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Ne joue pas pour des gens qui mangent !

Après mon stage de Ukulele à Neundorf, il a été assez rapidement question de m’inviter pour une prestation musicale dans le cadre des portes ouvertes pour les 40 ans de l’atelier créatif.

« Ne joue pas pour des gens qui mangent ! » m’a dit un jour un de mes mentors. Un conseil dont la sagesse se  vérifie chaque fois. Quand les gens mangent, cela veut dire qu’ils ne sont pas venus pour la musique. Ils sont là pour passer un bon moment. Et la musique peut faire partie de ce moment, mais elle ne sera jamais au centre de l’attention. C’est pourquoi je distingue depuis toujours les « concerts » des « animations musicales ». Dès lors, j’ai remis cet excellent conseil à ma sauce : « Quand tu joues pour des gens qui mangent, ne t’attends pas à être très écouté ».

Réception de mise à la pension

La matinée est consacrée à la mise à la pension des deux piliers historiques de l’atelier, une animatrice et une coordinatrice qui prennent une pension bien méritée. J’ai lancé les festivités avec « Have a beer », le morceau qui démarre quasi tous mes concerts. 

Ensuite, après les discours, remises de cadeaux et de fleurs, j’ai enchaîné avec quelques morceaux pendant le walking dinner. L’objectif est pour moi d’assurer une présence « efficace » sans en faire trop. Je cherche toujours à remplir ma part du contrat.

C’est un exercice étrange et fatigant, car il faut malgré tout jeter beaucoup d’énergie pour exister dans un sentiment de vide. Rien ne sert de vouloir jouer plus fort, les gens ne feraient que parler plus fort.

40 ans d'atelier créatif, ça se fête

40 ans d’atelier créatif, ça se fête

Quelques personnes viennent me féliciter, parler musique et guitare, ou même me demander des infos de booking. C’est plutôt une bonne surprise. Dans chaque foule, il y a toujours quelques personnes qui écoutent et apprécient. Heureusement, cela permet de ne pas trop souffrir de la vanité de l’exercice et de titiller le sentiment d’imposture. La région germanophone a toujours manifesté beaucoup d’intérêt pour la guitare acoustique, comme en témoignent mes concerts à Eupen ou à Saint-Vith et les bons retours que j’en ai eu.

Le temps d’avaler quelques bouchées et il est temps de déménager vers l’atelier. Ma Lovely Roadie recharge la voiture et nous parcourons… 50 mètres pour nous garer à l’ombre. Le temps de faire une petite sieste dans l’auto et il faut réinstaller le matériel dans la cuisine de l’atelier.

Portes ouvertes à l’atelier créatif

L’après-midi, j’ai changé d’instrument. Avec mon ukulele, l’idée est d’animer musicalement la journée portes ouvertes. Mais l’acoustique de la « cuisine » ne se prête guère au mélange des voix et des conversations, un comble alors qu’il s’agit d’une salle de classe. Ma Lovely Roadie, qui est enseignante, me dira que c’est son quotidien.

One Man in the Kitchen Band

One Man in the Kitchen Band

Je finirai par jouer dehors en profitant du passage et du soleil d’octobre. Il y a pas mal de monde dehors pour profiter des animations. Ce n’est pas plus mal. Quelques enfants viendront même danser devant moi. Leur spontanéité fait plaisir à voir.

Je retire beaucoup de positif de cette journée à l’atelier créatif de Neundorf. Outre le plaisir de jouer, j’ai pu nouer quelques contacts utiles. J’espère avoir suscité l’envie d’y tenir un autre stage d’été. J’y ai croisé mon inattendue « belle-soeur ». J’ai assisté à de belles démonstrations de toutes sortes. J’ai mangé du «Streuselkuchen», chose qui ne m’était plus arrivée depuis longtemps, une vraie madeleine de Proust. Ils savent faire des gateaux dans ma région natale, c’est sûr.

