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Jouer, en toute décontraction …

Faire de la musique, sans effort

La technique et la concentration semblent être dans une certaine forme de contraction, tandis que le timbre, le son et la musicalité résident dans la décontraction totale. Il faut trouver le juste équilibre entre la tension et le relâchement pour faire de la musique plus belle.

Ce qui frappe chez les maîtres d’un art ou d’un instrument c’est l’aisance, la visible économie de moyens et d’énergie qu’ils déploient pendant la prestation. Edmond Rostand faisait remarquer à son Cyrano de Bergerac ce qu’il ne faut pas faire: C’est un acteur déplorable, qui gueule, / Et qui soulève avec des han ! de porteur d’eau, / Le vers qu’il faut laisser s’envoler !  (Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac).

Laisser s’envoler les notes, sans effort.

Dés la répétition, il faut se créer l’espace et le temps nécessaire à une bonne répétition et un bon concert. On ne trouve pas le temps, on le prend ! On ne cherche pas l’espace, on l’occupe.  Il faut préalablement éliminer TOUS les problèmes de l’instrument: accordage, instrument mal réglé ou sale, cordes veilles, amplification.

Pour chercher la décontraction, il faut des morceaux faciles, accessibles et maîtrisés (un morceau simple bien interprété prime sur une prouesse technique laborieuse).

Au risque de passer pour un illuminé du Zen ou un prof de Yoga à deux balles, j’invite mes élèves à travailler sur ce relâchement, à retirer toute notion d’effort dans ce qu’il font. Commencer par se concentrer avant de répéter. Respirer. Eviter de commencer un morceau par une demi-apnée, comme si on se jetait à l’eau depuis le bord d’une piscine. En partant crispé de la sorte, on est en combat contre son corps pendant toute la durée du morceau. Au contraire, il faut parcourir son corps mentalement pour corriger tous les petits inconforts physiques. La position, bien sûr, avec ses appuis, l’ancrage au sol (solide et souple), mais également les sensations positives ou négatives nées d’une ceinture, d’un soulier, d’une couture de chaussette, d’une montre. Toutes ces choses qui empêchent d’oublier son corps. Je le disais en boutade: “un bon slip, c’est la moitié d’un bon concert”.

Pour un guitariste, il faut arriver à supprimer la contraction du haut du corps (épaules, dos, bras) et combiner cette décontraction avec une tonicité “utile” au niveau du ventre, de la respiration et des appuis. Une fois la contraction du corps retirée, on se rend compte de la force exagérée qu’on utilise pour toucher le manche (pour une guitare bien réglée du moins), et on peut doser son effort plus finement, ce qui permet de ne pas écraser les notes, d’éviter les micro-bends (notes fausses dans un accord), en un mot de faire de la plus belle musique.

Dans ce processus de décontraction, les derniers carats de techniques manquants apparaîtront comme une tache sur un drap blanc et devront être impitoyablement corrigés. Je pense qu’un bon ratio tourne autour de 2% de contraction pour 98% de relâchement. La bonne nouvelle est qu’un esprit disponible sans lutte intestine avec  le corps éprouvera également un plaisir plus intense. Vous serez plus présent, plus généreux, plus détendu … voire souriant.

Evidemment, on peut décider de s’en foutre, on peut penser qu’on ne doit pas “se prendre la tête” mais ça doit être une décision, pas une situation subie.

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