Quand on fait la tournée des bars, avec un peu de chance, on négocie un cachet (relire l’épineuse question du cachet). Ailleurs on se contente d’être bien reçu et de profiter du cadre. Genre 100-150 euros de cachet (en solo) ça sonne bien, ça fait sérieux, pas de quoi se plaindre à première vue (car, sachez le, le cachet est toujours trop élevé).
Quelques chiffres pour relativiser:
– un jeu de cordes: 11 euros
– un parking payant pour 5 heures (19h-24h): 12 euros
– un litre de carburant: 1.4 euros (diesel)
– une bière: 1.7~1.8 euros
Oh wait, … ton cachet c’est moins que 10 bières … on devrait demander un bac de bières, le parking et un plein de la voiture plutôt 🙂
Si je change mes cordes, roule 100 km, mets ma voiture au parking (parce qu’un PV ou la fourrière est moins intéressante d’un point de vue financier), j’en ai pour 30 euros. Si je rebois quelques verres (si pas de forfait négocié ou ailleurs) et mets une tournée à des amis/fans encore, 20 euros. Si je suis loin de chez moi, un petit casse-croûte fera plaisir, encore 15-20 euros à moins de faire péter un bon resto, auquel cas il me restera le souvenir d’une bonne soirée pas trop coûteuse. Et ceci sans compter les frais en aval tels que sites webs, affiches, cartes de promo, matériel, instruments.
Si on déclare le cachet, on perd encore 40 euros, on est au fond de la poche, contre le tissu: plus rien, nada. Voilà la triste vérité: jouer gratuitement, ce n’est pas que ne pas gagner de l’argent … c’est perdre de l’argent !
Alors, évidemment il est fallacieux d’imaginer que le cafetier gagne en brut le prix de chaque entrée ou de chaque bière, personne ne réalise 100% de bénef. Il ne suffit évidemment pas que 10 personnes boivent 1 bière pour que la soirée soit un succès financier.
On pourrait imaginer réduire les coûts … des cordes moins chères, changer moins souvent (il m’arrive de faire l’économie quand j’ai deux dates sur deux jours), mais au détriment de la qualité et du confort de jeu. Courir au diable vauvert pour se garer gratuit – en solo, c’est compliqué de transporter tout le matériel sur des longues distances sans se ruiner les mains, et on augmente le risque de vol et d’agression. On pourrait imaginer prendre ses tartines (voire ses bières ?). On peut vendre des démos ou du merchandising pour couvrir les frais.
Ceci dit, les petits plus comme les boissons, une solution pour le parking, un sandwich et quelques verres en rab font vraiment la différence, à défaut de pouvoir grossir le cachet.