J’ai écrit un arrangement en picking de cette mélodie mondialement connue. C’est l’occasion de vous souhaiter d’ores et déjà de bonnes fêtes. Mais aussi de vous parler des diades et des triades dissonantes. Je lance un plaidoyer pour ne pas oublier le contexte harmonique et les accords qui sous-tendent les mélodies.
Stille Nacht, un peu d’histoire
Douce nuit, sainte nuit (en allemand : Stille Nacht, heilige Nacht Écouter) est l’un des chants de Noël les plus célèbres au monde. Ce chant est écrit en 1816 par le prêtre Joseph Mohr (1792-1848). À la demande de Mohr, Gruber compose la ligne mélodique inspirée du poème avant Noël 1818. La transcription la plus ancienne découverte remonte à l’an 1823, et est conservée au Musée de Salzbourg.
Les raisons de la composition du chant ne sont pas certaines. Mais une hypothèse est que l’orgue vieillissant de l’église n’étant plus en état, Mohr et Gruber décident alors de créer un chant destiné à être accompagné à la guitare. (source Wikipédia).
La tablature complète
Pour les plus pressés, voici déjà la tablature du morceau. Il vous reste quatre jours pour l’apprendre !
Télécharger le pdf : Douce nuit, sainte nuit (en allemand : Stille Nacht, heilige Nacht Écouter) H. X. Gruber
Si vous voulez une version (beaucoup) plus compliquée, mais un peu tordue, avec des accords intéressants :
Silent-Night-Douce-Nuit-Stille-Nacht.pdf (vanlochem.be)
Les diades et triades dissonantes
Les triades sont les groupes de trois notes qui constituent la forme la plus basique d’un accord. On en déduit évidemment facilement que les diades (ou dyades) sont des groupes de deux notes. Ces doublets de notes suggèrent souvent un accord qui sous-tend l’harmonie du morceau.
Lorsqu’on joue une mélodie simple en picking comme ce Douce nuit, on peut être tenté de jouer les notes mélodiques isolées sans placer un accord à la main gauche. Mais le chevalet et le sillet de tête de la guitare constituent un résonateur fait d’un seul bloc. Une partie de l’énergie vibratoire des cordes va se transmettre aux autres cordes et à l’instrument. Quand on va transmettre une énergie plus grande à la guitare, par exemple lorsqu’on joue une basse avec le pouce et une note avec l’index, la corde adjacente va vibrer, même légèrement. Si les notes adjacentes ne forment pas des intervalles harmonieux dans le contexte du morceau, on risque de légères dissonances.
Et c’est grave de faire des diades dissonantes ?
Dans certains passages, notamment sur un passage tel que les mesures 17 et 18 du morceau, on risque de faire vibrer les cordes de mi et de si (mesure 17) et de mi et de do (mesure 17) si on ne place pas d’accord. Même quand on ne joue pas ces notes, elles risquent de résonner.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce ne sont pas des intervalles très mélodieux dans le contexte de notre morceau. Dans un morceau lent, où les notes durent, ça va altérer la justesse de la note entendue. L’amplification aggrave encore ce phénomène.
C’est pour cette raison que dans la tablature, l’accord complet est donné, même si en théorie on ne jouera que deux notes, la basse et la note de la (mesure 17) ou de do (mesure 18). Ici, j’ai placé une note entre parenthèse pour illustrer les diades, mais ce sera rarement mentionné.
Faites le test en jouant avec et sans la note « fantôme » de re. Attaquez avec votre index ou votre majeur en jouant vers le haut.
ou avec et sans la note « fantôme » de fa# :
Dans le second cas, la note mélodique aura plus belle allure et vous pourrez attaquer vos notes avec plus de franchise, ce qui bénéficiera à la dynamique de votre interprétation. En ajoutant la basse du morceau, vous obtenez un accord complet.
Je pense que la démonstration est plutôt concluante.
Ne faites pas l’impasse sur l’accord ou la diade qui sous-tend une note mélodique, surtout si cette note a une certaine durée. Quand vous faites l’arrangement d’un morceau, n’hésitez pas à faire sonner la corde adjacente à celle où se joue la note mélodique. Vous pourrez ainsi avoir le contrôle parfait du son harmonieux de vos morceaux.