, j’hésitais encore un peu entre les ADAM A7V (bon rapport qualité-prix), les Yamaha HS7 (réputation et honnêteté) et les Focal Alpha 50 EVO (basse et spatialisation). Dans un coin de ma tête, il y avait aussi les Kali. Cela peut sembler étrange de comparer du 7 pouces avec du 5 pouces, mais je cherchais un peu plus de basses et de spatialisation que le petit modèle de focal semblait promettre malgré sa compacité. Même si les basses sont de nature plus omnidirectionnelles, j’aimais bien l’idée d’un event avant. Mes enceintes sont proches du mur et la basse sera (un peu) moins floue. Un autre point qui m’intéresse sur les Focal c’est la mise en veille automatique (que certains détestent).
De plus, la question du besoin et de l’utilisation entre en ligne de compte. Si je veux des enceintes de monitoring honnêtes, je dois aussi être honnête vis-à-vis de moi-même. Je ne suis pas producteur, je ne suis pas un studio. J’écoute beaucoup et j’analyse, mais je mixe peu. Je suis peut-être dans un ratio de 80/20 pour l’écoute/mixage, voire 90/10 (ou moins ?). Une enceinte brutalement honnête et aride n’est pas forcément le meilleur choix dans ce contexte. Ce sont des écoutes outils, souvent fatiguantes. Un peu de chaleur et d’embellissement ne font pas de tort, sans tomber dans la hi-fi.
Allons magasiner !
Si je recommande encore toujours à mes élèves d’aller se faire conseiller dans des magasins, je le fais peu moi-même. Par manque de temps, mais aussi parce que mes achats compulsifs concernent souvent des petites nouveautés et des gadgets. Typiquement des produits de niche qui arrivent au compte-goutte dans les magasins. Mais ici, j’étais dans un autre cas de figure. On ne parle pas d’un machin à 30 balles, et surtout je me focalisais sur des modèles classiques de marques dominant le marché.
En route pour Valkenborgh. Pour moi le contrat moral était clair. Si je trouvais ce que je cherchais sur place, hors de question de leur faire perdre leur temps avant de filer sur Internet pour économiser 15 balles. Je trouve cette pratique détestable. Tout travail mérite salaire.
Pas de suprise en fait, et puis en fait finalement une surprise
Sans surprise, les modèles classiques, la base du marché des enceintes de monitoring est bien présente. Et elles sont connectées. Pas de Focal Alpha 50 Evo sur place, mais des EVO 65, et une paire de FOCAL Alpha 50 de la première génération.
Une écoute rapide des Yamaha HS7 confirme leur promesse et ma crainte. Elles sont très neutres. Sèches comme un talon. Si je devais produire et mixer du son la plupart du temps, j’aurais sans doute opté pour celles-là. Et j’aurais investi dans une autre paire à côté. Ce sont des outils de précision. Mais on ne beurre pas sa tartine avec un bistouri.
Avec un vendeur patient et à l’écoute de mes a priori de béotien, je continue mes comparaisons. Les Focal Alpha EVO 65 ont une superbe spatialisation et la basse que je cherchais. Evidemment le son bien que très précis est sans doute un poil plus coloré, moins rude. Mais en les comparant avec l’ancien modèle Alpha 50, je remarque une bosse un peu gênante pour moi quelque part vers le haut-médium (entre 2,8 kHz et 3,2 kHz à vue d’oreille). Une sorte de « honk » sur les Focal Alpha 65 EVO qui dénature un peu certaines voix et certains instruments (notamment un accordéon). On pourrait sans doute s’y habituer. Mais par dégât collatéral, on semble perdre un peu de lisibilité dans le médium.
Finalement, c’est la Focal Alpha 50 qui retient mon attention. Qu’est-ce qu’un « ancien modèle » pour un objet qui durera des années ? C’est le modèle d’exposition, elles seront un peu moins chères et déjà un peu rôdées. Je deviens raisonnable avec l’âge ? Reste à prendre le pari du système de mise en veille qui agace certains utilisateurs, parce qu’il se déclenche au bout d’une demi-heure d’écoute à bas volume.
Premieres écoutes
Reste à recâbler le tout, en séparant au maximum les alimentations des câbles audio. Je pars fouiller après mes TRS jack-XLR, les Alesis étaient encore connectées en jack-jack. Les mousses de découplage seront peut-être à remplacer par quelque chose de plus flottant dans le futur. Pas un souffle (je craignais un léger souffle sur le tweeter), pas un parasite. L’absence de bouton de volume fait reposer tout le contrôle de volume sur ma carte son qui a l’air de s’entendre à merveille avec les enceintes. Elles résistent bien à l’environnement lardé de rayonnement électromagnétique des périphériques posés autour de mon écran.
La liste de mes morceaux de référence ne varie guère au fil du temps : Fire – Agnes Obel, Hotel California – Eagles, Stabat Mater – Vivaldi, du Violoncelle, la BO de Westworld, Pat Metheny, entre autres. Je retrouve la spatialisation et les basses que je recherchais. Je réduis un peu les basses avec le filtre passe-haut à l’arrière des enceintes. Prises entre deux murs, les basses ont tendance à devenir statiques et je n’en manque pas. La sortie de veille est quasi instantanée et je n’ai pas encore constaté de problème de coupure en écoute à bas volume. Et l’économie d’énergie me semble intéressante.
Je ne constate pas de défauts jusque-là. J’hésite à attribuer une note sur mon échelle de piments à ces enceintes de monitoring comme à n’importe lequel des mes gadgets. Mais pour l’ensemble de l’expérience d’achat, je décerne un 9/10 à Valkenborgh.