Nuit de dimanche à lundi, 3h40 du matin, je devine le plafond de la chambre dans l’obscurité. Le souffle régulier de ma Lovely Roadie rythme mon insomnie (en réalité elle ronfle, mais ça se fait pas balancer la triste réalité de sa vie de couple à la face du monde) … je pense à l’animation musicale de demain …
Dialogue intérieur …
- Dis, c’est quoi cette date ?
- Ah oui, c’est une petite animation musicale sympa pour une bonne cause …
- On avait dit quoi ?
- Euh, qu’on arrêtait les « plans » pour se focaliser sur LE projet … mais …
- … mais quoi ?
- Bah, fallait juste prendre l’instrument, mon câble et un micro … il y avait tout sur place …
- … mais …
- Oh ça va … ils avaient une sono, mais pas de table de mixage, le pied de micro était cassé ou perdu, je sais plus …
- …
- Finalement j’ai préféré emporter ma table de mixage …
- et … ?
- et ma sono, pour être sûr … ah oui, et un pied de micro …
- ensuite … ?
- … quelques câbles, des adaptateurs et un micro de rechange, juste au cas où … mais je prends juste mon ukulélé …
- Bon, ben viens pas pleurer si demain t’es fatigué, ou que tu as mal au dos …
- Ok, mais oublie pas que c’était pour lever des fonds pour les relais pour la vie … contre cette saloperie de cancer …
Oups, I did it again
Mes collègues sont des gens passionnés qui aiment embrasser des grandes causes. Depuis quelques semaines, ils multiplient les collectes de fonds. Vente de livres, vente de pâtisseries, mais aussi un petit concert. Mes collègues Mieke, Nicolas, Vincent et moi ont accepté de donner de la voix pour l’occasion. Pour ma part, j’ai volontairement limité mon répertoire au ukulélé pour cette fois.
Avec ma collègue Mieke, nous avons un duo occasionnel pour ce genre de dates. Nicolas joue dans un groupe de cover de rock dur et dans un duo folk-acoustique, Vincent est le poête-compositeur du lot avec des textes sucrés-amers. Quelques répétitions dans le charme discret des sous-sol nous ont permis d’élaborer un programme sur-mesure. Chacun joue environ une demi heure en solo, des duos rythment les changements de plateau et pour terminer nous avons prévu deux rappels en quatuor à cordes vocales.
La première difficulté consiste à assembler ce que j’ai surnommé le monstre … la table du Stagepass 400 ne dispose pas de suffisamment d’entrées pour 4 micros voix et trois instruments. Il faut donc insérer une autre table de mixage. Ensuite une dernière table de mixage (le stagepass de Nicolas) pour gérer les retours. A ce stade l’explication la moitié des ingé-son vient de tourner de l’oeil. Je sais, c’est sale.
Les trois instruments dans la table de mixage, puis le mix groupé est envoyé sur l’entrée stéréo de la table amplifiée du Stagepass qui prend les 4 micros voix au passage. La sortie monitoring va ensuite logiquement vers les retours. Au moins j’ai pris la peine de régler les niveaux de chacun pour un mix équilibré. J’ai même pensé à annoter pour pouvoir faire des retouches en cours de route.
Mais on pourra faire le boulot.
Le concert, l’animation musicale
Note : je devrais jouer plus souvent avec des retours … c’est sympa. Mais bon, c’est encore un truc à transporter, je me contenterai de mes in-ear.
Évidemment, comme je ne suis pas ingé-son (ou sondier comme on dit) j’ai omis de garder une petite marge de niveau pour chacun. Les niveaux sont au taquet, mais une fois dans le vif du sujet, tout le monde, moi y compris joue à 110 ou 120% et les enceintes sont au bord de la saturation sur le bas médium. Note pour la prochaine fois : mettre les niveaux, puis baisser de 5-10%.
Mais bon, l’un dans l’autre, pour une collaboration occasionnelle, avec le mix de matos des uns et des autres, ça a bien tenu la route …
Montage, balance son, quelques ajustements de dernière minute. Une cinquantaine d’employés ont répondu présent et ont pris leur temps de midi pour venir nous écouter. D’autres bénévoles ont prévu boissons et nourriture sucrée et salée pour les petits creux.
Outre mes duos habituels, j’ai posé mon ukulélé sur I’m Yours de Jason Mraz, et j’ai chanté pour la première fois le Hey Hey de Big Bill Bronzee en public. Notre cover de Guaranteed m’a plutôt satisfait, ça roulait, et vu de la scène, ça m’a semblé juste et en place. Le final avec Boomerang de Gainsbourg suivi de notre version du Mercedes-Benz de Janis Joplin a eu l’air de plaire dans la salle. On l’a d’ailleurs refait en rappel.
Alors heureuse ?
Malgré les petits soucis de transport et de logistique, j’ai passé un bon moment à jouer et à écouter les autres. C’était sympa de découvrir d’autres talents et d’autres univers musicaux au sein de ma boite. Évidemment, je garde dans un coin de ma tête les petites améliorations que je proposerais si c’était à refaire. Peut-être que rester tous sur scène et mélanger les sets donnerait plus de peps à l’ensemble.
Cerise sur le gâteau, la collecte de fonds a l’air d’avoir bien fonctionné. Mission accomplie ?