A force de dresser un portrait noir du pays noir, tout le monde en a peur. Je ne compte pas les gens qui m’ont dit “Jouer à Charleroi ? T’es fou ?” … même mon GPS, en plein milieu du Ring de Charleroi m’a suggéré de “FAIRE DEMI-TOUR DES QUE POSSIBLE !”.
Néanmoins, j’arrive sur place.
La rénovation du Bois du Cazier, que je ne connaissais que de nom, est assez remarquable. Il faudra que je visite tout ça un jour …
Arrivé dans la forge, je croise le forgeron qui finit sa journée (c’est une vraie forge). Il me propose une berline (les petits chariots de mine) pour poser l’ampli. Reste à la déplacer ! … Sous un couvercle en bois, la berline cache un petit secret, c’est un transformers-barbecue …
J’installe le matériel près des machines de la forge pour profiter du décor. L’acoustique est médiocre, mais soit. J’avais prévu une lampe led de couleur pour avoir une lumière d’ambiance, mais sous la lumière blanche des ateliers, on la voit à peine … un peu d’éclairage de scène, encore un investissement à prévoir.
Les invités arrivent pour l’apéritif et je cherche un responsable pour me présenter et lancer le set. Tout le monde se défile par peur du micro … Finalement, je trouve une victime courageuse et consentante, que je remercie encore.
Un autre responsable se chargera sympathiquement de prendre quelques photos avec mon appareil. Ce n’est pas tous les jours qu’on joue dans une forge !
Je commence à connaître la musique: les gens mangent et écoutent d’une oreille distraite, il ne faut pas s’attendre à de grands retours, ni des applaudissements. Pourtant, au troisième morceau, le “lovely roadie”, une salve d’applaudissements inattendue part d’une table. Plus tard, un des responsables me dira “de ne pas m’en faire que mon set est très bon et que les gens apprécient”, mais après le village de Noël et quelques restos je sais déjà comment ça se passe, et au moins ici, il faut chaud (presque trop chaud). Je m’amuse bien dans mon coin, et je croise des regards, des sourires, je perçois des signes d’encouragement.
Musicalement, le set se passe très bien. Je zappe un morceau à la fin du premier set, j’ai un coup de fatigue et le Sporting Elixir de Jacques Stotzem me semble un Everest à gravir à ce moment là. Ce sera le seul morceau que je ne jouerai pas ce soir là. Je jouerai même la reprise en picking de “Je me suis fait tout petit” de Brassens que j’avais éliminé de ma playlist, à force de me planter dedans.
Je profite de l’interruption pour manger un bout (des sushis et un peu de poisson pour rester léger). De l’eau.
Début du second set, avec une pente légère à gravir, à cause de la digestion. Les invités commencent à partir vers les navettes pour la gare et je finirai devant un public réduit. J’en oublie de présenter mes morceaux en anglais …
Déjà, les serveurs débarrassent les tables et je demande au micro qu’on me sauve un verre de vin … mauvaise surprise, j’ai eu le fond d’une bouteille, avec des cristaux d’oxalate … j’ai la langue comme un bout de bois après ça.
Quelques échanges avec les derniers convives dont certains m’assurent qu’ils ont reconnu toutes les reprises, même un Lavilliers(!). Dans le fond, c’est assez rassurant qu’ils puissent penser que ce ne sont pas majoritairement des compositions 🙂 Au moins qualitativement personne n’a tiqué, c’est important.