Jacques Stotzem et Rory Gallagher : une rencontre, un hommage, un rendez-vous

Comment rebondir après l’énorme succès d’un album ?

Pour un musicien passionné comme Jacques Stotzem, la question ne s’est jamais posée. Si le succès du premier album Catch the Spirit a tout simplement bouleversé sa vie de musicien, ce n’est pas arrivé par hasard, ni du jour au lendemain. En grand fan de Hendrix ou de U2, il joue des arrangements de leurs morceaux lors des concerts. A chaque concert, le public ne manque pas de témoigner de son enthousiasme pour ces morceaux de rock acoustique. Pourquoi ne pas en arranger quelques-uns de plus et sortir un album réussissant à capturer l’âme du rock sur une guitare acoustique ?

Voici Catch the Spirit.

CatchTheSpirit

Sur cet album, Jacques Stotzem capture l’esprit et les mélodies de morceaux classiques du rock en y apposant sa « patte » de soliste et son style inimitable. Grâce à un travail d’arrangement patient et minutieux, Jacques Stotzem a atteint un succès dépassant la sphère des amateurs de guitare pour toucher les fans de rock et le grand public grâce au soutien de Classic 21, enthousiasmé par les arrangements audacieux et précis de ces classiques du Rock.

L’album sera classé quatrième dans l’Ultratop belge et classé pendant quarante-et-une semaines , et trente-deuxième dans l’Ultratop international, un résultat incroyable pour un musicien seul, jouant de la guitare acoustique.

lonely-roadLa tournée qui suit la sortie de cet album est fabuleuse et lui inspire l’album Lonely Road, un album de compositions personnelles nées pendant l’année de tournée de promotion de Catch the Spirit. Cet album rassemble des impressions de la vie d’un musicien seul sur la route, vivant toujours entre hier et le concert du lendemain.

Mais l’abondante matière musicale est à portée de doigts, l’envie toujours présente, et l’idée d’un second volet de Catch the Spirit se concrétise.

CatchTheSpiritIINouveau succès !

Lorsque naît l’idée de faire un album de reprises acoustiques de monstres de la guitare rock, c’est tout naturellement qu’il arrange également des morceaux de Rory Gallagher, dont il est fan.

Sur le premier Catch the Spirit se trouve Moonchild un arrangement acoustique de Rory Gallagher qui décidera de la suite des évènements.

Mais revenons en arrière dans le temps.

1977, une rencontre bouleversante

Nous sommes en 1977, près de Liège et le jeune Jacques Stotzem, découvre Rory Gallagher sur la scène de la salle omnisports de Grivegnée (orthographié erronément « Greveniers » sur le ticket original). L’énergie mêlée de génie mélodique de Gallagher en concert bouleversera celui qui sait déjà que sa vie entière sera dévouée à la guitare. Et bien qu’il soit guitariste acoustique, les influences de Jacques Stotzem sont toujours restées ancrées du côté des classiques du rock, de Jimi Hendrix à Led Zeppelin.

Rendez-vous 20 ans plus tard

Tout comme les arrangements de Jimi Hendrix ont attiré l’attention bienveillante de ses fans, l’arrangement de « Moonchild » attire l’attention du fan-club de Rory Gallagher, qui prépare une édition spéciale de leur festival annuel pour commémorer les 20 ans de la mort de Rory Gallagher. Rapidement les contacts enthousiastes entre l’artiste et les organisateurs débouchent sur une invitation à venir jouer à ce festival.

Rory-PosterMais pour jouer à un festival d’hommage, quelques morceaux ne suffiront pas, il faut un répertoire un peu étoffé d’arrangements de ses morceaux. En pleine tournée de promotion pour « Catch the Spirit II », Jacques prend sa guitare et travaille d’arrache-pied pour proposer un répertoire entièrement dédié à Rory. Et au fur et mesure que ce répertoire se construit, l’idée d’un album hommage s’impose naturellement.

Un défi de taille

Trouver des morceaux qui peuvent être arrangés sur une guitare acoustique et en extraire le meilleur pour les restituer seul, sur une guitare est un défi.

