Retour à un ancien amour, un trop rare « Conte & Guitare » avec mon ami Rumelin. Ce soir le thème sera les 7 péchés capitaux: Envie, Luxure, Gourmandise, Orgueil, Avarice, Paresse, Colère.
Ma Lovely Roadie est partie vers d’autres aventures, ce soir je serai « en solo » pour ce duo. Arrivée de notre sémillante babysitter, passage de relais, puis chargement de la voiture: guitare, ukulélé, mallette de câbles, pieds de micros, mallette média avec les cameras, rallonge électrique et mon kit d’éclairage led. Mon chariot de transport sera donc du voyage pour compacter le tout.
Pendant le trajet nous dissertons avec Rumelin sur la vie en général et le statut des artistes et les tours pendables de l’administration qui change constamment les règles du jeu.
Le bâtiment de la bibliothèque est flambant neuf, les trottoirs sont lisses comme des billards, le public entrera par l’entrée principale, mais nous avons un accès direct à l’espace scénique, le tout est accessible aux PMR – personnes à mobilité réduite et aux MQMPR – musiciens à quantité de matériel pas réduite. Dans une aile du bâtiment qui est l’ancienne école du village, les rayonnages de livres se sont poussés un peu sur les côtés pour libérer une grande place déjà garnie de chaises. De quoi accueillir une trentaine de personnes. Je branche les amplis et les lumières, tandis que Rumelin met en place le matériel promotionnel et toutes sortes de petites lampes et bougies. Nos hôtes sont attentifs et attentionnés, le petit verre de jus de pomme pour un petit boost d’énergie pendant le montage est le bienvenu, et une petite bouteille d’eau pour le spectacle est prévue à mes pieds.
Les bibliothèques font des bonnes salles de concert, entre les rayonnages de livres les réflexions du son sont absorbées, le son est bien défini tout en restant chaleureux. Ce soir je pousse un peu la chansonnette avec mon ukulélé, pour souligner d’un trait musical les contes de Rumelin, un second sound-check s’impose donc avec voix et ukulélé. Je chipote un peu pour doser la reverb, il m’en faut un peu plus pour chanter que pour parler. Le soundcheck terminé, un petit espace entre les rayonnages de livres servira de remise pour cacher flight case, sacs et mallettes. J’installe également les caméras, mais ce soir, je n’ai pas de photographe sous la main.
Quelques personnes arrivent en goutte-à-goutte, puis la salle se remplit. Je commence par quelques morceaux extraits de mon répertoire habituel. Dehors, le jour tire sa révérence et je joue Entre chien et loup, puis quelques autres instrumentaux. Il y aura pas mal de reprises au ukulélé plus tard dans le spectacle, raison pour laquelle je mets la guitare à l’honneur dans l’introduction, histoire de présenter mes propres compositions.
Comme pour la plupart de nos spectacles Conte et Guitare, c’est le public qui est aux commandes. Chaque péché est inscrit sur un petit carton, à piocher au hasard d’une main innocente ou à choisir. Le public peut choisir de dédicacer son péché à quelqu’un et également de débuter par le Conte ou la Musique. Cette manière de faire crée un spectacle dont les contours sont dessinés, mais dont la forme varie à chaque fois, ce qui permet d’être interactif avec le public et d’avoir un spectacle sans cesse réinventé par nous. J’aime jouer avec Rumelin, car bien que nous pratiquions des arts différents (où est-ce à cause de cela ?), le spectacle est très équilibré et chacun porte entièrement sa part de l’instant scénique.
Le premier conte sera consacré à la paresse. Au délit de bonne gueule et à la tête du client, Rumelin re-baptise les protagonistes de ses histoires, Tony sera le paresseux d’un conte. Émeline sera la princesse d’un soir. Suivra la chanson « Je n’ai que deux pieds » de Thomas Ferssen. Je suis content de débuter par celle-là, c’est ma préférée dans les chansons de ce jour. Le public est très attentif, c’est un plaisir de jouer. Le conte crée l’atmosphère propice à l’écoute de la musique, la musique crée l’ambiance autour du conte et les passages de l’un à l’autre assurent une bonne interaction entre nous et le public. Pour la suite, certains contes seront suivis de chansons, d’autres d’instrumentaux à la guitare, selon le thème de chaque conte. Pour le conte sur la colère, paroles et musique se mêlent avec le chant des roches. Un conte oriental sera suivi logiquement de mon morceau Caravansérail. A propos de logique, j’avais prévu de jouer Smoke on the Water après un conte consacré à la fumée, mais ce conte a été raconté à un autre moment. Peu importe, on raccroche les wagons dans la bonne humeur et ma reprise de ce classique du rock remporte un joli succès.
Le spectacle se termine par un dernier rappel en musique. J’avoue je serais encore bien resté jouer un moment, je m’amusais bien. Un tirage au sort de chèques livres clôture le spectacle et nous tirons au sort les heureux gagnants.
Tout naturellement, Rumelin se tourne vers le public pour la promotion et le service après-vente, tandis que je remballe le matériel. Direction la cuisine pour manger un bout: salade, baguette, fromages et un verre de rouge (ou deux ?), puis quelques fraises, en compagnie de nos charmants hôtes d’un soir.
A table, nous continuons de disserter sur les contes, les légendes et les incroyables histoires un peu vraies de ce coin de Belgique que nous connaissons bien, Rumelin et moi, car nous avons usé nos jeans dans une école de cette même principauté. J’abrège les débats à contre-cœur, mais j’avais promis à la babysitter de ne pas rentrer trop tard et il est temps de partir. Trajet de retour sans histoire, je dépose Rumelin, puis je rentre à la maison décharger la voiture de son matériel, puis la babysitter de sa garde.
Je remets vite tout le matériel en place tant qu’il me reste du courage, histoire d’être prêt pour la prochaine fois, en espérant que ce sera pour un autre conte et guitare. Je vérifie rapidement ce que les caméras ont filmé, il y aura sans doute des vidéos dans les prochains jours.
Mais maintenant au lit, demain, j’ai piscine !