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Compte-rendu de la Balade gourmande à Etalle

Expédition dans le cul (au sens géographique) de la Belgique, un briefing parfois loin de la réalité de terrain, une course poursuite dans Etalle, un public sympathique et un QR code qui fait recette.

Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer le briefing initial:

  • abri pour le musicien (environnement fermé ou semi-fermé pour des raisons acoustiques) 
  • électricité pour l’amplification 
  • accueillir des groupes en musique: jouer 2-3 morceaux puis pause pour attendre le groupe suivant pour environ 3h30 de jeu au total
  • repas et possibilité de déguster les spécialités des divers stands de la promenade
  • installation au stand sorbet

Ma foi, vu comme ça … la réalité sera, comment dire … légèrement différente !

Départ de la maison vers 7h15 pour ramasser le conteur et une (charmante) harpiste qui se posteront divers postes le long du parcours. La route se passe sans encombres, et nous sommes légèrement en avance au point de rendez-vous.

L’homme providence est en retard. Un homme providence, il y en a toujours un: c’est celui qui a les clés, la carte, le briefing, le contrat, les informations, le walkie-talkie ou le gsm. C’est celui qui court, qui sue et qui jure et qui porte ce genre d’évènements à bout de bras. C’est celui qui vous perd et perd votre temps dans son affairement. Dans son effort, il oublie parfois qu’il a affaire à des gens qui correctement informés, avec infos de contact et cartes correctes pourraient sans doute parfaitement se débrouiller, au prix d’un dernier coup de fil pour les 100 derniers mètres.

Monsieur Providence nous invite à le suivre pour nous déposer à nos postes. Je le suis, mais sa manière de conduire ne ressemble pas à la manière de conduire de quelqu’un qui se veut suivi, je malmène un peu mes passagers. Soudain, il descend de son véhicule et disparaît dans la buvette du hall omnisports. Renseignements

pris, nous n’étions censé le suivre que lorsque il serait passé nous récupérer à l’endroit où il pensait nous avoir laissé. Retour à la case départ.

Finalement nous arrivons en convoi au stand sorbet: une caravane, une longue tonnelle, un groupe électrogène qui “poutpoutpète” dans son coin. Le bruit du groupe électrogène me gène un peu, mais bon, une fois amplifié, ça devrait aller. J’ai mon abri et du courant, on ne va pas se plaindre. Il reste peu de temps pour s’installer. Mais je fais face au véto du glacier. Il ne veut pas de mon ampli sur son groupe électrogène, parce que les amplis font sauter les frigos (?). Finalement, la harpiste prend mon poste, mais s’avance d’une cinquantaine de mètres dans les bois pour ne pas subir la pollution sonore du groupe électrogène. Elle enfile sa robe verte de jolie harpiste et prend position. Il ne reste que peu de temps avant l’arrivée des premiers groupes.

Nous suivons notre guide sur un sentier qui s’arrête dans un coin de vallon où il me dit: je n’ai plus que ici pour te mettre et il n’y a pas de courant. Il est embarrassé visiblement, mais ajoute “C’est comme ça !” (par ma famille, je connais bien le caractère des gens de ce coin du pays, un bon coeur dans une main un peu rude). Mais on est à trois sur l’affaire, je suis chauffeur des deux autres, je n’ai pour habitude (à tort ?) de faire ma diva, on s’adaptera. Mais je préviens, qu’à la moindre goutte de pluie je suis dans la voiture. Je ne regrette pas d’avoir opté pour des chaussures de marche et un look tout-terrain avec mon vieux chapeau informe.

A partir du moment où on décide de jouer, il n’y a plus de compromis ou de demi-mesure, il faut tirer le meilleur de la situation. Je parcours mon espace scénique, tout d’abord décidé à me servir de la voiture comme point d’ancrage. Je déploie également mon matériel promotionnel: des cartes promo, une biographie sur un A4 et le QR code de mon site internet.

Balade contée à Etalle (1/05/2012)

la voiture - loge et backstage

Je repère un endroit plus adapté à environ 50 mètres. Un endroit où le sentier s’encaisse entre deux talus qui donnent une réverbération naturelle, au pied d’une grosse souche qui me permet d’installer mon matériel promotionnel: des cartes promo à distribuer, une biographie et un QR-code qui pointe vers mon site.

Balade contée à Etalle (1/05/2012)

L'autel votif portatif de voyage

Le talus me permet de voir arriver les gens et crée une scène naturelle.

Je finis mon installation et commence à jouer pour m’échauffer lorsqu’un grand chien vient me sentir l’arrière des jambes. Heureusement, je n’ai pas peur des chiens 🙂 Un couple habitant dans le  coin promène deux chiens et s’étonne de voir un “troubadour” perdu au milieu des bois. Leur sympathie et leur interet pour ma musique éclaire ma journée d’une autre lumière et me rappelle que le plus important, dans le fond, c’est d’aller vers les gens avec ma musique.

