Le programme de ce soir: une première partie en solo/duo avec Marilyn Henkinet, ensuite quelques morceaux pour accompagner la chorale. La soirée se termine par le « Gospel Action Team« . Après le compte-rendu de l’incroyable concert de Jacques Stotzem au Spirit of 66, faire le compte-rendu de mon concert me donne l’impression de commenter un match de division provinciale, du point de vue guitaristique 🙂
Départ vers 17h pour être à l’heure pour le montage et le soundcheck. Je préfère arriver tôt, d’autant que les câbles pour me relier à la sono passent derrière les estrades destinées aux chorales. Lors de la répétition de jeudi, il est apparu que la salle manque de câbles XLR de bonne longueur, la stage box de connection est côté cour et nous sommes côté jardin, j’en embarque l’un ou l’autre pour faire raccord.
La salle est magnifique, l’accueil est sympathique, comme à chaque répet. A boire, à manger (des « belegte Brötchen » – petits pains ronds au fromage ou au jambon avec du bon beurre de l’Eiffel/Ardennes qui me replongent dans mon enfance).
Certains visages sont tendus par le trac: ici un mal de ventre, là un raccord maquillage, un ourlet de pantalon, une écharpe qui ne tient pas en place. La routine du backstage. Je suis un peu plus tendu que d’habitude également. Pour un loup fingerpicker solitaire, jouer en duo est toujours un défi supplémentaire, et j’avoue la confiance en l’autre n’est pas naturelle chez moi. Je trouve également les premières parties plus compliquées car, on a moins la gestion de l’espace-temps que pour un concert solo complet.
Nous montons sur scène, rideau fermé. C’est agréable de pouvoir se placer et se brancher sans devoir réfléchir à la manière de parvenir au centre de la scène. Après les discours d’introduction protocolaires, c’est parti. Je joue debout, Marilyn joue assise. J’ai un micro pour les annonces et je lance Marilyn pour son Mississipi Blues, c’est sa première scène depuis 20 ans. Le trac est palpable, mais elle rejoint la rive du Mississipi saine et sauve.
Nous restons dans une ambiance blues avec l’arrangement de Come Together de Jacques Stotzem dans une version duo. A posteriori, je me dis que j’aurais du mettre un morceau solo avant le premier duo pour pouvoir me plonger dans le bain. Le duo fonctionne bien … nos répets du lundi soir payent.
Ensuite vient mon 404 Rag, un ragtime décoiffant … Marilyn suit avec une composition dédiée au monde des claquettes: Walking Step. Ensuite un standard avec « Sweet Georgia Brown » où je cale bien mon solo, pour une fois.
Ensuite je termine le set par mon morceau Sorrow. Une ambiance nostalgique, silence dans la salle, une belle qualité d’écoute qui me donne le contrôle total de l’interprétation, et je m’envole avec mes notes.
Pour ne pas abandonner le public avec un morceau aussi mélancolique, j’ai décidé de jouer le contraste maximum avec ma reprise de Smoke on the Water. Je repense à l’énergie de Stotzem sur la scène du Spirit et je décide de tout balancer sur ce morceau. Option payante, applaudissements nourris et enthousiasme du public … et un rappel.
Faute d’un répertoire commun très étoffé, on a décidé d’improviser une version acoustique du Little Wing de Jimi Hendrix. Cette grille d’accords est magnifique … je l’ai déjà joué avec Jean-Paul Kuypers, avec Jonathan de Cesare, avec Marilyn, chaque fois différent … je pense que ça va devenir mon plan de duo impro pour tous les concerts.
Nouvelle salve applaudissements. Ensuite, nous retournons dans les coulisses pendant que la chorale s’installe. Ce soir, elle célèbre 140 ans d’existence … je reste en coulisse avec ma guitare, je mets mon capodastre et je m’accorde en profitant du moment de calme. Marilyn en profite pour aller s’en griller une dehors..
Nous remontons sur scène pour un premier chant avec la chorale: « Toi mon église aux chaises vides » une chanson chrétienne de Giannadda avec un bel accompagnement en picking. Ensuite « Tous les rêves » de Pierre Rapsat. Je pense que notre son est toujours sur le réglage de la partie solo, je n’entends que les guitares dans le retour, et à peine les claviers de la dirigeante de chorale et encore moins les chanteurs. Je ne m’inquiète pas pour le son façade, sur lequel le sonorisateur a une prise directe, mais dès la seconde mesure, je me cale visuellement sur les mouvements de la dirigeante, c’est la seule option. En me tournant pour voir le centre de la scène, tout en essayant de ne pas assommer une des chanteuses de la chorale, je manque de pousser Marilyn bas de sa chaise qui m’incendie d’un regard noir (mais noir).
La chorale a un rappel, nous les accompagnons sur Soleil de Grégoire, une grille simple que nous n’avons pas répétée .. la petite surprise est qu’il manque le tout dernier accord de la partition, mangé par la photocopieuse, petite hésitation entre la résolution sur le mineur ou le majeur 🙂
Nous sommes récompensés par la chorale d’un bouquet de fleurs et de bouteilles de vin (… je reviens quand vous voulez !).
Ensuite une cérémonie de remise de décorations aux membres les plus anciens de la chorale me donne le temps de déposer une partie du matériel en coulisse, câbles en vrac à replier plus tard. Il faut libérer la scène pour le Gospel Action Team qui vient avec 6 musiciens et une dizaine de chanteurs qui se massent en coulisse. Je récupère tout mon matos, à l’exception des câbles passés sous les structures. J’attends que le backstage se vide un peu pour faire le ménage, plier et ranger proprement, pendant que Marilyn va saluer les gens venus de Liège pour la voir. J’en profite pour transférer le plus gros du matos dans l’auto, à l’exception des guitares, que je déteste laisser à vue sur une banquette arrière de la voiture … petit village des Ardennes comme centre-ville, ne soumettons pas à la tentation.
J’ai enfin le temps d’aller saluer mes parents, venus me voir. Je m’assieds dans la salle pour profiter du ma-gni-fi-que concert du Gospel Action Team. Moi qui suis fan de chant, de gospel (et de Sister Act, j’assume), je savoure l’énergie positive de ce set qui termine cette magnifique soirée. Je récupère mes câbles, impeccablement roulés (merci Michel !) et je finis de charger l’auto en chantonnant « Oh happy Day », en me disant qu’un jour je reviendrais volontiers pour un concert solo dans une si belle salle (reste à la remplir de monde, ce qui est une autre histoire).
Je bois un dernier verre (d’eau) et nos reprenons la route en mode débriefing et projets d’avenir pour le duo Fingerpicking – David & Marilyn.
Je vais essayer de mettre la main sur l’une ou l’autre photo/vidéo …