« Sans luthiers, pas de guitares » à la Ferme du Biéreau, le compte-rendu

Deux concerts le même week-end; ça me fait aussi deux comptes rendus à écrire. Je pense que si j’étais musicien à part entière je devrais sans doute renoncer à ce petit plaisir coupable qu’est l’écriture. Cette année le concert de cloture de la troisième promotion des luthiers la section de lutherie de l’IFAPME de Limal (Wavre) se tient dans la prestigieuse ferme du Biéreau, celle-là même où se tourne l’emission D6bel on stage.

Je me suis rendu lundi passé à l’IFAPME. Avec Jacques Stotzem, Laurent Lebeuf, Paolo Loveri et Augustin Foly qui ont évalué les instruments proposés par les élèves de Mathieu Boulet. Pour ma prestation, j’ai jeté mon dévolu sur une guitare folk préparée par Martin van den Berg, mais aussi une archtop réalisée par Valerian.

Le soundcheck

Après mon concert en Neuvice de la veille, le contraste est frappant, déjà rien que par la taille de l’endroit et la technique. Mais j’aime autant les petites dates que les grandes auxquelles je dois encore m’habituer pour être sincère.

Soundcheck - Sans luthiers pas de guitares

Soundcheck – Sans luthiers pas de guitares

J’arrive à l’heure pour le soundcheck. Les élèves apportent les guitares. Chaque musicien amène son ampli pour avoir une ligne dans la sono avec ses propres réglages.Avec les techniciens de la ferme du Biéreau, Jacques Stotzem et Paolo Loveri pour régler mon son, je suis en de bonnes mains.

Soundcheck - Sans luthiers pas de guitares

Soundcheck – Sans luthiers pas de guitares

J’aime beaucoup le son de l’archtop sur mon ampli, mais l’action (la distance entre les cordes et la touche) est vraiment très basse, à la demande de Paolo Loveri. Dès que j’attaque un peu fort, les cordes claquent sur la touche. Je me décide finalement à jouer tous mes morceaux sur la folk acoustique. Pour un guitariste, c’est compliqué de jouer sur un instrument qui n’est pas le sien, je préfère rester dans une relative zone de confort proche de mes habitudes de jeu. Cela ne remet pas en cause les qualités de l’instrument, l’archtop sera jouée par Paolo et Jacques par ailleurs, elle aura son moment de gloire.

Je pense que c’est mon premier soundcheck aussi « sérieux ». Ca prend du temps et ma Lovely Roadie s’ennuie un peu dans la salle. Après un repas sympa dans les loges il est temps de passer aux choses sérieuses.

Le concert « Sans luthiers pas de guitares ! »

'"

En plus de moi, quatre musiciens se succèdent sur scène: Paolo Loveri pour un répertoire jazz, Laurent Debeuf pour la guitare électrique, Augustin Foly pour présenter l’unique basse et Jacques Stotzem pour la guitare folk acoustique. La soirée commence par l’inévitable présentation des sponsors (en vidéo) et des mécènes bienveillants suivis du discours de bienvenue de Manuel Wilmot'"La soirée commence par Paolo Loveri. Cet homme sait tout jouer, du folk le plus clair au metal. Mais ce soir il est dans le registre jazz. Pour chaque instrument des photos des étapes de la construction sont diffusées sur un écran derrière les musiciens.'"Le premier duo de la soirée se joue entre Augustin Foly et Paolo Loveri avec le groove de « Cantaloupe Island » de Herbie Hancock. L’ambiance en coulisse est bon enfant, il fait chaud et on plaisante en attendant notre tour.'"Augustin continue en solo avec sa basse du jour … avec le groovy « Superstitious » de Stevie Wonder il nous fait découvrir sa voix et son sens de l’animation. Le plan de scène bien pensé permet aux artistes de se succéder sans temps morts pour le public. Les instruments neufs avec des cordes neuves se désaccordent bien un peu sous les feux des projecteurs. Mais il suffit de quelques tours de clés et tout rentre dans l’ordre.'"Mon passage en scène

Après le groove de la basse sur séquence rythmique samplée, ça me fait bizarre de ne jouer « que » de la guitare acoustique. Mais après tout le contraste franc est souhaitable en toutes choses. Je joue 4 compos sur la guitare de Martin van den Berg. Les petits réglages de la semaine passée ont fait merveille et elle sonne vraiment bien.

