Si j’ai acheté des nouveaux coffres à outils pour mes cameras, ce n’est pas sans arrière-pensée. Ce vendredi soir je suis chargé d’assurer le tournage de la vidéo live pour mon « senseï », mon maître es guitare, Jacques Stotzem.
Arlon ce n’est pas exactement la porte à côté, mais entre une mini tournée en Allemagne et une tournée en Asie, il faut profiter des rares concerts en Belgique pour ramener de la vidéo pour alimenter le channel Youtube. (Note to Jacques : sinon, je veux bien aller filmer en Asie, l’avion ne me fait pas peur). La salle à Arlon est belle, avec une structure en amphithéâtre et un plateau large et un bon dégagement visuel, propice à l’installation des caméras.
Étrangement, je suis encore plus stressé que si c’est moi qui jouais. J’ai peur que les caméras me lâchent, ou que les cartes mémoires soient trop courtes.
Arrivé sur place, j’emboîte le pas à un mec avec une guitare sur le dos, ça semble une bonne piste. Mauvaise pioche, je suis entré par la porte de service, à ne pas confondre avec l’entrée des artistes. Aidé d’un aimable guide rencontré au détour d’une porte, je me faufile dans un dédale de couloirs pour trouver les loges et l’arrière de la scène, guidé par un son reconnaissable entre tous, le soundcheck de Jacques Stotzem et son morceau « Twenty-one ».
Je débarque par l’arrière de la scène, salue Jacques et commence de suite à placer allonges électriques et caméras aux trois endroits que je m’étais fixé. Une caméra en plan arrière, une vue latérale grand-angle qui prend l’avant-scène et une grande partie du public, et une dernière dans les gradins, avec un cadrage normal pour les images de 3/4 face. Avec ça, j’ai de quoi bien illustrer l’ambiance de ce concert. Je prends un peu de temps pour fixer les câbles au sol pour éviter les accidents. J’ai même prévu une petite lampe frontale au cas où je ferais tomber quelque chose dans l’obscurité du fond de scène.
Je lance et prépare le cadrage de toutes mes caméras. Le défi de ce soir est de démarrer les caméras le plus tard possible pour économiser les cartes mémoires, histoire de filmer tout le concert, rappels compris, à la demande expresse de Jacques.
Petit passage par les loges pour manger un bout en compagnie des artistes, et discuter du déroulement du concert. Pour pallier l’absence du responsable de la maison de la culture, me voilà bombardé « MC », c’est moi qui annoncerai les artistes, ce qui me permettra également de passer par le fond de la scène pour démarrer les enregistrements.
La salle se remplit, et immanquablement quelqu’un s’est pris les pieds dans mon trépied. Je réajuste le cadre en vitesse
Je suis tout de même amusé de monter sur scène pour souhaiter la bienvenue au public « au nom de la Maison de la Culture d’Arlon », une salle je n’ai jamais mis les pieds jusque là. Il doit y avoir des habitués dans la salle qui se posent des questions.
La première partie débute avec un sympathique guitariste du coin, Nicolas Gaul, belle sonorité, un groove impeccable dans un univers blues rock, entre compos personnelles et reprises, avec et sans looper. Belle énergie pour ce set. Un musicien qu’on croisera encore, j’en suis sûr.
A la fin de la première partie, je démarre la caméra dans la salle, me glisse par le côté du rideau et démarre les deux autres caméras, avant d’aller annoncer celui qui fait rayonner la guitare acoustique instrumentale partout dans le monde, Monsieur Jacques Stotzem.
Le concert est magique, mais j’ai les yeux rivés sur les petites lumières de mes caméras … Pourvu qu’elles tiennent jusqu’à la fin du concert. A chaque fois que la présentation d’un morceau s’éternise un peu, ou que les applaudissements (mérités) durent, j’ai un pincement au coeur.
Pendant la pause, je vais boire une petite bière dans les loges, puis réajuste les caméras et vérifie le temps restant sur chaque carte mémoire.
On me voit sur cette photo, debout à côté de la petite lumière presque au centre de l’image, tout au bord du public, cherchant des yeux ma petite caméra perdue au fond de la scène, guettant le clignotement de la led rouge qui me dit que tout va bien.
Le concert touche à sa fin, j’ai l’impression que Jacques parle de plus en plus longtemps. Tiendra, tiendra pas ? Les rappels arrivent, un morceau solo, puis un duo avec Nicolas Gaul. Tous les voyants sont au rouge, et pour une fois c’est une bonne nouvelle. Tout est dans la boite.
Verdict au dépouillement des prises et au montage, mais la matière brute est là. Je démonte et range tout le matériel pour être sûr de ne rien perdre, mais j’arrive quand même a perdre un transfo que l’équipe de la salle retrouvera heureusement. Boire un verre, et puis rentrer …
Ce soir, je retourne voir Jacques Stotzem non loin de chez moi, avec ma Lovely Roadie, sans caméra, sans matériel, les mains dans les poches, juste pour le plaisir de l’écouter …
Le mot d’ordre du jour sera :