Débuter la guitare après les fêtes

Pendant les fêtes certains auront la joie de découvrir une guitare sous le sapin de Noël. D’autres auront décidé de s’y mettre (ou remettre) et de débuter la guitare après les fêtes. Super idée, apprendre à jouer de la guitare vous annonce des années de plaisir et de joie à partager. Mais quand on débute, on a parfois de grandes espérances, suivies de grandes déceptions.

Bien débuter la guitare

Bien débuter la guitare

Il y a des points communs entre apprendre à jouer de la guitare et apprendre une autre langue. On peut apprendre quelques phrases par coeur sans les comprendre et se débrouiller avec ça. Ou alors on se forge un vocabulaire de base et des notions de grammaire suffisante pour s’exprimer réellement. Sur la guitare ça donnerait par exemple jouer « Come as you are » ou « Seven Nation Army »  sur une corde ou deux (de mon temps on jouait « Smoke On The Water »). Certes c’est fun à faire, mais ça ne pisse pas très loin. Et vous n’apprendrez pas grand chose que vous pourrez  réutiliser pour d’autres morceaux.

Pour bien débuter la guitare et surtout progresser, il y a une série d’étapes à parcourir. Le temps consacré à chaque étape dépendra de votre motivation et du temps que vous pourrez consacrer au travail de la guitare

Débuter la guitare et emprunter le bon chemin

Les étapes à franchir ne changent guère, que vous appreniez seul ou avec un prof. L’ordre et l’importance de chaque étape pourra différer, évidement. En apprenant à maîtriser ces éléments de base, vous allez pouvoir évoluer jusqu’au moment de pouvoir jouer tout ce que vous voulez. .

Même si vous vous consacrez à la guitare parce que vous avez une passion pour les solos, l’accompagnement sera un mal utile, voire nécessaire.

Moi je visualise le cheminement suivant. 

  • Apprendre à tenir sa guitare correctement et confortablement
  • Apprendre à accorder sa guitare et le nom de chaque corde (et TOUJOURS jouer accordé pour éduquer son oreille)
  • Comprendre comment lire une petite grille d’accord comme celle illustrée ici:
  • apprendre à jouer les accords de C A G E D et Am Em Dm (avec ça tu fais environ 60% des chansons)
  • comprendre comment les enchaîner de manière fluide et efficace (doigts pivots)
  • s’entraîner à enchaîner ses accords sur un rythme simple main droite (4 temps, changer d’accords au bout de 4 temps)
  • apprendre des rythmes plus complexes à la main droite
  • comprendre les accords de C7 A7 G7 E7 D7 B7 (75% des chansons)
  • apprendre à enchaîner ses accords sur un rythme simple main droite
  • apprendre les accords de F et B, de Fm et de Bm (barrés) ouvre la porte à 95% des chansons

L’apprentissage se fait en quatre étapes, toujours

1. l’incompétence inconsciente – On ne sait pas qu’on ne sait pas.

On ignore jusqu’à l’existence d’une technique, d’un morceau. La capacité d’apprendre est encore inexplorée. C’est le domaine de l’exploration, de la culture, de l’éclectisme. Il faut garder l’esprit ouvert, toujours à l’affut de découvertes techniques et sonores.

2. l’incompétence consciente – On sait qu’on ne sait pas.

On a pris conscience de l’existence d’une technique, d’un morceau. Par nature, la conscience de l’incapacité à utiliser une technique, ou à jouer un morceau peut sembler une étape un peu triviale. C’est le domaine de la motivation. On sait qu’on ne sait pas, mais on souhaite y arriver. Et il faut comprendre ce qui ne fonctionne pas.

3. la compétence consciente – On sait qu’on y arrive.

En étant concentré, attentif, on arrive à passer cette technique, ce passage délicat. Mais cela requiert une attention, une concentration particulière, c’est encore difficile. C’est le domaine du travail de l’instrument. Déchiffrage, travail de mise en place, travail au métronome. Il faut être précis, exigeant pour utiliser les bons automatismes et les bonnes techniques de bases (réutiliser plutôt que réinventer) pour ouvrir la porte au stade suivant.

4. la compétence inconsciente – On y arrive, sans plus y penser.

On joue un passage, sans effort apparent. Sans plus y penser, l’esprit est libéré pour se consacrer à la musicalité, aux émotions, à l’interprétation. Pour moi, c’est le domaine de la répétition, de la mise en place d’un filage de morceaux à l’échelle d’une setlist. C’est un stade qu’il faut entretenir constamment, car on retombe rapidement et facilement au stade 3 et si on peut « passer les choses », la musicalité en souffre.

L’apprentissage est un processus en forme de « s »

Un grand S aplati, une sigmoïde si vous préférez. Après un moment où vous chipotez, un déclic se fait, d’un coup les choses deviennent faciles. Il y a deux moments critiques. La phase initiale, où la motivation peut manquer, parce qu’on est découragé par la difficulté, ou faute de percevoir l’utilité d’un exercice dans l’apprentissage. Le manque de temps joue un rôle également. La seconde période critique est l’infléchissement de la courbe. Après la bulle de satisfaction et de progrès rapides, on ne progresse plus, on stagne. Sans travail, on passe la majorité de son temps dans cette zone de frustration.

L'apprentissage en forme de "s"

L’apprentissage en forme de « s »

Quand on veut débuter la guitare, il est nécessaire de comprendre que l’apprentissage est constitué d’une succession de courbes en S, et que la phase en plateau de la fin est en fait le point de départ d’une nouvelle courbe. On pourrait même considérer une dimension fractale à ce processus, au sens large, car du plus petit élément à l’ensemble de l’apprentissage, on retrouve la même forme, à toutes les échelles de temps possibles.

De la correction du placement d’un doigt à l’apprentissage d’un morceau entier, les choses seront d’abord difficiles et paraîtront incompréhensibles. Après l’étape de compréhension et l’assimilation, le déclic se fait, on progresse brutalement jusqu’au plateau. A partir de là, toute amélioration nécessitera un effort au moins équivalent à l’effort initial. 

Pour conclure, je dois admettre que débuter la guitare est difficile. On passe par toutes les émotions. La curiosité et la motivation sont suivies de moments de découragement. Henri Ford disait, quand vous dites « Je vais y arriver ! » ou « Je n’y arriverai pas » vous avez raison dans les deux cas. Parce que c’est votre attitude dans les moments critiques qui déterminera votre réussite.

La bonne nouvelle c’est que le meilleur est toujours à venir.

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