La nature délicate des nuances acoustiques de la guitare, combinée à sa large gamme dynamique et à sa résonance complexe, crée un ensemble de défis pour les ingénieurs du son et les guitaristes désireux de s’enregistrer. À cela s’ajoute la gestion des aspects indésirables tels que les bruits de fond, les résonances non désirées et les variations de volume. La position du microphone, le choix des micros, la qualité de l’enregistrement et l’environnement dans lequel l’enregistrement est réalisé sont autant de facteurs cruciaux influant sur le résultat final. Dans ma quête d’une solution pour enregistrer mes compos, j’ai acheté et je teste le tout nouveau Neumann MCM 114.
Mes obstacles
Les difficultés auxquelles je dois faire face sont multiples : un environnement à l’acoustique imparfaite, la présence de bruit de fond et la discipline nécessaire pour rester parfaitement positionné face à un micro. Depuis longtemps, la certitude de recourir à un microphone de type cardioïde avec une prise de son plutôt proche de la guitare est acquise. La plupart du temps, j’aime ce que j’entends comme prise de son avec les micros Neumann KM184, une des références en matière d’enregistrement de guitare acoustique.
Reste le souci de m’enregistrer « le cul rivé sur ma chaise » sans changer l’angle de ma guitare vis à vis du micro. En effet, pour peu que l’angle expose un peu plus la rosace, les basses domineront. Si le décalage s’opère vers le manche, les basses vont se creuser. L’idée d’un petit micro accroché à la guitare me paraît une solution séduisante. Il faut évidemment que le microphone respecte le côté « naturel » et la dynamique de la prise de son. Alors, si Neumann se décide à sortir un petit micro sur un col de cygne, ça vaut le coup de l’essayer. D’autant que Neumann ne manque pas de culot et suggère une utilisation en live, comme en studio. Je suis victime de la mode, je plaide coupable.
Le Neumann MCM 114 MC 9
Le Neumann MCM 114 est un système composé d’une capsule electret cardioïde sur un col de cygne et d’accessoires variés permettant de le fixer à divers instruments comme les cordes, les cuivres et les percussions. La version avec une pince destinée à la guitare, porte le doux nom de MC9.
Le bel étui de protection contient :
- le microphone sur son col de cygne,
- une bonnette anti-vent,
- un support de fixation avec un clip orientable pour le col de cygne,
- un réducteur pour le support de fixation pour les instruments plus fins comme le ukulele,
- le câble de liaison, accompagné d’un clip pour empêcher la déconnexion accidentelle,
- un adaptateur XLR qui joue également le rôle de transformateur pour l’alimentation fantôme.
Pour la fiche technique détaillée, je vous renvoie au site de Neumann.
L’ensemble donne une impression qualitative. Le micro ne peut pas être détaché du col de cygne, mais il est possible de changer la capsule. Une capsule omni sera bientôt disponible. L’adaptateur XLR a une connectique visée pour éviter les déconnexions accidentelles, il comporte un clip de ceinture. Le câble est fin mais suffisamment long et semble solide. La pince se manipule facilement à une main. La face avant possède un pivot qui permet de s’accommoder de l’angle pouvant exister entre la table d’harmonie et le dos de l’instrument.
La capsule est montée sur un petit support amorti avec un peu de réserve de câble pour limiter les transmissions mécaniques du son.
L’ensemble pourrait me servir pour enregistrer ma guitare, mon ukulele et mon dobro. La capsule avec son petit support antichoc et son minuscule logo est super-mignonne.
Le plus important concernant ce petit clip c’est le son
Ce système est prévu pour servir aussi bien en live qu’en studio. Mes premiers essais du Neumann MCM 114 ont consisté tout simplement à me brancher dans mon ampli. Après avoir cherché un peu, j’ai placé la pince dans le cutaway de ma guitare, en pointant le micro entre la douzième et la quatorzième case du manche. Déporté par le col de cygne, le microphone ne me gêne pas pour jouer, même en haut du manche.
En live !
VERDICT : LE SON SORTANT DE L’AMPLI EST MAGNIFIQUE.
Détaillé, nuancé, incroyablement naturel. Une véritable claque, dans le bon sens du terme. C’est là que tous les compromis réunis autour de l’amplification d’une guitare acoustique me sautent aux oreilles. Je suis bluffé.
MAIS…
La sensibilité au Larsen est très prononcée. À un point aussi incroyablement pénible que le son est beau. C’est terriblement frustrant. J’aimerais toujours pouvoir jouer avec un son aussi naturel en live. Dans un environnement contrôlé, posé, avec un volume sonore raisonnable, ce serait le bonheur. Dans un concert en bistro et sans ingénieur du son, je ne prendrais pas le risque. Surtout avec mon ampli qui me sert également de moniteur de retour proche. Mais au bout de quelques dizaines de minutes, j’ai fini par trouver une position où le Larsen restait gérable. Mais c’est là que les compromis mentionnés plus haut justifient leur existence.
Dans une situation de live, les bruits de manipulation restent très acceptables. Il est possible de les diminuer encore avec un filtre coupe-bas.
En enregistrement !
Faute de temps, j’ai simplement enregistré quelques passages avec mon enregistreur Zoom H5. De manière surprenante, la position idéale pour l’enregistrement n’est pas la même que celle pour l’amplification. Pour le « live », je plaçais le micro vers la case 15 de manière à avoir un peu plus de basses, alors que pour une prise de son plus détaillée, je le tournais un peu plus vers le manche case 12 ou 13. J’ai également fait quelques tests avec mon ukulele.
Sur certains hammer-on et pull-offs, je perçois des légers bruits percussifs transmis par le manche au corps du microphone. C’est le redouté handling-noise qui survient quand le microphone n’est pas isolé mécaniquement de la source. En contrôlant mieux ma frappe, c’est gérable, mais je me demande jusqu’à quel point ce serait gênant pour m’enregistrer. Comme je ne compte pas utiliser le microphone en live à priori, c’est ce dernier point qui reste mon point d’interrogation majeur.
Il me reste quelques jours pour prendre une décision importante. Vais-je confier mes compos à ce microphone ou pas ? Réponse bientôt.
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Note : pourquoi je parle de “premières impressions” et pas de “test de matériel” ?
Tout simplement parce que je me fie à mes impressions et à mes oreilles. Je partage mon avis en vous soumettant le fruit de mes réflexions, guère plus. J’admets que je ne suis pas un grand spécialiste des fiches techniques et de la prise de son. C’est un domaine où j’avance à tâtons. C’est aussi un domaine ou pas mal d’avis se basent sur le prix des équipement utilisés ou sur des croyances et des réputations. On trouve mieux, ou aussi bien, très souvent pour plus cher. Mais ici on est dans la catégorie dans laquelle on trouvera rarement aussi bien pour moins cher.
Avec du matériel d’entrée de gamme, mes “tests” sont ce qu’ils sont. Ils poursuivent le but que je me suis fixé : faire une prise de son correcte de mes compos. Je ne pourrais pas réaliser des tests avec toute la rigueur et la reproductibilité nécessaire pour avoir l’aplomb de les défendre face à la critique des professionnels.