Un peu de vocabulaire ? L’anatomie de la scène de festival !

Elle hurlait dans son smartphone pendant le set de Quentin Mosimann au Francos : « On est juste à côté du discobar ! ». Non, Mademoiselle, malgré le genre musical, tu n’es pas en boîte, et tu te trouves à côté de la régie son « façade ». Une petite leçon de vocabulaire ?

Mettons un peu d’ordre dans le jargon de la scène.

Régie scène pour un concert - utiliser le bon vocabulaire

Régie scène pour un concert – utiliser le bon vocabulaire

Partant du fond de l’esplanade, derrière la régie-son, où je me trouvais pour protéger un tant soit peu mes oreilles, on trouve divers éléments qui sont désignés par un vocabulaire spécifique.

La régie son : située en face de la scène, remplie de quelques flight-cases noirs et d’armoires de matos avec des boutons et des petites lumières, des consoles de mixage, des mecs de dos avec un casque sur la tête avec des T-shirts (obligatoirement noirs) à message variant de « you need me » à « fuck-off » selon l’humeur ou l’humour du jour. Alternativement le T-shirt du concert mythique d’un groupe culte du rock laisse planer un doute sur le fait qu’il était aux manettes ce jour-là. Parfois, pour les pros, le T-shirt de la société de sonorisation est obligatoire.

On parle parfois de régie son façade, c’est-à-dire qu’elle concerne exclusivement le son destiné au public. Dans ce cas, une petite régie dite régie de retour sur le côté de la scène s’occupe du son destiné aux artistes. Souvent un trouve regroupé avec la régie son, une régie lumière et une régie vidéo qui diffèrent par la partie du spectacle dont ils s’occupent.

La fosse : c’est vous, c’est l’endroit entre la régie et la scène où se trouvent la majorité des gens. On parle de jauge pour la capacité des salles et des esplanades. Équilibrer l’envie que le public aura de voir un artiste et la jauge potentielle de chaque scène est un casse-tête pour les organisateurs.

La rampe : c’est le bord de la scène qui a prêté son nom à toute une série d’expressions – être sous les feux de la rampe, pour un artiste qui entre dans la lumière, franchir la rampe, pour un artiste qui a réussi à toucher son public.

L’avant-scène : la portion de scène exactement située entre la rampe et les rideaux et structures qui délimitent le cadre extérieur de la scène. C’est l’endroit où on trouve les retours, ces haut-parleurs posés au sol et dirigés vers les musiciens. C’est l’endroit où le chanteur vient agiter son corps en sueur et où le guitariste vient faire son solo.

Les retours : ce sont des enceintes posées au sol et inclinées, destinées aux artistes et orientées vers eux. Le son qui en sort n’est en général pas le même que celui de la façade, ce qui justifie l’existence d’une régie retours dédiée qui s’occupe également des In-Ear ou oreillettes, quand les artistes ont des écouteurs intra-auriculaires pour mieux entendre un mixage personnalisé de leur propre retour. On parle parfois de « moniteurs« , un terme employé au Quebec, mais chez nous ce mot fait partie du vocabulaire utilisé pour désigner les enceintes de contrôle de studio.

Le backstage ou coulisses : l’arrière et les côtés de la scène, parfois dissimulés par des rideaux (au fond) et des pendrillons (sur les côtés) où vont et viennent les techniciens et les roadies, où se préparent les changements d’instruments et de costumes. Par extension ce terme désigne toute la face cachée d’un spectacle. Suivre un artiste en backstage comme je l’ai fait pour Jacques Stotzem est toujours passionnant, et les plus chanceux peuvent rencontrer leur artiste préféré en backstage pour une photo qui fera pâlir de jalousie leurs amis.

Le plateau : l’ensemble de la scène, avant-scène et backstage compris. Il est composé de praticables, sortes de tables rectangulaires qui surélèvent la scène et servent à donner du relief à celle-ci, par exemple pour y installer le batteur. Par extension le terme plateau désigne aussi l’ensemble des artistes d’une soirée ou d’un festival. Ex : cette année, les organisateurs ont réuni un plateau exceptionnel à Spa pour l’édition 2015 des Francofolies.

Le plateau est parfois encombré de flight-cases ou « Fly ». Ce sont des caisses robustes renforcées avec des cornières et des coins en aluminium. Ils protègent le matériel qui doit être transporté dans des conditions rudes. Ils peuvent être gerbés (empilés), et ont généralement des roues.

Le fond de scène ou lointain se passe d’explication, c’est là que s’arrête votre regard si vous n’avez pas de backstage-pass.

Les structures, les ponts (horizontaux) et le grill (l’ensemble des ponts) sont les éléments tubulaires où se fixent les lumières. On parle également de la cage de scène, l’ensemble formant une sorte de boîte couvrant le plateau. Au théâtre, on est plus spécifique sur le vocabulaire désignant ces divers éléments. Par exemple, on ne dit pas gauche et droite, mais « Jardin et cour » (*) mais on ne va pas se lancer dans ce vocabulaire un peu pédant.

La façade est l’ensemble de sonorisation destiné au public. Composé de nombreux éléments servant à reproduire  les aigus (tweeters), les mediums (originalement appelés médiums) les basses (woofer) et les ultrabasses (subwoofers ou sub). Les éléments sont parfois dispersés ou accrochés aux ponts pour une meilleure diffusion dans l’espace et le temps. Les éléments empilés et incurvés, parfois surnommés bananes visent à diffuser le son de manière à ce qu’il atteigne l’ensemble du public de manière synchronisée dans le temps sur de grandes distances. Cela évite une dégradation du son due à des réflexions ou une diffusion incohérente dans le temps et l’espace.

Voila, un petit tour du vocabulaire pour décrire l’anatomie de ce qui se trouve devant vous lors d’un festival. J’en oublie sûrement … n’hésitez pas à compléter.

Dans le prochain billet, on parlera des noms des métiers des coulisses du spectacle.

(*) L’intérêt de parler de cour et de jardin est de pouvoir communiquer en évitant l’ambiguïté de « ta » droite face à la scène et « ma » droite vue depuis la scène. Jardin est à gauche, face à la scène, cour est à droite … comme dans le nom de Jésus-Christ. L’expression nous vient du vocabulaire propre au théâtre du Palais des Tuileries dont la salle donnait réellement sur la cour du Louvre d’une part, et sur le Jardin des Tuileries d’autre part.

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