Selon A. Rafferty, il existe 4 stades dans l’apprentissage de la pratique instrumentale:
1. l’incompétence inconsciente – On ne sait pas qu’on ne sait pas.
On ignore jusqu’à l’existence d’une technique, d’un morceau. On ignore sa propre capacité à apprendre.
Pour moi, c’est le domaine de l’exploration, de la culture, de l’éclectisme. Il faut garder les yeux et les oreilles ouverts, toujours à l’affut de nouvelles découvertes techniques et sonores. Il faut tout envisager comme nouveau, possible et désirable.
2. l’incompétence consciente – On sait qu’on ne sait pas.
On a pris conscience de l’existence d’une technique, d’un morceau. On est conscient de son incapacité à utiliser cette technique, ou à jouer ce morceau.
Pour moi, c’est le domaine de la motivation. On sait qu’on ne sait pas, mais on souhaite ardemment y arriver. On ne doit pas douter de la capacité à apprendre. Éventuellement on peut s’interroger sur le temps et les moyens nécessaires.
3. la compétence consciente – On sait qu’on y arrive.
En étant concentré, attentif, on arrive à passer cette technique, ce passage délicat. Mais cela requiert une attention, une concentration particulière, c’est encore difficile.
Pour moi, c’est le domaine du travail de l’instrument. Déchiffrage, travail de mise en place, travail au métronome. Il faut être précis, exigeant pour utiliser les bons automatismes et les bonnes techniques de bases (réutiliser plutôt que réinventer) pour ouvrir la porte au stade suivant.
4. la compétence inconsciente – On y arrive, sans plus y penser.
On joue un passage, sans effort apparent. Sans plus y penser, l’esprit est libéré pour se consacrer à la musicalité, aux émotions, à l’interprétation.
Pour moi, c’est le domaine de la répétition, de la mise en place d’un filage de morceaux à l’échelle d’une setlist. C’est un stade qu’il faut entretenir constamment, car on retombe rapidement et facilement au stade 3 et si on peut « passer les choses », la musicalité en souffre.
Quelle est l’utilité de ce genre de notions ?
Prendre conscience de ces stades et se situer dans le parcours d’apprentissage permettra de prendre les bonnes décisions. On peut être à des stades différents, même dans les parties successives d’un même morceau. En cas de doute, il vaut mieux revenir au stade précédant pour faire le point.
Dois-je encore m’informer sur la technique, déchiffrer et affiner ma lecture et ma compréhension d’un passage, ou répéter ? Répéter sur base de mauvaises informations ou avec une compréhension lacunaire ou incorrecte d’un morceau serait par exemple un bon moyen de ne jamais arriver à passer au stade 4 et de rester dans la souffrance pour un passage.
3 Commentaires
Très juste. C’est exactement ce que je ressens quand je bosse un morceau !
Détail intéressant, le fait de passer au stade 4 peut demander un retour sur une étape précédente : quand on décide de faire passer une certaine émotion, ça demande parfois de travailler une technique spécifique.
Exemple : palm-mute pour marquer une pause dans le déroulement du morceau, ou bien chanter à l’octave supérieure pour augmenter l’intensité.
Auteur
oui, c’est l’idée, quand on ressent un problème, c’est toujours à l’étape précédente qu’il faut chercher la solutions …
Très intéressante cette description des étapes cognitives de l’apprentissage !
Merci d’avoir mis ces infos en ligne et bonne continuation.