Je ne sais pas vous, mais moi j’ai souvent un petit coup de blues après les concerts. En sortie de scène, un peu sonné par l’effort, je range le matos en essayant de limiter le bordel pour la prochaine fois. Je suis vaguement euphorique, les gens viennent me saluer et me féliciter. Plus tard, au début de le nuit, l’euphorie cède la place au démon de l’auto-critique. Chez moi cela peut aller jusqu’à remettre en cause la sincérité ou la compétence des personnes qui ont apprécié le concert.
Parfois on se remémore des petites erreurs dans un morceau, d’autre fois c’est tout un set ou plus rarement tout le concert qui était à côté de la plaque. Souvent on a un doute, parfois on est certain qu’on s’est planté.
Shit happens in concerts
Tout d’abord, du plus petit au plus grand, tous les artistes ont déjà fait des erreurs ou ruiné un morceau ou même toute une performance. Parfois la contre-performance est là, tout simplement. Personne n’est une machine. Rassurez-vous, si ça ne vous arrive jamais, c’est que vous ne tournez pas, ou que n’êtes pas objectifs à propos de vos prestations.
Parfois le concert était raté, seulement pour vous et le public n’a rien remarqué.
Certains soir, c’est une erreur de casting entre le public, l’événement et vous. Vérifiez que votre projet n’est pas ambigu dans vos supports de communication. Vous ne pouvez et ne devez pas plaire à tout le monde.
Fait de son mieux ou peut mieux faire ?
La première question à laquelle il faut répondre est sans doute la plus difficile. Compte-tenu de votre degré de préparation, et le statut de votre matériel, était-il possible de faire mieux ? Quand on a juste fait de son mieux, c’est qu’on était mal préparé ou mal équipé.
Passez en revue votre état d’esprit, votre santé (sommeil, alcool, drogue), votre forme physique générale. Endossez la pleine responsabilité personnelle pour tous les éléments qui sont sous votre contrôle. Analysez comment votre utilisation et votre connaissance de votre instrument peuvent s’améliorer en vue d’une meilleure performance.
C’est un bon moyen pour pouvoir changer dés maintenant ce qui est à votre portée pour éviter les échecs futurs. Il ne s’agit pas de trouver des excuses ou des coupables, mais des solutions.
Si les spectateurs apprécient vos concerts, vous avez fait le boulot. Ne vous excusez jamais d’être là !
Qu’est ce qui a mal tourné ?
Il faut arriver à mettre le doigt sur les points exacts qui ont dysfonctionné. Comment cela a affecté la prestation ? Même si vous pensez que l’erreur est le fait d’un tiers, que ce soit l’organisateur ou le sonorisateur, vous devez analyser comment avez communiqué avec eux. Avez-vous pris le temps pour bien faire les choses, techniquement et humainement ? La relation avec un public compliqué peut-être analysée et améliorée. Si les problèmes semblent totalement en dehors de votre champ d’action, vous pouvez peut-être anticiper pour éviter qu’ils ne se répètent.
Qu’est ce qui était inévitable ?
Il faut prendre l’inévitable avec grâce. La météo, les pannes de courant, les mouvements de foule sont des éléments incontrôlables. Vendredi, j’ai été heurté par une cycliste déséquilibrée qui a mal géré son arrêt pied à terre. Malgré le rapport de masse à mon avantage, le pas de côté m’a sorti de mon morceau. Je dois peut-être mieux baliser mon espace ?
Par contre je suis assez satisfait d’avoir pu gérer les enfants qui envahissaient mon espace scénique(volontairement et dans le seul but de narguer leurs parents qui l’avaient interdit). Il ne faut pas trop perdre de temps et d’énergie à ruminer ces éléments. Par contre, mon trou de mémoire dans une chanson était parfaitement évitable, de même qu’un pain dans un morceau.
La plupart du temps le public est bienveillant et patient si les conditions sont rendues compliquées par des impondérables. Ne donnez pas trop de signes d’agacement ou de colère. Vous excuser en essayant de faire porter le chapeau à d’autres pendant le concert vous fera passer pour peu professionnel. Vous faites partie d’une équipe qui essaie que les concerts se passent au mieux, ne l’oubliez pas.
Ce qui ne te tue pas … te fera faire de meilleurs concerts !
C’est arrivé et ça vous arrivera encore. Plus vous jouerez, mieux ça ira. Soyez résilient et encore mieux préparé pour les prochains concerts …