Cette date m’est un peu tombée dessus par hasard. Une annonce Facebook pour trouver des premières parties, un ami mentionne mon nom. Un mail à la responsable et me voilà booké pour la première partie de Maybelline au Centre culturel de Chênée dans le cadre de leur programme de « petites scènes ».
Il faut dire que le cahier des charges me correspondait assez bien : solo ou duo, si possible acoustique, préférence aux compos.
Mon soundcheck est prévu à 18h30, mais j’ai décidé d’arriver tôt pour me familiariser avec les lieux et trancher une question qui me hante depuis deux jours : jouer en passant via mon ampli, comme d’habitude, ou jouer via un boîtier de direct et me reposer sur les retours présents sur place.
Je laisse traîner une oreille pendant la balance son de Maybelline. Je suis intrigué parce que je connais ce groupe pour avoir souvent vu leur nom sur des affiches d’évènements, j’ai vu des vidéos sur YouTube et je sais qu’ils viennent de produire un EP, mais les vidéos vues lors d’une recherche (très) sommaire ne m’ont pas permis de trancher définitivement : cover-band ou groupe de compos ? Mais je n’entendrai que le soundcheck percussions. Impossible de se faire une idée. J’en profite pour poser des cartes de visites sur les tables en regrettant que ma Lovely Roadie ne soit pas là pour penser à tous ces petits détails qu’elle gère si bien.
Par contre, pour mon setup, ma décision est prise. Le travail sur le son m’a l’air très sérieux et l’espace scénique est largement utilisé par les instruments et amplis de Maybelline, ce sera donc un son directement envoyé vers la console. Autant faciliter le déplacement sur la scène, le soundcheck, l’entrée et la sortie de scène. Bénéfice pour tout le monde.
On me guide vers les loges, où j’entrepose mon ampli qui ne servira pas. C’est tout droit, traverser la grande salle du centre culturel, une volée d’escaliers … ça a l’air simple, pourtant j’ai l’impression de sortir par une porte différente à chacun de mes trajets.
En attendant mon tour pour la balance, j’accorde ma guitare et je joue un peu dans la loge en regardant par la fenêtre. Une délicieuse odeur de lasagne flotte dans la cuisine. Je me contente d’un coca et d’une barre de chocolat. Je reste fidèle à mes habitudes, je mangerai et je boirai (surtout de l’alcool) après mon set.
La balance son sera assez rapide, je joue Finger Stomp qui a l’avantage de mélanger le jeu mélodique, rythmique ainsi que des traits mélodiques dans les basses. Un petit souci dans le bas médium à corriger, un peu plus de retour et on est bon. Le son scène est très sympa, j’imagine que le son dans la salle est bien, et je donne carte blanche pour ajuster le son « si nécessaire » pendant les ballades en insistant sur le caractère particulier de mon morceau Caravansérail. Ce point se révélera une excellente idée.
Retour dans les loges où je fais connaissance avec les sympathiques musicos de Maybelline. Je suis un peu intimidé, à cinq ils ont l’avantage du nombre, mais la glace se brise rapidement. Je me décide à enfiler ma chemise, je réaccorde ma guitare et je m’échauffe un peu dans la loge en regardant par la fenêtre. Je vois arriver quelques têtes connues, mes invités du jour.
L’heure de mon set approche et je suis prêt. Je descends dans la salle saluer mes amis, guitare à la main.
Je constate avec plaisir que la salle est pleine, l’occasion de toucher de nouvelles oreilles avec mes compositions. C’est l’heure, après un bref mot d’introduction, la scène est à moi.
La qualité du son me touche à nouveau. Un vrai plaisir. L’écoute dans la salle est attentive, le bar est discret, les applaudissements sont nourris. Pour être honnête, avec les projecteurs, je ne vois pas grand chose de ce qui se passe dans la salle.
J’ai centré mon répertoire du soir autour de mes compositions, mais je fais deux reprises: Boys dont cry (The Cure) et Smoke on the water (Deep Purple). Je remarque que mon morceau « Entre chien et loup » remporte un franc succès et je me réjouis déjà de jouer Caravansérail. Quand les premières notes résonnent, évoquant le jeu percussif du oud, le luth arabe, mon son change, une réverb profonde, il me semble mélangé à un delay crée un tapis (d’orient) sonore dont je joue pour tisser les nappes harmoniques et mélodiques de cette carte postale posée sur les dunes, l’ambiance en devient carrément envoutante. Merci pour ce son !
Le concert se termine et je quitte la scène un peu ébloui (littéralement) par la belle lumière qui habillait mon set, pour plonger dans le noir où je reçois des félicitations, quelques éloges, une tape amicale sur l’épaule, une surprenante accolade. Je reçois ces marques d’appréciation de bon cœur, mais je garde à l’esprit que tout est perfectible et que ceux qui n’ont pas apprécié se garderont de me le dire.
Je file déposer ma guitare dans les loges pour revenir me fondre dans le public de Maybelline, une bière à la main. Le son est très plaisant, et la musique bien balancée soulignent merveilleusement bien la voix de la chanteuse. Un grain rock-jazz-bluesy vraiment sympa. Je ne sais où les classer, pop-blues, rock-blues, peu importe … allez les voir en live !
Je passe vraiment un bon moment musical, entre les traits de la guitare Gretsch, les percus, les lignes de basses et l’accompagnement à la guitare acoustique … et une seconde bière à la main. Les effets diurétiques notoirement connus de la bière étant ce qu’ils sont, je suis aux toilettes quand j’entends Sandrine, la chanteuse, me remercier pour la première partie en demandant si je suis encore dans la salle. C’est donc la première fois de ma vie que je suis chaleureusement applaudi … en sortant des WC.
A la fin du concert, pendant le démontage, je profite d’un instant pour bavarder enfin un peu avec les amis venus me voir.
Ensuite ce sera le moment de déguster une excellente lasagne aux courgettes en compagnie des techniciens. Je retourne vers ma voiture, encore légèrement grisé par cette belle soirée.
D’autres photos suivront quand les photographes présents auront retrouvé ma trace !