Jusqu’au moment de m’asseoir sur la scène j’hésite encore sur le nombre de morceaux à jouer. J’ai prévu de jouer Our Song, Have a Beer, Morning Glory et Entre chien et loup. Le temps n’est pas le facteur limitant. C’est l’aisance pour jouer « Have a Beer » sur une autre guitare que la mienne qui me préoccupe. Cette guitare est si légère, j’ai presque peur d’en jouer, sachant que je vais immanquablement laisser ma patte d’ours sur son vernis si délicat. Le son est un peu fin en début du premier morceau, mais je finis par « entrer dedans ». J’en oublie la guitare, seule la musique compte à ce moment. Elle sonne vraiment bien, c’est un plaisir. Le public semble apprécier mes compositions, mais rendons à César, une partie de ces applaudissements revient à la guitare sur laquelle je joue.

'"La suite

Laurent Debeuf que tout le monde connaît via Classic 21 me succède. Il va illustrer le son de la guitare électrique réalisée par un élève. Il fera la démonstration de son talent avec des covers guitare et voix sur des backing tracks de SRV, Téléphone et ACDC. Lui aussi fera le jeu des duos avec Paolo Loveri.

'"C’est ensuite le break et l’occasion de se rafraichir un peu au bar. Quelques commentaries sympas à propos de mon set, entre le bar et l’urinoir, ça fait toujours plaisir.

Mister Jacques Sotzem « in da place »

Tête d’affiche largement méritée grace à une carrière internationale époustouflante. Une maitrise de la guitare acoustique qui décoiffe, le voici enfin sur la scène du concert de l’IFAPME. Après trois années que les négociations pour le faire venir échouent pour des questions de calendrier de tournée incompatible, le voila sur scène.

'"Le second set lui appartient. Il joue également sur la guitare de Martin. De toute évidence, la guitare lui plaît et ce qu’il en sort est tout simplement sublime, comme d’habitude. Il risque même Oasis. Ca m’arrange, je dirai que c’est lui qui a fait toutes les grattes dans le vernis, haha.

Le duo dont j’ai tant rêvé

Jacques nous fait l’honneur d’un duo, une occasion supplémentaire de mettre les instruments en lumière. Si l’IFAPME réalisé le rêve d’avoir Jacques sur scène, je réalise un rêve d’ado en jouant sur scène avec lui. Je mentirais en disant que tout s’est passé aussi bien que je le désirais pendant ce duo, mais on a fait de la bonne musique ensemble. Je n’en retiens que le plaisir et la joie, moi qui pensais être submergé par le trac et l’émotion.

'"Il reste le finale avec tout le monde, un blues en La majeur un peu « improbablevisé ».'"

On salue, cette soirée s’est bien passée, tant dans son organisation que dans les divers moments musicaux qui se sont succédés. Bravo à l’organisation impeccable. Il y a tant de choses qui peuvent partir de travers. Tout est resté dans les clous, sans longueurs ou mauvaises surprises.

'"Les remerciements, les photos

Il reste à remercier et féliciter tout le monde … belle édition … vivement l’année prochaine !

Sans luthiers pas de guitares

Sans luthiers pas de guitares

Sans luthiers pas de guitares – David van Lochem – Martin van den Berg – Jacques Stotzem

Fête de la musique en Neuvice – le compte-rendu

Deux concerts le même week-end ça ne m’arrive pas (assez ?) souvent. Tout le monde s’est passé le mot pour organiser le même week-end: fête de la musique, remises de prix diverses, portes ouvertes et barbecues de fin d’année. Mon premier rendez-vous c’est la fête de la musique en Neuvice. Le El Senõr Duck Napo Estaminet m’a déjà accueilli bon nombre de fois et c’est chaque fois un plaisir d’y retourner, même pour boire un verre. Chaque prestation y est différente, empreinte du public présent.

Comme je sais que le public change en cours de soirée, j’ai modifié mon set pour intégrer un moment chantant au milieu. Des petites chansons au ukulélé, quelque chose de plus festif de plus participatif, comme pour le Sing-a-Long auquel j’ai participé.

Mise en place

Guitare, ukulele, sono et c’est parti. Je retrouve mon vieux copain la grosse barrique qui trône au fond du café. Celui qui a cru que je parlais du patron ou d’un client ira s’excuser auprès de lui, je ne me serais jamais permis. Il y a une vraie barrique au fond du café.

L’espace scénique est tout petit. Il n’y a place que pour une personne sur la « scène » (ou une bonne dizaine en se serrant un peu, comme je le découvrirai plus tard). C’est une sorte de Tetris avec des câbles. Tout doit rentrer en restant accessible. Comme ma roadie n’est pas disponible je monte le tout un peu en avance en espérant arrêter de suer avant de jouer, heureusement le bistrot est frais.

