Le stage de Musique Acoustique à Virton… 31 ans après

Vingt-neuf octobre deux mille seize, sept heures du mat’, le brouillard dilue les contours de l’autoroute E25. Il n’y a pas que les feux arrière des voitures qui émergent du brouillard, pas mal de souvenirs aussi. Bon, on dirait l’entame d’un mauvais roman, mais c’est touchant de repenser à mon premier stage, il y a 31 ans.

Le passé émerge du brouillard

La E25 dans le brouillard…

La E25 dans le brouillard…

J’avais 15 ans, ces stages ont été des moments déterminants qui influencent encore l’adulte que je suis. Je repense à l’adolescent timide qui découvre ses premières émotions musicales avec Jacques Stotzem et les élèves de Thierry Crommen. J’ai toujours abordé ces stages avec la nonchalance d’un adolescent qui se satisfait de faire des notes ressemblant de loin aux exercices proposés. Si seulement je pouvais botter les fesses du moi d’y il a 30 ans pour m’obliger à mieux travailler… et je m’offrirais un métronome.

Je me souviens de l’ambiance chaleureuse unique dégagée d’un groupe de personnes animé par la même passion. Quand j’y repense, la musique soliste unit l’individu et le groupe dans un équilibre sans compétition qui me convient bien mieux que le sport.

Études, famille, boulot et pognon: une succession de choix raisonnables m’a éloigné des stages pendant des années. J’aurais aimé participer à l’édition des 30 ans, mais outre les raisons raisonnables mentionnées avant, la perspective d’être confronté au fait d’être perçu comme une sorte d’antiquité qui a participé aux premiers stages était intimidante.

Le retour au stage

Mais la raison impose également de sortir de sa zone de confort et de remettre sa ceinture blanche. Si les années de stages avec Jacques Stotzem m’ont appris énormément de choses, la somme des choses que j’ignore est toujours infinie. Je me suis inscrit au stage de Toussaint. L’idée est de me confronter à d’autres visions, d’autres univers. Mais en m’inscrivant au stage de Picking de Stéphane Wertz je limite quand même le grand écart. Après une formation classique, puis en tant qu’élève de Jacques Stotzem, son univers musical reste la porte à côté.

Le stage de Toussaint 2016 de l’asbl Musique Acoustique rassemble une septantaine de stagiaires. La guitare est bien représentée, en rythmique, jazz et fingerstyle. Parmi les autres instruments on trouve le ukulélé, la contrebasse, le cajon et la mandoline et le chant. Je craignais de me retrouver entouré de jeunes musiciens, mais à l’exception d’un petit groupe, le public des stages a eu le bon goût de vieillir gracieusement avec moi. Quelques anciens notamment Thierry Crommen me reconnaissent.

Accueil des stagiaires 2016

Accueil des stagiaires 2016

Premier contact

Rien ne change, après répartition des internes dans les chambres et l’inévitable discours des organisateurs, nous nous dirigeons vers les classes. Le programme de ce stage s’annonce passionnant. Je voulais sortir de ma zone de confort, je suis servi.

Stage virton 2016 - Stéphane Wertz

Stage virton 2016 – Stéphane Wertz

J’ai décidé de m’intéresser autant aux morceaux simples qu’aux morceaux plus complexes. Les premiers sont l’occasion de travailler le toucher et la musicalité. La beauté existe autant dans l’épure que dans la complexité. Une bossa et une samba, voilà des styles que j’ai peu pratiqués. Finalement, ce style compte deux types d’accords : les accords à trois notes qu’on fait à cinq doigts et les accords à cinq notes qu’on fait à trois doigt. Moi qui suis cantonné dans le blues-folk-rock depuis (trop ?) longtemps, voilà une belle occasion d’élargir mon vocabulaire.

Habituellement le latin-jazz m’ennuie avec ses accords fondus ton sur ton, mais les arrangements choisis mêlent habilement mélodie et tension harmonique. Les autres morceaux sont un morceau de Stevie Wonder et « My Valentine », superbe chanson de Paul McCartney.

 

Cours et repas…

L’organisation, forte de plus de 30 ans d’expérience est impeccable sans être pesante.

