Suite à notre prestation avec une collègue chanteuse lors d’un Marché de Noël, prestation impromptue mais appréciée et plébiscitée – (mais aussi parce que la personne qui s’en chargeait habituellement a décliné cette année) – nous avons été ré-embarqués dans l’aventure de jouer pour animer la réception du boulot.
Le plus gros souci, quand on sort du cadre des personnes organisant régulièrement des concerts, c’est qu’il faut parfois pallier aux manquements au niveau technique. Ma collègue fournit une table de mixage, je fournis une sono de 220 Watts. En principe, sur place nous attendent 4 moniteurs sur pieds de 110 Watts connectés entre eux sans fil. Je suis curieux, je n’ai jamais essayé un tel système.
Je quitte Liège aux petites heures pour ne pas m’enferrer dans les embouteillages. A part un petit ralentissement à Louvain, la circulation est fluide. Elle le serait encore plus si les gens étaient plus souples dans leur gestion des changements de bande et des insertions, et si certaines évitaient de slalomer à 150 km/h entre les files, pour gagner 4 places dans la file. Me voilà au bureau, à 7h du matin … pour une fois je vois arriver les collègues et je peux leur souhaiter la bonne année. Quelques viennoiseries attendent les plus matinaux des collègues venus dés l’aube pour cette journée placée sous le signe des bons vœux et des discours.
Vers 9 heures, « ma » chanteuse arrive. Du côté de la salle où se déroule la réception, c’est encore le désert. Rien n’est prêt, alors que dans le briefing, tout devait être installé pour 10h30. Nous faisons une rapide reconnaissance des nouvelles pièces du répertoire dans un coin de la salle. Il faut dire que nous avons répété … par email, à coup de fichiers mp3, pour définir tonalités et arrangements des derniers ajouts au programme.
Les gars chargés du montage arrivent enfin … un podium est assemblé (il branle un peu et je le finis au gaffer pour ne pas qu’il se sauve quand on monte dessus). Les moniteurs sont bien sur place, mais il manque une pièce ou un connecteur et la liaison sans fil ne marche pas. Je suis déception. Le plan B pour l’amplification sera constitué de 4 enceintes habituellement utilisées pour les discours et posées à même le sol dans la salle. On fait le soundcheck, on envoie de la patate, mais je sens que ça va être léger quand la salle sera remplie d’une forêt de jambes à hauteur des diffuseurs. Quand on ne peut faire mieux, on fait de son mieux avec ce qu’on a.
Je fais un petit saut par le bureau pour assister à la fin du discours de mon propre patron, avant de retourner surveiller le matériel, parce que la salle se remplit. Je fais bien de venir jeter un œil … les gens utilisent la scène comme raccourci pour aller vers le bar, quelqu’un s’est pris les pieds dans mes câbles d’instruments qui sont emmêles, mon pied de micro est déplacé, et quelqu’un a éteint le courant en marchant sur l’interrupteur d’une triplette. Je colle un petit carré de gaffer sur le bouton à bascule pour éviter que cet accident se produise en plein concert, ou pire pendant les discours. A propos de micros, visiblement personne n’a pensé à charger les micros HF pendant les congés (ou alors ils sont perdus ou défectueux), alors je prête mon SM58 et je le passe via notre table.
Les discours commencent. Que du beau monde : deux ministres, un secrétaire d’état, et le président du SPF. Les niveaux techniques des orateurs en ce qui concerne la tenue du micro varient grandement. Profitant d’un orateur tenant le micro un peu éloigné de sa bouche, quelqu’un monte le son des baffles devant la scène et nous serons au bord du Larsen pour tout le temps de parole, Je suis sur le qui-vive quand les orateurs s’échangent le micro, le penchant dangereusement vers la salle. Avec l’eq paramétrique de la table et le gain j’essaie de limiter les dégâts en temps réel, sans trop sacrifier de volume sonore. Mais la plupart s’en sortent très bien.
Il est enfin temps de faire un peu de musique … la première partie du concert est un peu noyée dans le brouhaha des conversations, mais on s’entend jouer, c’est déjà ça. Même si je suis parfaitement au courant des aléas de ce genre d’animations musicales, je suis toujours étonné de la quantité d’énergie requise pour « exister » musicalement dans un tel contexte. Il reste peu de place à la musicalité et à l’interprétation, et j’ai l’impression par moments de tailler un crayon à la hache, ce qui nécessite beaucoup de précision et de concentration pour proposer un résultat présentable.
Mais peu à peu, nous nous taillons notre espace dans la jungle sonore, et nos morceaux commencent à respirer … environ vers la fin de notre répertoire. J’en profite pour jouer quelques morceaux en solo. Il reste encore pas mal de temps devant nous, et nous décidons de recommencer depuis le début, cette fois avec la ferme intention de pouvoir développer un peu plus de musicalité dans l’espace conquis. Pour nous, tâcherons de la scène, le second tour est plus plaisant, nous pouvons développer bien mieux l’intention musicale, et nous jouons avec les structures pour bisser l’un ou l’autre refrain avec la complicité d’un public visiblement détendu et enjoué.
Nous avons droit à quelques rappels, sous forme de chansons à la carte.
Je pose « enfin » guitare et ukulélé, je prends un verre de vin et je file me chercher un sandwich dans la gare. C’est un comble, pendant toute la durée du spectacle, impossible de profiter des amuse-bouches du cocktail dînatoire qui passaient à notre portée, et il ne reste plus rien, tout est rangé.
Côté nourriture de l’ego, les commentaires sont élogieux, et les propositions pour jouer pour d’autres occasions affluent de toutes parts. Mais dans un coin de ma tête j’ai pris des notes, sur ce qui a marché et ce qui a moins bien fonctionné afin d’élargir et améliorer encore le répertoire de ce duo qui semble tant plaire au public.
Reste à démonter, puis à charger l’auto avant de retourner sur Liège … avec un second trajet sans histoires.
D’autres photos suivront …
Déjà le second concert de l’année … au suivant !