Music Beer Lovers’ Tour, Beer Lovers’ Music Tour … j’ai dû m’entraîner pour arriver à dire « le Music Beer Lovers’ Tour au El Senõr Duck Napo Estaminet » sans mélanger tous les mots … j’avais un peu tendance à dire « Beer Lovers’ Music Tour ».
Bref, un événement conviant les zythophiles noctambules mélomanes à découvrir, pendant les soirées de deux weekends, un bar, une bière et un artiste. En ce qui me concerne, l’El Señor Duck Napo Estaminet servait d’écrin à la Moinette blonde (la bière) et à moi-même (l’artiste).
Arrivé en ville, il y a une circulation de fou. Je renonce à l’idée de tourner pendant une demi-heure pour trouver une place gratuite et devoir porter le matériel sur plus d’un kilomètre dans les rues de Liège. Direction le parking payant, et tant pis pour la quinzaine d’euros à soustraire du cachet. Le parking à Liège coûte plus cher qu’à Monaco, pour un service pourtant incapable de fournir une application web donnant un aperçu des places disponibles sur l’ensemble de la ville. Bref, positivons, je me gare à une centaine de mètres, dans un espace éclairé et sécurisé. Malheureusement, il est impossible de prendre les transports en commun avec le matériel pour les concerts.
Quand j’arrive dans l’estaminet, une troupe d’étudiants étrangers chante et rit, chauffés à la bière – de la Guillotine à la Moinette, ils sont pompettes, rient et chantent.
L’installation est assez rapide, on est rodé, comme j’ai pas mal testé l’ampli, j’ai une bonne idée des réglages à adopter. Pour la voix, j’ai opté pour mon SM57, qui chauffe moins ma voix de crooner et qui permettrait à mon ami, s’il venait à passer de pousser un coup d’harmonica dans mon set. Il ne viendra pas, mais je m’y attendais.
Première sortie pour le Fishman Soloamp, revenu d’entre les amplis morts. J’étais un peu stressé, cet ampli a connu une avarie majeure, et malgré la réparation, ma confiance n’est pas encore rétablie à 100%. J’ai lutté contre l’envie de prendre mon Loudbox 100 « juste au cas où ». Pourtant, je l’ai testé, j’ai joué amplifié plein de fois, à la maison, je l’ai laissé branché une journée, pour voir … Je n’aime pas cette sensation que je n’ai jamais eu avec le 100 (mais les pannes ça peut arriver, et se promener avec deux amplis, ce n’est pas réaliste).
La configuration du bistrot se prêtait bien à cet ampli (scène minuscule, un mur devant la scène à hauteur de cuisses et des mezzanines qui ne reçoivent pas bien le son d’un combo, très (trop) directionnel). Le Soloamp bénéficie d’une bonne projection (heureusement, parce que il n’a pas été possible de se brancher dans la sono maison). Mais cette projection a un prix, il manque un peu de punch (littéralement de pression acoustique), d’où une impression de son très propre mais « fin' » malgré de bonnes basses. Ma Lovely Roadie dirait: comme une peinture un peu lisse, alors qu’on aime des aspérités, des coups de pinceaux, des excès de peinture … bref, léger manque de « grain », de rugueux.
On s’occupe des formalités administratives, Sabam, contrat … le patron est réglo, c’est un vrai bonheur. Les étudiants ivres partent. Une bonne nouvelle pour le concert, mais du coup il fait bien vide. Pas de nouvelles des amis qui voulaient venir me voir. Je mange un bout et je lance quelques textos en bouteille à la mer. Mais la nouvelle mode est d’arriver à l’heure à laquelle le concert doit commencer. Du coup, on commence plus tard, et les gens viennent encore plus tard. Cette soirée ne déroge pas à cette nouvelle règle du savoir-vivre en sorties, et les gens arrivent enfin. Une jolie rousse, quelques amis de longue date, des connaissances de mes folles soirées liégeoises, des habitués qui viennent pour le bistrot, des amateurs de musique, des amateurs de bière et beaucoup d’amateurs des deux.
Le concert débute. Pendant les premiers morceaux, quelques retardataires montent à la mezzanine en passant par le côté de la petite scène ce qui est légèrement perturbant, j’avoue. C’est aussi le trajet des toilettes, même si en redescendant, ils attendent poliment la fin d’un morceau, dans mon angle mort, comme je les vois arriver par le balcon, je me demande « passera – passera pas ? ».
Le patron insiste pour qu’au quotidien dans son établissement, la musique n’oblige pas à hausser la voix quand on boit un verre, gage d’une belle convivialité. J’approuve et j’apprécie car du coup le public est très à l’écoute des présentations et de la musique. Le premier set est vraiment sympa entre ragtime, rock acoustique, ballades et reprises. Ma composition « Entre chien et loup » crée un bel instant d’émotion, et pour la première fois quelqu’un m’avoue avoir eu la larme à l’œil.
Je termine mon set par un inédit tout à fait dans l’esprit de cette soirée « Have a beer », clin d’œil aux bons moments passés entre amis devant des bières.
Pendant la pause, j’en profite pour saluer connus et inconnus dans la salle. Personne ne s’est enfui en courant pendant la pause. Les commentaires sont flatteurs. J’aurais aimé avoir des CD à vendre, hélas, il n’est pas encore prêt.
A l’entame de la seconde mi-temps, je constate que la bière fait son effet et que le volume des conversations monte d’un cran. Je ne me lance pas dans une course à l’armement et au volume, perdue d’avance. Plus on joue fort, plus les gens parleront fort. Mais malgré tout, les gens écoutent les morceaux et pendant les annonces, les regards et les sourires des tables du fond m’indiquent que la communication musicale et verbale passe malgré tout.
Le concert se termine et j’ai droit à deux rappels.
Je peux enfin me boire une Moinette … légère, amère pour désaltérer, un peu de fruit et un peu d’épice pour le palais. Très bonne. On démonte, ma Lovely Roadie va nous chercher une Pita au coin de la rue. J’ai faim, du coup « ça me goûte bien » comme on dit à Liège.
Après quelques discussions d’anciens combattants de la guindaille autour d’un nombre non-communiqué de Moinettes (les chiffres varient fort selon les manifestants ou la police), il est grand temps de rentrer pour libérer notre grand-père-babysitter sans oublier de s’acquitter des douze euros cinquante (!) de parking.
2 Commentaires
Très chouette concert dans un endroit que j’apprécie beaucoup. Peu habitué à la mezzanine, j’étais content de pouvoir y entendre très bien le concert. Sono impec ! Et puis musicalement, ça se passe de commentaires. Très bon. Connaissant Jacques Stotzem d’assez près musicalement, d’un peu plus loin hors de la scène, je me réjouissais d’entendre son élève et ami. Pas déçu.
Au plaisir !
Auteur
Merci (et ravi d’avoir fait le bon choix d’ampli).