On ne va pas à ce genre de week-end pour la gastronomie. Mais il ne faut pas se mentir, manger fait partie du bien-être nécessaire à de bonnes conditions d’apprentissage. En plein processus de reprise de contrôle de mon alimentation, il y avait un challenge à relever. L’offre en fruits frais, légumes et protéines m’a grandement facilité la tâche. Je n’ai pas de soucis avec le gluten ou le lactose. J’ai juste ajouté une bière et une bière spéciale… pour les vitamines 🙂

Pour la soirée, un concert des stagiaires est prévu. J’hésite un peu à m’inscrire, la journée fut longue et éprouvante pour les doigts. Mais ce serait bête de rater une occasion de confronter ma musique avec un public. D’autant qu’il s’agit d’un public de musiciens acoustiques. Je jouerai « Have a beer » suivi de « Entre chien et loup » pour illustrer les deux faces de mon univers musical personnel. Comme pour l’éponge vaisselle, alterner le côté qui gratte et le côté doux.

Concert des stagiaires 2016

Concert des stagiaires 2016

… et puis concert

Le concert est varié, les stagiaires se produisent avec instruments et chanteurs, en solo, en duo, quintette ou quatuor ou carrément en ensemble, avec et sans le support des professeurs. Je ne peux échapper à ma condition de bibelot antique et la présentation mentionne immanquablement mon ancienneté. J’aurais sans doute préféré pouvoir faire valoir ma fidélité. Où en serai-je après 30 ans de stage ?

C’est compliqué de sonoriser autant de musiciens à la volée, le son sera ce qu’il sera. On fera « avec » comme on dit à Liège. Le plus dur reste de ne pas changer sa manière de jouer en fonction du son des retours très marqué dans le médium. Je demande un peu de reverb pour le second morceau. Je le regrette instantanément, car je me retrouve avec un delay en slap back plein de souffle, heureusement suffisamment long pour ne pas me perturber rythmiquement.

Après le concert, c’est l’inévitable jam qui prend la suite. Je m’attendais à un déluge de swing, mais nous jouons et chantons de tout, et entre jeu au culot, au pif, à l’oreille et au radar, on s’amuse bien. Il est deux heure trente environ quand je jette l’éponge (il ne reste plus que le côté qui gratte). 

Stage de Virton 2016 - la Jam

Stage de Virton 2016 – la Jam

Le (dur) lendemain matin

La nuit est courte, malgré le changement d’heure. Après le petit-déjeuner, nous reprenons les cours. Dure fin de la matinée, je suis fatigué et ma mémoire sature, plus moyen de me souvenir des positions d’accords plus jazz que je pratique peu. Il faudra que je revoie tout ça au calme chez moi. Mon tampon pour dessiner des accords a séché et j’ai oublié chez moi les feuilles vierges pour note les positions d’accords. Les partitions sont à moitié en tablature, à moitié en portées. Les accords sont mentionnés et les mélodies, mais l’arrangement est laissé à la discrétion de l’interprète. C’est à la fois déstabilisant et plein de potentiel.

Nous terminons la journée par un passage chez les joueurs de Cajon, pour un exercice collectif.

Stage de Virton - la classe de cajon

Stage de Virton – la classe de cajon

Ensuite c’est le retour, fatigué, mais content d’avoir pu remplir l’objectif que je m’étais fixé.

Finalement, j’ai pu sortir de ma zone de confort et m’ouvrir a de nouvelles façons de travailler. Il va me falloir un peu de temps pour digérer tout ça, mais peut-être que je pourrai m’approprier ce nouveau vocabulaire pour l’intégrer à mon univers musical.

L’iPod d’Apple a 15 ans – la musique est partout

Il y a exactement 15 ans, le 23 octobre 2001, Apple présentait le premier iPod. Il propose un écran monochrome de 2 pouces et un disque dur de 5 Gb. Ce baladeur permet d’emporter environ mille chansons de 4 minutes au format mp3. Vingt-deux ans plus tôt, Sony présente le premier Walkman. Ces appareils ont changé notre rapport à la musique.

Apple iPod : 15 ans déjà !

Apple iPod : 15 ans déjà !

Mon fils a douze ans, hier il a reçu son premier baladeur. Indéniablement un signe de liberté et d’émancipation pour le pré-adolescent qu’il devient sous mes yeux.

Quels changements le nomadisme musical a amené dans nos vies ?

