Après mon stage de Ukulele à Neundorf, il a été assez rapidement question de m’inviter pour une prestation musicale dans le cadre des portes ouvertes pour les 40 ans de l’atelier créatif.
« Ne joue pas pour des gens qui mangent ! » m’a dit un jour un de mes mentors. Un conseil dont la sagesse se vérifie chaque fois. Quand les gens mangent, cela veut dire qu’ils ne sont pas venus pour la musique. Ils sont là pour passer un bon moment. Et la musique peut faire partie de ce moment, mais elle ne sera jamais au centre de l’attention. C’est pourquoi je distingue depuis toujours les « concerts » des « animations musicales ». Dès lors, j’ai remis cet excellent conseil à ma sauce : « Quand tu joues pour des gens qui mangent, ne t’attends pas à être très écouté ».
Réception de mise à la pension
La matinée est consacrée à la mise à la pension des deux piliers historiques de l’atelier, une animatrice et une coordinatrice qui prennent une pension bien méritée. J’ai lancé les festivités avec « Have a beer », le morceau qui démarre quasi tous mes concerts.
Ensuite, après les discours, remises de cadeaux et de fleurs, j’ai enchaîné avec quelques morceaux pendant le walking dinner. L’objectif est pour moi d’assurer une présence « efficace » sans en faire trop. Je cherche toujours à remplir ma part du contrat.
C’est un exercice étrange et fatigant, car il faut malgré tout jeter beaucoup d’énergie pour exister dans un sentiment de vide. Rien ne sert de vouloir jouer plus fort, les gens ne feraient que parler plus fort.
Quelques personnes viennent me féliciter, parler musique et guitare, ou même me demander des infos de booking. C’est plutôt une bonne surprise. Dans chaque foule, il y a toujours quelques personnes qui écoutent et apprécient. Heureusement, cela permet de ne pas trop souffrir de la vanité de l’exercice et de titiller le sentiment d’imposture. La région germanophone a toujours manifesté beaucoup d’intérêt pour la guitare acoustique, comme en témoignent mes concerts à Eupen ou à Saint-Vith et les bons retours que j’en ai eu.
Le temps d’avaler quelques bouchées et il est temps de déménager vers l’atelier. Ma Lovely Roadie recharge la voiture et nous parcourons… 50 mètres pour nous garer à l’ombre. Le temps de faire une petite sieste dans l’auto et il faut réinstaller le matériel dans la cuisine de l’atelier.
Portes ouvertes à l’atelier créatif
L’après-midi, j’ai changé d’instrument. Avec mon ukulele, l’idée est d’animer musicalement la journée portes ouvertes. Mais l’acoustique de la « cuisine » ne se prête guère au mélange des voix et des conversations, un comble alors qu’il s’agit d’une salle de classe. Ma Lovely Roadie, qui est enseignante, me dira que c’est son quotidien.
Je finirai par jouer dehors en profitant du passage et du soleil d’octobre. Il y a pas mal de monde dehors pour profiter des animations. Ce n’est pas plus mal. Quelques enfants viendront même danser devant moi. Leur spontanéité fait plaisir à voir.
Je retire beaucoup de positif de cette journée à l’atelier créatif de Neundorf. Outre le plaisir de jouer, j’ai pu nouer quelques contacts utiles. J’espère avoir suscité l’envie d’y tenir un autre stage d’été. J’y ai croisé mon inattendue « belle-soeur ». J’ai assisté à de belles démonstrations de toutes sortes. J’ai mangé du «Streuselkuchen», chose qui ne m’était plus arrivée depuis longtemps, une vraie madeleine de Proust. Ils savent faire des gateaux dans ma région natale, c’est sûr.
Mais j’avoue que j’ai aussi faim d’un vrai concert.