Un marathon des doigts, une tente qui sent le pâté, un public de 7 à 77 ans, un ampli qui joue le jeu … et moi et moi et moi.
La balade gourmande d’Etalle approchant, j’essayais de me souvenir ce qui m’avait poussé à accepter ce véritable défi pour un guitariste: jouer 5 à 6 heures en continu devant un public très varié et nomade. Réponse ci-dessous.
L’an passé, j’avais joué à la croisée de deux sentiers aux milieu des bois. Dans la petite enquête de satisfaction d’après balade, j’avais été plébiscite Est-ce pour cette raison que cette année, je suis promu pour jouer dans un chapiteau à l’abri du vent et des intempéries ? Je suis au stand pâté, mais je n’en tire aucune conclusion 🙂
Je dépose mon camarade Rumelin qui s’en va vers son poste avec un des organisateurs.
La balade gourmande est une balade d’environ 10 km émaillée d’étapes de dégustation de produits de bouche. Attention, on ne parle pas de pain-saucisse-ketchup, mais de dégustation de produits artisanaux proposés par des passionnés. Ma femme et mon aîné faisaient la balade et la description du menu était alléchante, d’autant que chaque étape s’accompagne d’un alcool du cru ou d’une bière spéciale.
J’ai emporté le nouvel ampli à piles, à moitié convaincu. Mais une fois arrivé sur place et après attribution de mon poste dans un chapiteau, j’étais bien content de l’avoir pris. Même quand le chapiteau était rempli de gens qui parlaient entre eux, ceux qui voulaient me tendre une oreille bienveillante pouvaient m’entendre. Posé sur un pied de micro, à hauteur des tables de brasserie, il a bien tenu son rôle. J’avais fait quelques tests avec les batteries d’origine, et j’ai du changer les 6 piles crayons en cours d’après-midi. Durée de vie estimée des piles à volume élevé avec reverb enclenchée, 6-7 heures, ce qui est tout à fait honorable. Des accus seraient plus écologiques, mais pour un usage aussi occasionnel, ce serait moins pratique.
Dans une balade de ce genre, il y a une véritable sédimentation des groupes, et on voit se succéder des paquets homogènes, les gens pressés (levés tôt et peu enclin à écouter la musique), la troupe des poussettes, le troupeau de famille avec chiens, les fêtards qui ferment le cortège en traînant à chaque stand.
Des enfants m’ont dispersé pas mal de cartes postales et de cartes de visites, j’espère que quelqu’un les trouvera dans une poche ou sur une table et visitera mon site..
Dans chacun de ces groupes, j’ai eu des sourires, de l’écoute, de l’attention, des compliments. On m’a demandé si j’avais des CD. Non, Madame, je n’en ai plus, mais on y travaille.
J’ai rencontré les organisateurs du tout premier stage de guitare de ma vie, à Virton. Souvenir-souvenir ! Marrant de penser au gamin timide que j’étais, et de se dire que finalement la musique a trouvé son chemin en moi pour m’amener à jouer devant des gens.
Pour faire simple, je joue mon set de concert 5 fois en intercalant des balades quand la salle se vide ou quand je fatigue. Peu d’interruptions, quelques instants pour une pause-pipi, ou répondre à une question et on reprend. Grâce à l’ampli je ne dois pas jouer « contre le vent » et je peux m’économiser un peu, mais au bout de 5 heures, je commence à avoir des crampes aux mains.
Les reprises en rock-acoustique ont évidemment plus de succès dans ce genre de contexte. Smoke on the water ou Boys don’t cry et même mon Lovely Roadie. Mais Sorrow marche assez bien pour une balade nostalgique. De quoi m’aider à affiner la playlist de mon (futur) CD.
Un dernier groupes de fêtards me demande du rock et des trucs qui bougent, je trouve encore l’énergie pour leur jouer les morceaux les plus pêchus de mon répertoire, en forme de dernier coup de rein avant la fin du marathon des doigts. Maintenant je sais que c’est pour ce genre d’enthousiasmes que j’ai dit oui !
Au bout de quelques heures, j’ai réussi à m’enfoncer dans le sol à l’endroit où je jouais … c’est ça qu’on appelle faire son trou dans le métier ?