Je leur joue “Entre chien et loup”. Sur le départ, lui me lance, “si j’avais eu de la monnaie, je vous en aurais laissé” – je prends la balle au vol “ne disiez vous pas que vous habitez pas loin”. Et de fait, à mon grand étonnement, ils repasseront quelques minutes plus tard, me laissant un généreux pourboire, refusant même mon CD démo, en m’invitant à le vendre au suivant.

Les premiers marcheurs arrivent, en grappes. Entre 1600 et 2000 personnes vont passer devant moi, toujours par groupes d’une dizaine tout au plus. Ce qui marche le mieux évidemment, ce sont les morceaux pêchus, dynamiques, le rock et le ragtime, mais la fatigue arrive au bout d’une heure et demie. Les pauses promises sont un fantasme, l’écart entre les groupes suffit à prendre quelques gorgées d’eau, tout au plus.

Balade contée à Etalle (1/05/2012)

Balade contée à Etalle (1/05/2012)

Assez rapidement, je développe une stratégie pour gérer mon effort. Lorsque j’aperçois un groupe au loin je joue la première partie d’un morceau et je la fais tourner jusqu’à ce qu’ils soient à ma portée, et ensuite seulement je joue le milieu du morceau … et la reprise et la finale quand ils sont devant moi. Si ils sont arrviés pendant un morceau rapide, j’enchaine sur un morceau lent et vice-versa. Cette manière de faire me permet de remplir plusieurs objectifs:

  • rester en mouvement et en son pendant que le groupe approche
  • gérer mon énergie en restant sur des passages peu énergivores
  • montrer au moins deux facettes de mon univers à chaque groupe
  • cueillir des applaudissements et ouvrir l’espace entre deux morceaux pour des interactions
La harpiste épuisée (mais toujours charmante), me confiera avoir usé rapidement des mêmes astuces.

Le public est sympa, ils prennent le temps, malgré le parcours de 10km de s’arrêter pour me prêter une oreille et je goûte de nombreux petits succès successifs. L’air de rien, je passe un bon moment au grand air …

Beaucoup de gens lisent ma biographie et emportent des cartes promo pour se souvenir de l’url du site, je vends quelques CD promo également. Mon QR-code n’aura jamais eu tant de succès … je pense qu’une centaine de personne l’ont scanné … c’est dingue qu’il aura fallu que je me retrouve au milieu des bois pour que ce gadget pour geek trouve un public. Pratique et inattendu, la clé de ce succès ? 

Le quad dépêché dans les bois par les organisateurs passe à plusieurs reprises me demander si tout se passe bien, si j’ai besoin de manger ou de boire. Au moment où j’aurais volontiers craqué pour une bière, ils ne passeront plus. Mais En plus d’une assiette froide de hors-d’oeuvres variés tout à fait correcte, j’aurais également une assiette de ce que je pense être du jambonneau et de gratin au fromage d’Orval.

Les mouches sont tenaces dans le coin et de temps à autre, l’une d’entre elle vient se poser sur ma main et n’en bouge plus, malgré que je joue et bouge beaucoup. Je tente de la déloger en soufflant, en vain. Et ces autres insectes qui ont insisté pour inspecter mon nez ou mes oreilles, … quel bon exercice de concentration.

Petit incident, en puisant dans ma poche pour rendre la monnaie sur un CD, je fais tomber un de mes onglets dans les feuilles mortes, je n’ai pas cherché plus de 30 secondes. Un homme doit savoir quand la nature a le dessus.

Balade contée à Etalle (1/05/2012)

un onglet se cache sur cette image, pourras tu le retrouver ?

Au final, les groupes s’étirant en longueur, je vais jouer pendant environ 6 heures, sans interruption notable en consommant 5 litres d’eau. Je joue en T-shirt ou avec ma veste selon les variations de la météo. A un moment, j’espérais même qu’un peu de pluie vienne m’offrir une pause, mais pas d’abandon de poste, la pluie ne viendra pas, tant mieux pour les organisateurs et tant pis pour la pause.

Balade contée à Etalle (1/05/2012)

same player plays again, and again, and again ...

Après passage des derniers participants, où je m’étonne d’encore pouvoir balancer du lovely roadie ou du ragtime, je me replie sur le camp de base, où nous retrouvons notre harpiste des-harpée … elle a voyagé dans un véhicule différent de son volumineux instrument. Le second véhicule est parti faire “une petite course sur le trajet”. Course qui durera une heure trente en tout.

Je bois une bière en attendant, puis retourne à ma voiture garder les sacs et perndre l’air, l’ambiance foire au boudin (sons et odeurs) de la salle omnisports est un peu dure après une journée dans la nature.

Retour sur Liège, fatigué, mais content d’avoir pu toucher autant de monde en une fois … je surveille les statistiques de mon site, histoire de voir si cette épuisante session de promo va se marquer.

Merci à tous ceux qui m’ont écouté, ceux qui ont applaudi, ceux qui m’ont souri ou salué en passant !

ouille, mes doigts ...

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