Nous passons beaucoup de temps à essayer d’améliorer notre jeu de guitare, et pas assez de temps à améliorer notre technique d’apprentissage.
Régulièrement, la question du nombre de morceaux à voir dans les cours se pose. Faut-il voir un seul morceau et le polir jusqu’à la nausée, ou panacher le répertoire pour donner du corps, du choix et de la diversité ?
Pour moi, panacher les morceaux est indispensable.
Un des mythes les plus fréquents sur l’apprentissage est basé sur trois idées fausses selon lesquelles:
- il faut se focaliser sur une seule tâche à la fois,
- le plus longtemps possible,
- la répéter sans interruption.
Ces idées reposent sur la manière dont nous percevons le rapport entre nos efforts et nos progrès.
Un gros effort « doit » être payant, et en pratiquant un seul morceau ou une difficulté technique en boucle, longtemps, nous sentons littéralement la progression.
Malheureusement, ce type d’apprentissage qui semble rapidement payant se repose sur la mémoire à court terme et est sans effet sur le long-terme. Le fait de se focaliser sur une seule difficulté ne développe pas des compétences transposables à d’autres contextes. Car apprendre c’est aussi pouvoir utiliser les compétences nouvellement acquises dans le futur (le contrôle), et dans de nouveaux contextes (la maîtrise).
Mais comme la gratification différée sur le long-terme est une chose difficile à concevoir pour l’être humain, tout le monde aura tendance naturellement à privilégier un système d’apprentissage plus intuitivement gratifiant.
Comment opter pour des progrès plus lents, mais plus durables ?
– Espacer les séances de travail
Jouer une demi-heure tous les deux jours sera plus profitable que de jouer trois heures un seul jour par semaine. A chaque nouvelle séance, vous consolidez le passage entre l’apprentissage à court terme et le long terme. De quoi donner plus de contrôle.
– Alterner le contenu des séances de travail
Lorsqu’on alterne le contenu des séances de travail, on ressent une progression plus lente que lors des efforts monolithiques soutenus. Pourtant, là aussi, vous consolidez votre apprentissage dans un processus de mémorisation à long-terme qui favorise le contrôle et la maîtrise.
– Varier le contexte d’un même problème lors des séances de travail
Pour améliorer la pratique dans l’ensemble, vous devez travailler la même difficulté technique dans des contextes différents. Cela permet d’appréhender au mieux tous les paramètres qui constituent cette difficulté. Travailler la rythmique ou les doigtes de plusieurs passages de morceaux différents qui présentent des difficultés semblables. Cela vous donne la véritable maîtrise, qui sera transposable dans d’autres contextes.
Alors, au(x) boulot(s) !