On a tous des moments dans la vie où il faut se résoudre à mettre la guitare entre parenthèses, pour un jour, pour une semaine, quelques mois ou un an. Les motifs sont aussi valables que divers : études, mariage, naissance, déménagement, expatriation temporaire, raison médicale.
La guitare utilise beaucoup de mouvements fins et d’automatismes reposant sur la mémoire dactyle et tactile. La mémoire surtout cette mémoire mécanique se travaille par la répétition. Stéphane Grapelli disait : si je ne répète pas un jour, je l’entends, si je ne répète pas deux jours, ma femme l’entend, si je ne répète pas une semaine, le public l’entend.
Quand on reprend son instrument après une brève interruption, par exemple de quelques jours, il faut veiller à ne pas se claquer, tout comme un amateur de jogging reprendra par un léger décrassage pour se remettre en jambes. Echauffement, en souplesse, pas de morceaux trop physiques. Retrouver les sensations et le plaisir, avant de monter en puissance.
Pour une interruption plus longue, par exemple de quelques mois. Il faudra reprendre les morceaux de ses débuts pour se reconnecter et regravir les marches vers le niveau auquel on a quitté. On grimpera évidemment plus vite et avec un pas plus sûr que quand on était débutant. On doit réveiller ses souvenirs en les reliant à des choses faciles et réentrainer son corps à pratiquer les mouvements qui lui ont été familiers. Il est indispensable de s’interroger sur les fondements de la technique utilisée. Pour le fingerpicking, il s’agit du travail des doigtés de main droite, du travail en accords de la main gauche et de la précision rythmique.
Il faut être intransigeant sur cette base technique qui permettra de revenir à son meilleur niveau. En d’autres mots : se ruer sur un morceau préféré, mais perdu de vue, le bâcler techniquement et découvrir le massacre va plutôt être une source de découragement. Autant reprendre avec des choses qui font plaisir, voire des nouveaux morceaux d’un niveau équivalent pour se remettre dans une logique d’apprentissage. Remettre la ceinture blanche par-dessus la noire est de toute manière un état d’esprit à cultiver.
Identifiez les problèmes, les acquis, et attaquez-vous au premiers qui sont les freins à votre progression. C’est l’occasion d’ajouter des bonnes habitudes et de la maturité à sa méthode de travail : répétition planifiées, métronome, travail sur le morceau entier, sans négliger les passages ardus, sans se détacher de la partition originale.
Pour mettre toutes les chances de votre côté, recréez les conditions de jeu dont vous avez besoin. On définit une hygiène de travail : On ne « trouve » pas le temps, on le « prend ». On change ses cordes, on règle son instrument, on lui rend une place dans sa vie, et dans sa maison … ! On remet la main sur les partitions, on se remet un lutrin avec ses partitions préférées, on change les piles des accordeurs.
Et surtout on se fixe des objectifs réalistes, tant dans le temps que par rapport à son ancien niveau (qu’on a parfois tendance à idéaliser un peu avec le temps).
Allez, on s’y remet demain ?