Fête de la musique en Neuvice

Fête de la musique en Neuvice

Finalement la barrique trouvera sa place en plus d’en prendre. Elle servira de support aux instruments. J’innove ce soir avec mon pédalier et mon système d’intras pour me permettre de pousser le volume plus fort sans devoir disposer mes diffuseurs pour me faire un retour.

Fête de la musique en Neuvicea

Fête de la musique en Neuvice

 

Le public : quelques amis venus m’écouter, quelques habitués et les étudiants fêtant la fin des examens. Premier morceau, bien joué, j’ai déjà oublié de mettre mes intras dans mes oreilles. On me demande si je connais des chansons « de vétérinaire ». Je ne vais pas m’en vanter, mais OUI « jeune homme », je connais un bon paquet de chansons paillardes. Et NON, je ne vais pas en chanter ce soir, faute de préparation. Faudra un jour que je me fasse un répertoire ad hoc pour ce genre de situations. A méditer !

Le concert : grosse fête et musique en Neuvice

Ricard et bière aidant les fêtards sont bien chauds et la partie chantée est bercée d’un chahut plutôt sympathique. Après tout on est là pour passer une bonne soirée, non ? Évidemment la musique souffre un peu quand on me tend un téléphone bras tendu pour dire à Roger (?) je cite « qu’on passe une putain de bonne soirée en Neuvice ». Mais ça me fait rire, j’espère participer un peu au fait que cette soirée est « bonne ». J’ai été jeune, j’ai fini des examens et j’ai déjà  été très bourré, parfois les trois à la fois. La fête de la musique est une fête aussi. Deal with it, j’en ai vu d’autres.

Par moments on se retrouve serrés sur la petite scène … 5, 6, 7 … 10 ? Je n’aurais pas cru qu’on mettrait autant de monde dans un si petit espace. Finalement la barrique et moi on est devenu copain, elle fait rempart de son corps ventru dans mon dos pour que tout ce monde ne me piétine pas le matos. Malgré tout, j’arrive à faire un peu de musique. Dommage pour les balades emplies de douceur. Les intras se révèlent salvateurs pour garder un semblant de flegme et de concentration. J’ai un peu de peine pour mes amis musiciens venus m’écouter, j’entrevois leurs visages dans la forêt de têtes. Ils ont l’air de souffrir pour moi, mais je vais bien. Je regrette un peu de ne pas avoir de photos de ce sympathique bordel. Pas de Roadie, pas de photos.

Le final

On me demande de chanter « Over The Rainbow ». J’avais promis à mon ami Ben de ne plus jamais la chanter. Ca devient un jeu avec le public, qui chante les « Ouh ouh ouh » de l’intro, après chaque morceau. Je finirai par trahir ma promesse à la fin du concert sous la pression populaire. Ce qui consolera mon cher ami, c’est qu’on l’a un peu massacrée avec enthousiasme dans un feu d’artifice de postillons Ricard-bière. C’est vrai que c’est une « putain de bonne soirée » tout compte fait. Je suis fier d’avoir tenu le cap que je m’étais fixé, malgré le vent de face. Ma bonne humeur est inoxydable.

Mon ami Michel m’aidera à résoudre un petit souci avec la sono en cours de soirée, merci. Si un jour j’ai besoin d’un ingé son, je sais à quelle porte frapper. Le coup de main pour le démontage et l’évacuation m’a bien fait plaisir aussi.

Après je range rapidement les instruments. Désolé les mecs, mais je ne prête pas ma guitare, surtout dans un contexte aussi éthylique. J’ai déjà du mal à la prêter à des gens sobres. Une bière bien méritée, quelques mots avec mes amis Seesayle, Michel et Lily que je rencontre IRL pour la première fois de ma vie. Ma lovely roadie vient m’évacuer, je dois garder des forces pour la suite du week-end.

Demain j’ai une date toute en contraste dans la très belle ferme du Biéreau, avec l’immense Jacques Stotzem et les non moins talentueux Paolo Loveri, Laurent Debeuf et Augustin Foly et une sonorisation de dingue devant un public assis.

Lecture : Fingerstyle Blues Guitar

Lecture : Fingerstyle Blues Guitar (image de l'éditeur)

Lecture : Fingerstyle Blues Guitar (image de l’éditeur)

Les livres sur le blues ne manquent pas. Mais fait plus rare, ici c’est du Blues en fingerpicking (ou fingerstyle) dont il s’agit. Pourquoi celui-là m’a tapé dans l’œil ? A cause du dobro en couverture ? Du sommaire ? Difficile à dire. Mais la maquette assez moderne de Fingerstyle Blues Guitar m’a plu.

