Le solo le plus ennuyeux du monde (et en plus il est plutôt long).

speedIncroyable, à xxx ans seulement ce(tte) guitariste joue déjà – sonne déjà comme un pro – joue le solo le plus rapide du « mon dentier ». 

Régulièrement je vois passer ces vidéos dont les titres sont formatés de la même manière.

Bon, à la base, le shred adulte comme enfant, ce n’est pas mon truc. Si les capacités techniques sont en général impressionnantes, au bout de 40 secondes, je m’ennuie. Parfois je perçois même l’une ou l’autre erreur de timing (un comble pour une performance qui ne tient que par ça). Le plaisir de jouer et l’émotion à l’écoute sont généralement absents de cette succession (si possible très rapide) de notes.

Quand sonne la dernière note, que reste-t-il ? Quand sonne la dernière note du second morceau (quand il existe) que me vient-il à l’esprit, à part une vague envie de me gratter ou de bailler.

Bien entendu, dans le monde du buzz et de la surenchère, l’exercice de communication a du sens et des millions de vues le confirment. Le fait de mentionner l’âge ou la condition de la personne est une béquille pour susciter l’intérêt des internautes. Il est d’ailleurs amusant de relever la date de création de ces vidéos et de calculer l’âge qu’ils ont maintenant. Ils ont quelques années de plus, et que sait-on de leur production actuelle ? Leur talent prometteur misait sur leur jeune âge… et si on écoutait en faisant abstraction de cette donnée ?

Qu’a-t-on retenu de Doc Watson ou du Révérend Gary Davis ? Qu’ils jouaient incroyablement bien « pour des aveugles » ? Non, car la nature ou la condition du musicien doivent s’effacer devant l’œuvre et son interprétation. Ce n’est qu’après l’écoute que l’âge ou la condition devraient nous toucher ou nous étonner.

Si j’en crois les réponses aux commentaires critiques sous les vidéos, je suis jaloux,.. sans doute. Souvent les commentaires sont pris d’assaut par des guitaristes qui se disent découragés, voire dégoûtes et qui ont envie de jeter leur guitare. Comme si on décidait de ne plus prendre le volant de sa voiture parce qu’au grand prix de F1, on a vu un mec changer une roue en 1.98 secondes.

« On en reparle quand tu joueras comme lui » – OK, n’en parlons plus alors !

Dans le film « Les Barons« , une bande de jeunes s’invente une vie oisive basée sur un credo : dans sa vie un homme a droit à un certain nombre de pas, puis il meurt. Et si dans la vie d’un musicien on avait droit à un certain nombre de notes avant que la flamme ne meure ? Nous assistons là à un beau gaspillage, soyons plus économes 🙂

Un grand musicien classique dont le nom m’échappe, à qui on demandait l’avis sur un jeune prodige, a eu ce commentaire (un peu vache) qui me revient chaque fois à l’esprit : « Il ne joue pas mieux qu’un adulte ».

1 Commentaire

    • Michel Rouxel sur 15 août 2014 à 10 h 29 min
    • Répondre

    Tout à fait d’accord, dans un concert on est attiré par la musicalité, les nuances les arrangements, les émotions et les solos moulinettes à rallonges me font décrocher très vite.

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