Sur la toile, je tombe régulièrement sur le débat autour de la définition du « fingerstyle » et du « fingerpicking ». Le problème est qu’on essaie de trouver un mot qui désigne à la fois une technique de jeu de la main droite et un style. Cela amène beaucoup de confusion. A mon tour de tenter de « trancher » la question.
Retour aux sources
C’est assez amusant de voir des francophones se déchirer autour de la définition d’un mot … anglais. Les anglophones et les germanophones ont l’air de moins se prendre le chou avec tout ça. Si on retourne à la définition anglaise originelle (par exemple celle de Wikipedia qui est le résultat d’un certain consensus) et qu’on la traduit, voici ce qu’on lit.
La guitare fingerstyle est la technique qui consiste à jouer de la guitare en pinçant les cordes directement avec le bout des doigts, les ongles ou les pics attachés aux doigts, par opposition au flatpicking (notes individuelles avec un seul plectre, ou médiateur). Le terme « fingerstyle » est un peu mal choisi, car il est présent dans plusieurs genres et styles de musique différents, mais surtout parce qu’il implique des techniques complètement différente, et pas seulement un « style » de jeu, surtout pour la main du guitariste.
Donc quel que soit le type de cordes ou le style de musique joué, tout ce qui n’est pas du « strumming » ou du « flatpicking » est … du « fingerstyle ». . Avec ce terme, on ne peut pas se tromper. Du moment qu’on prend garde à ne pas l’utiliser pour un guitariste classique qui pourrait se vexer. D’ailleurs j’ai participé à des stages de « fingerstyle » tout au long de ces années. Les cours étaient ouvert aux pratiquants de tout style joué avec les doigts, y compris des guitaristes classiques.
… et le fingerpicking ?
Le terme « fingerpicking » ou « picking » est plutôt réservé au picking sous forme de patterns rythmiques qui va du Blues et du ragtime (Piedmong picking – qu’on distingue du Delta Blues plus libre au niveau du jeu de basse) au Travis picking, à la Dadi. Pour marquer une certaine liberté avec la forme primitive du picking, certains parlent de « modern fingerpicking » ou « modern picking » quand ils s’affranchissent des patterns rythmiques pour jouer des choses plus modernes. Si on utilise parfois le terme « picking » pour désigner l’ensemble du « fingerstyle » c’est parce que le picking blues et rage est souvent sur le trajet du début de l’apprentissage. Le style historique contient en effet les indispensables fondamentaux de l’indépendance des doigts de la main droite. C’est aussi la raison pour laquelle la conférence de Jacques Stotzem s’intitulait fort correctement « Fingerpicking roots« .
On laisse parfois tomber le « finger » pour garder « picking ». Après tout, on ne va pas piquer les cordes avec une fourchette. Comme le picking est le monde des reprises et des emprunts certains disent que c’est aussi l’art de « piquer » les morceaux des autres.
Il reste ensuite à ajouter un qualificatif pour préciser un peu : percussif, jazz, latin, folk, oriental, instrumental (la liste est infinie). Dans certains styles, comme le classique, le qualificatif prend le pas sur le reste. On parle de guitare classique tout court. Par contre jouer de la guitare jazz serait réducteur. En effet, on ne pourrait pas distinguer la guitare fingerstyle jazz du flatpicking jazz.
Et moi et moi et moi ?
Donc moi je joue du « modern acoustic instrumental fingerstyle steelstring picking ». Je mettrai ça dans la prochaine version de mon dossier de presse ! Ou pas !
La question c’est « est-ce que c’est vraiment ça le plus important » … car comme disait ce bon William (Shakespeare) :
Ce que nous appelons rose, sous un autre nom, sentirait aussi bon.