Il est certain que plonger dans la manne de connaissance des méthodes de Stefan Grossman et autres pionniers de la pédagogie du fingerpicking serait passionnant, mais j’avais envie d’une lecture plus moderne. Mon objectif à court terme est d’un peu enrichir mon vocabulaire de traits et solos pour les impros occasionnelles. 

Première lecture, un avis à chaud ?

Bonne nouvelle, les tablatures sont complètes, avec le rythme et les exemples audio sont disponibles en ligne.

Le processus de téléchargement n’est pas inutilement laborieux. Fait appréciable, les 190 extraits audio à télécharger en mp3 sont tagués proprement et s’affichent donc correctement regroupés dans ma bibliothèque. Ca n’a l’air de rien, mais dans ma bibliothèque audio s’entassent des « example 1 » et autres orphelins égarés de l’une ou l’autre méthode qui me rendent dingue. Dommage que les exemples soient enregistrés à la guitare électrique (son clair).

Tout est propre et bien structuré. La maquette très propre garantit une lecture agréable. Évidemment, peu de matériel innovant, musicalement parlant, ça reste du blues. Il existe une édition papier, une édition pdf et une version pour Kindle, la liseuse d’Amazon ou pour iBooks. Avec une moitié du livre consacré au travail de l’indépendance de la main droite, ce livre s’adresse avant tout au guitariste débutant autodidacte motivé, mais aussi au guitariste avancé qui souhaite mettre un peu de liant dans ses connaissances sans forcément travailler sur du répertoire. 

Comme pour les 100 Acoustic Lessons, je vais puiser dedans pour apprendre, mais aussi pour enseigner.

Besoin d’une bonne leçon ? – « 100 Acoustic Lessons »

Pour prendre une bonne leçon : 100 Acoustic Lessons

Pour prendre une bonne leçon : 100 Acoustic Lessons

Ca fait un moment que je n’ai pas jeté un œil du côté des livres. Entre leçon de théorie stérile (pervertie par une approche violon ou piano qui ne convient pas aux guitaristes) et répertoire, ce n’est pas toujours facile de trouver un livre utile. Celui-ci est peut-être la perle rare ?

Vous avez toute mon attention !

Le livre « 100 Acoustic Lessons » a retenu mon attention pour plusieurs raisons. J’aime assez la tentative d’approche exhaustive et thématique. Les leçons vont des accords au fingerpicking avancé. Certaines leçons permettent une approche d’un style (celtic, slack key, ragtime, country), tandis que d’autres se penchent sur des techniques précises (harping, arpeggio, …). Chaque thème est servi par une explication et des exercices en solfège et tablature.

Comme (trop) souvent, la tablature est amputée de sa partie rythmique. C’est un gain de place pour l’éditeur, mais je serais curieux de faire une statistique sérieuse sur le nombre de guitaristes lisant la notation vs ceux lisant la tablature.

Ce livre est publié dans la série « Guitar Lesson Goldmine » chez Hal Leonard  ce qui est un gage de sérieux, du moins pour les éditions récentes.

Une leçon pour quel public ?

A mon avis, ce livre n’est pas particulièrement destiné aux débutants. Les explications sont concises, et une fois passées les leçons faciles du début, le niveau augmente rapidement.

Mais si ce livre se destine à l’autodidacte, vous n’êtes pas seuls. Dans le livre vous trouvez un code d’accès unique pour streamer ou télécharger les fichiers audio des exercices. Excellente idée qui devrait inspirer d’autres éditeurs !

En feuilletant le livre, je repense aux cours de guitare que je donne parfois. L’approche par thème bien découpés, supportés par des exercices me semble intéressante comme source d’inspiration pour les élèves intermédiaires. Cela permet de leur donner un goût des divers univers musicaux touchés par la guitare acoustique. Évidemment, les élèves qui n’aiment pas toucher à tout apprécieront sans doute pas ce genre d’excursion éclectique. Il reste difficile de contenter tout le monde.

Conclusion

Après réflexion, la force de ce livre est qu’il peut se lire dans l’ordre ou s’aborder thème par thème pour défricher une question précise. Les fichiers audio mis à disposition sont une excellente idée pour travailler son écoute autant que sa lecture à vue.

J’attends d’avoir essayé quelques chapitres moi-même, et pour cela je réserve ma conclusion finale. Mais le livre me semble très prometteur, riche et passionnant.

Note: Je précise que je n’ai aucun lien avec l’éditeur ou les auteurs, juste « au cas où ».