Bon, maintenant que je suis en possession de 3 micros dont on dit du bien, je me vois dans l’obligation de les confronter. Ce sont aussi des micros dont on dit beaucoup de mal. En effet, on trouve mieux, plus cher, plus spécialisé, plus beau … mais pas nécessairement plus solide.
Pas de grande science pour ce test, pas de studio, pas de pièce sourde et d’oscilloscopes à 10000 euroboules … un pied, un câble XLR (rouge, c’est important), mon enregistreur de poche M-Audio microtrack.
C’est mon test du samedi à moi, je fais ce que je veux.
J’ai écouté au casque et j’ai chaque fois opté pour la distance qui me semblait le meilleur compromis entre l’effet de proximité (exagération des basses, des sifflantes et des plosives) et le début de la perte de dynamique … entre 1 et 3 cm pour la plupart des microphones.
J’ai utilisé chacun des microphones de manière axiale (lire: face à un microphone parallèle au sol) alors qu’habituellement je gère bien un désaxement de 30 à 40°C (corps du microphone placé plus bas et montant vers la bouche). Je sais que le SM57 performe moins bien quand il est désaxé. N’étant que chanteur occasionnel je n’ai pas une bonne technique de placement par rapport au micro de manière générale et une gestion médiocre des sifflantes et des plosives. Merci pour votre indulgence.
J’ai normalisé les prises à 0dB dans Wavelab (ce qui a réduit le rapport signal-bruit et fait monter le souffle) et dupliqué la piste mono. J’ai résisté à l’envie de mettre de l’EQ ou de la reverb pour vous livrer des prises brutes.
J’ai fait le test de niveau habituel “one two check” qui n’est pas du tout utilisé par hasard, il permet d’avoir un son grave lèvres ouvertes (one), un son plus médium, lèvres serrées (two) et une sifflante dans la même phrase. Note: pour une balance son, un classique est de demander aux gens ce qu’ils ont mangé ou si ils ont bien dormi pour obtenir un débit de parole normal à un volume normal. Pour ma part, j’ai simplement annoncé l’url du site.
Pour terminer, j’ai fait une prise du son de mon ukulélé, en strumming et en picking.
Le Sennheiser e845s
Mon microphone habituel pour la scène. Il m’a été recommandé pour sa polyvalence et un rendu correct sur tout type de voix.
J’avais un peu peur de tomber en désamour et de plus savoir qu’en faire, mais il reste plutôt séduisant.
Pour le Ukulele, je le sens à la traîne, et dans le bas médium, il est un peu bouché à mon goût. Je dois le pousser pas mal et le souffle augmente. Mais comme on dit: normal, c’est pas fait pour.
Le Shure SM 57 (avec le pare-vent AW2S)
Un microphone spécialisé dans la prise de son d’instruments en live et en studio. Il est occasionnellement utilisé pour la parole et le chant. J’ai dû utilise son pare-vent A2WS parce qu’il est très sensible aux sifflantes et plosives.
Je suis agréablement surpris par la voix parlée, très claire, naturelle et intelligible. Un poil de chaleur dans l’EQ et un peu de reverb et on a une très bonne voix dans le mix. Pour le chant, par contre je le trouve un peu sec. J’adore son look … c’est bête, mais ça joue.
Il est évidemment plus à l’aise dans la prise de son du Ukulélé, que je trouve bien présent avec un son équilibré et propre. Je retrouve plus d’harmoniques dans le son de mon instrument, même si le souffle est assez présent et nécessiterait une correction.
Lui, son truc c’est la voix et ça s’entend, il arrive même à flatter ma voix plutôt médiocre. On connait ce son, on attend ce son. Les mots qui viennent à l’esprit sont présence et chaleur, tant pour la parole que le chant, même si cela peut très légèrement nuire à l’intelligibilité de la voix parlée.
Pour le Ukulele, il s’en sort pas mal. Mais on perd un peu de bas medium au profit du médium ce qui dénature un peu le son de l’instrument. Pour la partie picking, il s’en sort avec une mention honorable, même si la aussi le rapport signal bruit pourrait être meilleur. Sans doute la faute à mon enregistreur de poche, sur l’ampli guitare, je n’avais pas remarqué ce souffle. Evidemment, tous les appareils qui suivent dans la chaîne du son ont leur importance, la qualité des préamplis sur lesquels arrive votre son et le doigté de la personne qui vous sonorise.
Conclusion
Pas de miracles, les chiens ne font pas des chats, et chacun de ces microphones a ses forces et ses faiblesses.
Finalement, avec mon Sennheiser e845s je me retrouve avec un microphone polyvalent grâce au spectre uniforme qu’il propose. Il n’est pas flatteur ce qui est un avantage ou un inconvénient, selon les points de vues. Les basses sont moins belles que celle du SM58.
Sennheiser e845s – Parole: +++ Chant: +++ enregistrement instru +
Le SM57 m’a séduit pour la voix parlée, mais uniquement avec son pare-vent A2WS. Pour les instruments, il a un bon rendu très uniforme.
Shure SM57 – Parole: +++ Chant: ++ enregistrement instru ++++
Le SM58 m’a plus séduit en chant qu’en voix parlée, mais ça se joue à peu de choses car il flatte agréablement la voix. Par contre, pour le chant, il est étonnant. Pour l’enregistrement du Ukulele, il s’en sort mieux que que le Sennheiser même si le souffle est un peu plus présent.
Shure SM58 – Parole: ++ Chant: ++++ enregistrement instru ++
Une chose est sure, ce n’est pas pour moi la manière idéale d’amplifier ou de capter un instrument tel que la guitare.
Pour capter le son d’une guitare de manière détaillée, rien ne vaut un micro à condensateur, et pour un son live, je préférerai toujours une ligne sur le micro interne ou une ligne directe sur l’ampli (jamais de micro à l’ampli sur un ampli acoustique bi-amplifié) avec éventuellement une prise micro pour compléter le son avec un peu d’air (mais sur mon pré-ampli j’ai déjà un microphone intégré, alors pourquoi s’encombrer avec des problèmes de placement de microphone externe? Au pire, un microphone à condensateur utilisé en live, mais alors il faut du costaud, genre un Neumann KM184, mais on est dans un budget 10x plus élevé.
Par contre pour une prise de percu, de violon, de flûte ou autre instrument avec un volume élevé, pourquoi pas.
Alors qui, pour quel usage ?
Mon Sennheiser e845s pour usage général, particulièrement là où un interrupteur pourrait venir à point (et comme plan B en cas de perte/casse/vol).
Le Shure SM58 sera dorénavant et jusqu’à preuve du contraire mon micro prise de parole en concert pour les cafés-concerts et les salles de spectacle.
Le Shure SM57 me servira aux prises de son et à la prise de parole en environnement bruyant ou ouvert où je voudrais privilégier l’intelligibilité par rapport à la chaleur qui serait de toute façon perdue.