L’affranchissement de l’espace

Avant ces inventions, l’écoute de la musique nécessitait des espaces fixes spécialisés : espace familial, salle de concert, église ou fête de rue occasionnelle. L’espace était culturellement marqué et donnait un contexte et une légitimité à la musique qui y était pratiquée. La musique jouée dans une église n’était pas celle attendue dans un club de jazz enfumé. Le lieu marquait l’attente musicale d’un groupe culturellement défini. En substance, le lieu, le groupe social et la musique formaient un tout initiatique qui imprégnait l’auditeur.

Se libérer du temps

La musique, dés le moment de l’enregistrement s’est également libérée du momentum de son exécution. L’oeuvre ou l’album peut s’envisager en RANDOM, les titres s’enchaînent au hasard des algorithmes. Les titres peuvent être répétés et ré-écoutes ad libitum, voire ad nauseam. Avec les pratiques d’écoute nomade, on peut écouter au saut du lit les dernières notes du concert d’une fin de nuit ou se baigner dans un chant sacré de l’aube du bout du monde, tout en se laissant bercer par le train du soir bondé de nos semblables.

Note : Pour certains, le retour à certaines pratiques d’écoute « lentes », comme se repasser un « bon » vieux vinyl pourrait être la recherche d’une recollection d’un espace-temps dédié à l’écoute.

Deux espace-temps concomitants

Notre esprit subit un hiatus entre le temps et l’espace perçus mentalement au travers de ce que nous écoutons et celui du réel qui nous entoure. Le baladeur permet l’isolement en créant un espace conforme à l’humeur de l’instant. De cette manière, il permet de se distancier de l’espace sonore contraint, qu’il soit urbain, professionnel ou domestique.

A l’heure actuelle, il n’existe plus guère de moment ou de lieu privilégie dédié à la musique. Ces lieux ont même tendance à disparaître. L’écoute individuelle est éclatée. Socialement, on n’a guère de comptes à rendre sur ce qu’on écoute.

On pousse sur PLAY au saut du lit et sur STOP sur l’oreiller (quand on oublie pas d’éteindre). La consommation de la musique se fait en masse, on emporte des dizaines de milliers de morceaux de musiques sur son iPod.

On entend la musique, on ne l’écoute plus. Pour certains c’est une opportunité d’ouverture sur un univers musical presque sans limite, pour d’autres la cause d’un enclavement volontaire.

Paradoxalement, la musique qui nous est imposée par l’autre dans un espace dont nous sommes captifs et dans un temps contraint est perçue comme une nuisance intolérable.

Finalement au travers du Walkman et des iPods, de toutes les fonctions de la musique c’est l’isolement qui permet une forme apaisement et surtout le plaisir de la musique en tout lieu et à toute heure qui se sont banalisés et universalisés.

Difficile de ne pas y percevoir une forme de progrès pour l’individu.

Festival de la guitare de Verviers, soirée acoustique

Entre tradition, virtuosité et modernité, la Belgique, la France et l’Allemagne constituent un triangle privilégié de la guitare acoustique fingerstyle. Au centre de gravité de ces trois régions a lieu le festival de Verviers qui réunit un triptyque de musiciens à la complémentarité passionnante. Rendez-vous à la soirée acoustique du 4 novembre.

La soirée acoustique

Pour commencer, Jacques Stotzem (B), le verviétois est avec Francis Geron (Spirit of 66), l’instigateur passionné de ce festival. Il invite autour de lui d’autres musiciens pour une soirée faite de moments en solo, mais aussi de duos et de trios..

Ensuite, Michel Haumont (F), compositeur, arrangeur et accompagnateur, dont j’aime la « french touch ». Si on souligne toujours l’influence de Marcel Dadi dans son style, je trouve que c’est un peu réducteur. Il a apporte une élégance et une finesse mélodique et technique qui n’appartiennent qu’à lui.

Et finalement, Claus Boeser-Ferrari (D), défriche le paysage sonore de la guitare acoustique avec énergie et inventivité. Une sonorité tout en aplomb et sincérité.

