Bilan de la semaine : 3 concerts en 192 heures … avec 3 projets différents … 694 kilomètres parcourus en Belgique … une insomnie … une petit tendinite débutante à l’index droit … et une petite déchirure musculaire à la cuisse …
Oh, rien de bien exceptionnel, ça fera sourire tièdement les mecs qui tournent sur les festivals de l’été. En dehors d’un échauffement un peu négligé et beaucoup de ukulélé qui m’ont valu une légère douleur à l’index et d’une stupide chute dans un escalier qui m’a valu une blessure à la cuisse, ça c’est bien passé, Tout ça est en train de se remettre, et franchement, j’aimerais que ça soit comme ça tous les mois (les blessures en moins).
Je fais partie des 10% de musiciens belges qui ont un emploi à temps plein, si j’en crois cette intéressante étude chez SMART sur laquelle je suis tombé cette semaine. Cette minorité de 10% exerce à titre principal une fonction non-artistique qui partage souvent des similitudes importantes avec les métiers de la création comme le journalisme, la communication, ou les métiers du web, de la formation et de l’événementiel. Pour ces artistes ordinaires, comme pour les autres d’ailleurs, la reconnaissance recherchée n’est pas une question de statut. Ils ne recherchent pas plus la notoriété mais bien la satisfaction personnelle et la reconnaissance des acteurs de leur champ professionnel avant tout. Une reconnaissance essentiellement basée sur le bouche-à-oreille, les relations avec les clients et les collaborations artistiques réussies.
Lire que cette catégorie de gens existe, une catégorie dans laquelle je me reconnais puisque je travaille dans la communication web, lire qu’elle subsiste et prospère modestement mais sûrement, sans être considérée comme une sous-espèce de musiciens m’a fait du bien. D’autres que moi s’accommodent de cet équilibre, parfois décrié par les puristes qui ont connu d’autres temps (… et ceux qui ne font rien).
Je ne suis pas musicien à mes heures perdues … chacune de ces heures est une heure gagnée, entre un boulot qui n’est pas qu’alimentaire, une famille à nourrir de ma présence, le travail musical et la promo. Cette vision des choses ne plaira pas à tout le monde, mais je m’en fiche.
Je ne ressens pas le besoin de quitter mon boulot pour bosser dans la musique … je bosse dans la musique.
D’ailleurs, le conseil que certains commencent à oser formuler actuellement, à contre-courant du mythe « sex, drugs et rock’n’roll », est « Don’t quit your day job ! » (trad : ne quittez pas votre boulot). J’avais parcouru l’intéressant témoignage d’un artiste qui avait fini par reprendre un job, à force de refuser des dates. Il n’avait souvent pas assez d’argent pour se loger, pour acheter du carburant, pour entretenir sa voiture, et s’acheter le matériel nécessaire à ses concerts. Et passé un certain age, l’envie de squatter chez ses parents ou vivre aux crochets de sa copine du moment lui était passée.
Actuellement il n’y a qu’une minorité d’artistes dont la réussite artistique et économique est suffisante pour ne pas errer de cachet en cachet dans la souffrance. Même les concours, les télé-crochets, les tremplins ne donnent qu’un éphémère coup de fouet.
Est-ce grave ? Non, ça m’est égal … car « Celui-là passera sa vie maître de lui-même et joyeux qui pourra se dire, jour après jour : j’ai vécu. » (Horace)
Et j’ai vécu chacun de ces moments avec plaisir et gratitude et l’infinie envie de remettre le couvert.