La pièce dans laquelle on écoute la musique influence le son perçu. Les réflexions du son sur les murs amplifient ou diminuent certaines fréquences lors de l’écoute. Un vrai studio est traité pour corriger ces problèmes. Pour un homestudio de projet, comprenez un bureau ou une chambre, ce n’est pas toujours possible. Le concept derrière des outils de correction comme le système ARC 2.5 de chez IK Multimedia est de mesurer précisément la situation sonore réelle de la pièce pour la corriger. Ensuite une courbe correctrice complexe est calculée et appliquée dans la chaîne sonore à l’aide d’un plugin. D’où le nom Advanced Room Correction, abrégé ARC. La mesure se fait avec un son de référence et un microphone calibré. La multiplication des points de mesure autour de la position d’écoute permet d’augmenter la précision de la mesure.
L’objectif est de tendre vers un profil sonore le plus neutre possible. La mesure et la correction tient compte des problèmes fréquentiels et temporels. Ensuite, au moment de calculer le rendu, on retire la correction pour obtenir un son délivré des défauts liés à une écoute biaisée.
Note: avant toutes choses je voudrais évacuer un débat de puristes. Je sais qu’il n’est pas possible de corriger tous les problèmes d’écoute par l’égalisation. Bon nombre de ces problèmes impliquent la phase ou des ondes sonores statiques liées à la configuration de la pièce. L’égalisation peine à amortir ou amplifier suffisamment les ondes sonores pour corriger tous les problèmes. A aucun moment, je ne le perçois comme un substitut à une pièce bien agencée ou traitée acoustiquement. Je le vois comme une étape sur le chemin d’une amélioration d’une situation très défavorable dans des conditions dont toutes les variables ne sont pas sous mon contrôle.
Le problème
L’emplacement où je travaille sur mes enregistrements n’est pas au centre de la pièce. Un de mes moniteurs est collé contre le mur, l’autre pas. La pièce est remplie de surfaces absorbantes tes que des bibliothèques ou réfléchissantes comme des murs plats. Diverses ouvertures, fermées ou non débouchent dans la pièce. A moins de déménager, il y a peu de chance que cela change dans un avenir proche. Tout ceci crée des défauts sonores qui influencent mon écoute. De là des mauvaises décisions sont prises lors de l’égalisation et du mixage. Je ne parle même pas de mastering, on en est loin. Quand on retire la pièce et qu’on écoute la musique dans un autre emplacement, les mauvaises décisions prises en raison des conditions d’écoute trompeuses deviennent audibles.
Pour un instrument à la sonorité naturelle comme la guitare, surtout en solo instrumental, un peu trop de basses ou de médium, des aigus trop présent peuvent ruiner le rendu d’un enregistrement.
Mes moniteurs présentent bien des petits commutateurs qui permettent de corriger le son en fonction de leur positionnement. Mais je n’avais pas d’outils pour mesurer les problèmes liés à ce positionnement et l’efficacité de la correction. Il est possible de trouver sur Internet des méthodes à mettre en œuvre soi-même. Tandis que la solution Arc fournit l’instrument de mesure, le logiciel de mesure et le plugin correctif dans un package prêt à l’emploi.
Déballage
La version que j’ai en main est la version 2.5 du système ARC. Par rapport à la version 2, elle promet une meilleure résolution grâce à un nouveau microphone MEMS. Comme je possède déjà pas mal de plugins de chez IK Multimedia, la version dont je dispose est une version crossgrade. Les algorithmes de correction sont basés sur la technologie Audyssey MultEQ® XT32 et ils en sont très fier. Je ne peux que leur faire confiance. Le nom sonne bien, et ça promet apparemment d’être bien plus qu’un simple égalisation.
L’emballage est assez sommaire. Un catalogue de produits, un mode d’emploi succinct, une carte d’enregistrement de licence et le microphone de mesure et sa pince.
La boite pourra faire office de rangement, mais j’aurais aimé un étui ou une boite pour ranger le microphone. Selon IK Multimedia la technologie MEMS permet de fabriquer un microphone solide, durable et stable dans le temps. Il est annoncé plus résistant à l’humidité et aux variations de température.