Festival de la guitare de Verviers : soirée acoustique

Festival de la guitare de Verviers : soirée acoustique

Les autres dates, les autres artistes du festival

Ci-dessous, toutes les autres dates de concerts du festival sont dans le tableau. Vous trouverez les infos pratiques à propos du festival sur www.festivaldelaguitare-verviers.be

 

Sa 15 octobre – 20H30

Chris JAGGER Acoustic Roots (UK)

Lu 17 octobre – 20H00

KING KING (Scotland)

Me 19 octobre – 20H00

FAIRPORT CONVENTION (UK)

Sa 22 octobre – 20H00

GOLPES (B)

Di 23 octobre – 11H00

Karim BAGGILI (B)

Lu 31 octobre – 20H00

Henrik FREISCHLADER Trio (D)

Me 02 novembre – 20H00

The BREW (UK)

Je 03 novembre – 20H00

Thomas DUTRONC (F)

Ve 04 novembre – 20H00

– Jacques STOTZEM (B)
Michel HAUMONT (D)
Claus BOESSER FERRARI (D)

Me 16 novembre – 20H00

Erja LYYTINEN (Fin)

Ve 18 novembre – 20H00

Tony Joe WHITE (USA)

Comparer ce qui est comparable, sans oublier le prix

Sur ce site je vous parle de matos allant du gadget à quelques euros jusqu’à des outils valant plusieurs centaines d’euros. Le rapport qualité-prix, ou dans le cas du musicien, le rapport prix-qualité, est une donnée essentielle pour comparer deux produits. Je vous livre une petite réflexion nourrie des commentaires reçus sur les tests de la caméra Zoom Q8.

comparer des pommes et des poires

comparer des pommes et des poires

Dans le cas de la caméra Zoom Q8, des voix s’élèvent pour critiquer les performances en basse lumière. A juste titre ! Je suis persuadé de ne pas avoir réussi lors d’un concert à exploiter au mieux la caméra, faute de tests préalables et d’une bonne expérience avec les réglages du nouveau firmware qui venait d’arriver. J’admets volontiers que ce n’est sans doute pas la meilleure caméra du monde, mais plutôt une solution bien dimensionnée pour de nombreux musiciens au budget limité.

Mais d’autre part, de quoi parlons-nous ? Que comparons nous ?

Mais avec quoi comparer la Zoom Q8 ?

De nombreux extraits de concerts sont filmés avec un reflex. Le rendu très cinématographique est évidemment excellent. Néanmoins, il faut comparer ce qui est comparable. Un bon reflex pour la vidéo vaut bien un millier d’euros. Il faut y ajouter un bon objectif, quelque part entre 500 et 1000 euros. Et pour finir il faut faire une prise de son externe sur un enregistreur, à environ 300 à 400 euros. Nous voilà avec un budget entre 1500 et 2500 euros, bien loin d’une caméra Zoom Q8.

Reste le problème principal du reflex qui ne permet pas de filmer pendant plus de 20 minutes. Trois raisons à cela :

  • le capteur d’un reflex chauffe rapidement et pour éviter de brûler des pixels du capteur le temps d’activité est limité par le constructeur
  • certains appareils ne permettent pas de faire des fichiers de plus de 4 Go ce qui interrompt la vidéo à la fin de l’écriture
  • l’Union européenne a décidé qu’une caméra vidéo était taxée à l’importation. Pour l’Union, une caméra est capable de filmer plus de 30 minutes. La limitation de la durée vous évite de payer vos appareils photos(encore) plus chers.

Pour contourner ce problème légal, les vidéastes utilisent des enregistreurs externes. Ces enregistreurs capturent la sortie numérique de l’appareil sur un disque dur, mais ces boîtiers ont un coût.

Deux scénarios, deux solutions différentes

Le principe reste valable pour toutes choses. On trouve souvent mieux, plus rapide, plus gros… mais c’est plus cher. Finalement, ces solutions plus coûteuses conviendront bien à la réalisation d’interview, de résumé de concerts ou de clips fait maison. Des vidéos assemblées à partir de clips filmés successivement ou mis en scène. Des vidéos nécessitant des intervenants qui se chargent de filmer et de démarrer puis de redémarrer ces caméras.

Bien loin d’une solution permettant d’installer une camera en début de concert et de la laisser tourner pendant toute la durée du concert ou de la répétition sans plus s’en préoccuper, tout en enregistrant un son exploitable au départ d’une source d’ambiance et d’une prise directe à l’instrument ou à la table.