Si j’aime les ambiances claires-obscures et la nature, si j’aime les villes en été et les forêts enneigées en hiver, je le dois à ma maman. Et si je joue de la guitare en ayant eu la chance d’apprendre avec le(s) meilleur(s), c’est encore grâce à elle. C’est sa guitare qui fut la première entre mes mains. Elle nous conduisait à travers neige et pluie pour ne pas rater nos cours.
Elle nous a quitté sur la pointe des pieds, refusant d’être un fardeau. C’est triste, mais on ne se quitte pas fâchés comme tant de gens. J’ai pu la recevoir à Noël à ma table, j’ai pu lui jouer de la guitare une dernière fois en décembre au Village de Noël, elle souriait. Je l’ai vue dimanche, on a échangé quelques mots, j’ai entendu mon prénom dans sa bouche, elle savait encore qui j’étais malgré la confusion qui la hantait ces dernières années, … j’ai chéri ces moments sans savoir que c’était la dernière fois. Mais il arrive un age où tout peut-être une dernière fois.
Jusqu’au dernier moment, elle sera restée fière et forte. Nous nous quittons sans griefs et sans querelle. Dans une époque où tant de familles se déchirent, où le monde semble parfois sur le point d’imploser, c’est précieux. Hier, c’était mon anniversaire. Cette paix avec ma maman est mon cadeau, je la chéris, et je lui en suis reconnaissant.
Ce qui devait être fait a été fait, ce qui devait être dit, l’a été.
Ce matin, pour ses obsèques j’ai sans doute joué le moment musical le plus difficile de ma vie. Je lui ai joué un de ses morceaux préférés : Entre chien et loup. Bien ou mal joué, la question n’était pas là. J’ai pris plaisir à lui témoigner mon affection en musique, et tout le respect que j’ai pour elle.
Il aura fallu sa fin pour que je réalise les choses que je lui dois. Il y a tant de choses que j’aime qui me viennent d’elle. Je sens un peu de sa force en moi … à moi de tenir la barre et de garder le cap.