Malgré sa finition impeccable, la légèreté du microphone surprend et inquiète un peu. C’est évidemment purement psychologique. Certains fabricants ajoutent d’ailleurs du poids artificiellement à leur matériel. Finalement ça ne change rien à la qualité réelle du produit qui ne peut se juger qu’à l’étalon du temps. Lorsqu’il est alimenté une petite diode verte indique que le micro est actif.
Mise en œuvre
Avec l’impatience qui me caractérise, j’ai rapidement déballé et installé le bastringue pour faire un essai. Après enregistrement de la licence, le logiciel se télécharge et s’installe sans aucun souci. Le logiciel de mesure est une application indépendante. Le plugin de correction est disponible dans bon nombre de formats, du VST au AAX y compris en 64 bits pour la plupart des logiciels.
L’application donne les instructions nécessaires au réglage du volume. Il suffit, d’un pied de micro, le microphone placé à hauteur de mes oreilles, au centre de l’endroit où se trouve ma tête habituellement. Assez logiquement, plus la mesure sera prise avec précision et méthode plus la correction sera optimale.
Je me suis contenté du nombre minimal de points de mesure; c’est à dire 7. On commence par mesurer au point central, puis alternativement a gauche et a droite autour de ce point. Le système génère des impulsions de test à gauche puis à droite après un compte à rebours. Si on le souhaite, on peut aller jusqu’à 16 points de mesure. En cas d’échec, on peut supprimer une mesure et la recommencer sans devoir recommencer le processus depuis le début.
Une fois les mesures effectuées, on sauvegarde le profil et on lui attribue un nom et une image de haut-parleurs. Ce dernier choix est purement mnémotechnique et n’influence pas le son.
La correction
Une fois la correction calculée, on insère le plugin sur le master de son logiciel audio, en dernière position. Le plugin affiche 3 courbes superposées. La courbe mesurée en jaune, la cible en vert et la courbe après correction en blanc. Visuellement, on constate que le placement de mes moniteurs est problématique. L’asymétrie dans le médium et les aigus est flagrante. La situation est tellement caricaturale que la correction saute aux yeux, mais aussi aux oreilles ! On a une indication de volume et un bypass.
Le logiciel propose également de simuler des courbes de fréquence caractéristiques de certaines conditions d’écoute courantes: voiture, haut-parleurs multimédia, etc. C’est toujours pratique pour un petit contrôle. Si on le désire, il est possible d’ajuster la courbe avec des pics d’égalisation très aplatis pour donner un peu de couleur selon son goût.
Une dernière fenêtre donne accès au contrôle du monitoring avec des réglages de niveaux. Comme j’ai un accès facile à ma carte son, je pourrais m’en passer. La seule option intéressante me semble la possibilité de passer en mono.
Premières impressions
J’ai réécouté un mix fait il y a quelques semaines, donc réalisé sans correction. La première bonne impression concerne la spatialisation. La correction remet l’église au milieu du village et le son entre mes deux oreilles. Du coup les aigus, le haut-médium et le bas-médium sont mieux détaillés. Je retrouve plus de basses et de bas médium. Les aigus sont plus équilibrés que je ne le pensais, j’avais tendance à vouloir les corriger, sans doute à cause de la bosse très marquée de mon haut-parleur de gauche. Ma reverb me semble également plus harmonieuse du coup et je peux en ajouter. Voilà déjà des erreurs que j’aurais sans doute pu éviter avec cette correction.
La situation dans mon « studio » me semble tellement caricaturale que je pense pouvoir corriger certaines choses en amont de la correction logicielle. Dans les prochains jours, je vais retravailler les petits commutateurs de mes haut-parleurs et comparer la situation avec et sans correction. Je vais aussi me livrer à une mesure plus précise autour de ma position d’écoute.
En tout cas c’est instructif et va me permettre d’améliorer nettement ce que j’entends, donc ce que je produis. A ce niveau d’excitation, ça vaut un 9/10 sur l’échelle de piments.
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[…] plusieurs raisons. Tout d’abord, je souhaitais installer un plugin de correction acoustique (ARC de IK Multimedia) afin de compenser les défauts acoustiques inhérents à mon bureau. Ces imperfections ont […]