Tous les morceaux ne se prêtent pas facilement à cet exercice. Si l’on souhaite dépasser la « simple » harmonisation d’accords sur une ligne mélodique reconnaissable pour créer un morceau qui a une vie propre, au delà de sa notoriété préexistante, sans trahir l’esprit et l’énergie de l’original, il faut beaucoup de travail d’arrangement.

Puiser dans le répertoire d’un seul artiste pour en sortir un ensemble de morceaux arrangés à la guitare acoustique sous forme d’un album cohérent est une gageure. Arriver à faire découvrir et aimer à la fois la musique de Rory Gallagher, la guitare acoustique et la musique de Jacques Stotzem semble impossible.

Mais impossible n’est pas très Stotzem, voici « To Rory ».

CD Stotzem ToRory

CD Stotzem ToRory

Rendez-vous dans quelques semaines pour une première écoute … et la sortie officielle.
Pour patienter, les autres albums mentionnés sont disponibles sur le label Acoustic Music Records.

Le profond ennui de la nouvelle guitare acoustique.

Mon millième dimanche pourri passé à parcourir des forums parlant de guitares acoustiques, à regarder des vidéos. La millième vidéo « sensationnal, amazing crazy performance » avec un gars qui a passé des centaines d’heures à répéter pour tapoter sa guitare dans un accordage modal avec un épatant sens du rythme et une coordination des deux mains qui force l’admiration, sur deux guitares ou une guitare à deux, voire trois manches, ou une « incroyable » guitare à 23 cordes.

L'ennui

L’ennui

Millième fois qu’au bout de 30 secondes je m’ennuie … millième fois que je le dis et qu’on me répond :

« Quand tu sauras en faire autant on en reparlera ! »

Cet argument n’est finalement pertinent dans AUCUNE situation de la vie, et surtout pas dans le domaine de l’art, où l’on est face à un public qui se fie avant toute chose à l’émotion, au questionnement et à la résonance que l’oeuvre crée en lui en tant que spectateur et auditeur. Je préfère souvent encore détester une oeuvre pour des critères objectivables que d’éprouver de l’ennui à son écoute.

Perso, si c’est pour le plaisir des yeux, je préfère quand plusieurs personnes jouent sur une guitare ou quand il se passe vraiment quelque chose d’un point de vue musical, comme dans cette vidéo de John Gomm … dont le morceau tient debout sans la vidéo, contrairement à pas mal de stars de YouTube.

La question étant : « Êtes vous impressionnés ? ». On pourra toujours légitimement répondre que « non, c’est d’un profond ennui ». Un artiste ne peut et ne doit pas plaire à tout le monde et si le travail de mise en place est effectivement impressionnant, au bout du compte, c’est toujours un peu la même soupe depuis 30 ans, depuis Michaël Hedges. Mais il est certain qu’il y a un public pour ça, et c’est tant mieux.

L’exercice est souvent si prétentieux. Si la prétention est de dépoussiérer la guitare (en tapant dessus ?) ou de nous foutre la claque (rythmique) dans la face que notre manque d’admiration mérite, c’est bien souvent raté. Et si ça fait 30 ans que ça dure, peut-être que ce style est autant une impasse jouxtant l’ennui que les autres, bien loin de l’univers infini de possibilités qu’on nous vante et de la soi-disant nouveauté de la chose rabâchée et rebattue.

Pourquoi je ne me lasse pas de la guitare acoustique « old-school » ? Sans doute parce que la technique est passée au second plan depuis longtemps, y compris dans mon écoute. Peut-être parce que « ça » je sais faire – bien moins bien que d’autres sans doute – mais suffisamment pour lire et comprendre ce que j’entends ce qui m’évite l’ennui.

Je l’ai retrouvée !!

Gollum_ring

Et soudain c’est le drame …

Wanted - Dear or Alive - la manivelle

Wanted – Dear or Alive

Un drame se joue en ce moment. J’ai égaré ma bonne vieille manivelle, celle dont je dis toujours à mes élèves qu’ell est l’outil indispensable de tout guitariste.

Celle qui permet de changer les cordes vite et bien en assurant un bobinage régulier. Celle qui permet de couper l’excès de corde dépassant de la mécanique. Celle-là même qui permet de retirer les chevilles récalcitrantes …

C’est comme le lave-vaisselle, le machin dont on peut se passer jusqu’au moment où on en a eu un.

Je râle …