Mais j’avoue que j’ai aussi faim d’un vrai concert.

Jacques Stotzem prend l’AER

.Jacques Stotzem a fait le choix récemment de collaborer dorénavant avec AER Amps pour son amplification sur scène. Au-delà des spécifications techniques qui peuvent motiver ce genre de décision, j’ai eu envie d’en savoir plus. J’ai rencontré Jacques pour un entretien à propos de ce changement. J’avais envie de lever le voile sur les relations entre un fabricant de matériel et un artiste qui voyage de scène en scène.

Jacques Stotzem chez AER

Jacques Stotzem chez AER

Jacques, celles et ceux qui te suivent de longue date savent à quel point tu es quelqu’un de fidèle dans tes relations amicales et professionnelles. Tu changes également assez rarement de matériel. Le fait de rejoindre l’équipe d’AER amps a pu être une surprise pour certains et pour certaines. Pourquoi as-tu décidé de changer à ce stade de ta carrière artistique ?

Jaques Stotzem : Comme tu dis, j’ai une grande fidélité dans mes relations en général et aussi dans mes relations avec le matériel parce que je suis plutôt quelqu’un de la vieille école. C’est-à-dire que bon, j’aime le son de ma guitare, j’aime le son que je peux avoir avec le matériel que j’utilise. Je n’ai pas forcément envie de changer.

Mais j’ai découvert un ampli AER qui me correspondait, c’est-à-dire un ampli compact et puissant, avec vraiment une très belle sonorité, une très belle réverb. Et je pense quand même qu’en tant qu’artiste, il y a une relation qui s’installe entre une firme et un artiste. Je sentais aussi que ma relation professionnelle avec Fishman arrivait un peu dans une sorte de voie de garage.

Justement, qu’est-ce que tu considères comme important dans la relation entre toi et les marques ?

J.S. : Moi en ce qui me concerne, c’était avant tout l’attrait de matériel que j’aime et que j’aime utiliser. Je n’ai jamais de ma vie utilisé une guitare, ou des cordes ou un ampli que je n’aimais pas, donc je dois d’abord être profondément convaincu du matériel que j’utilise. C’est une première chose. Mais aussi en tant qu’artiste vis-à-vis d’une firme, il y a une sorte de relation win-win. C’est-à-dire qu’on établit une relation en se disant voilà, je vais utiliser ton matériel parce que c’est quelque chose dont je suis convaincu professionnellement en tant qu’artiste.

La firme de son côté, si tu veux, doit te permettre d’avoir autre chose que l’ampli ou des cordes de guitare ou même une guitare. C’est-à-dire c’est une relation professionnelle d’échange, par exemple des invitations à jouer dans tel festival ou bien dans un salon professionnel, des choses comme ça. Et à ce niveau-là, si tu veux dans ma relation avec Fishman, il ne se passait plus rien.

Quels ont été les facteurs clés qui ont influencé ta décision ?

J.S. : Géographiquement, c’est beaucoup plus simple d’avoir une relation avec une firme européenne qu’avec une firme américaine. AER amps, que je connais depuis très longtemps a sorti cet ampli, le Compact XL. J’ai eu l’occasion, il y a plus d’un an déjà, de l’essayer dans un salon de musique à Prague. Et j’ai vraiment, vraiment été épaté par le son.

Et c’est une relation qui s’est établie avec AER petit à petit. Je sentais vraiment l’intérêt de la firme d’avoir un nouvel artiste dans leur équipe. Après les avoir rencontrés, avoir visité la fabrique, je me suis rendu compte qu’il y avait une relation qui pouvait être établie et qui pouvait durer sur le long terme. Pour moi c’est cette optique d’un échange réciproque, en plus de la conviction profonde que le matériel sonne vraiment bien qui m’ont décidé.

Moi, ce que je cherche toujours dans un ampli, c’est un ampli qui ne colore pas le son. Je n’attends pas le son d’un amplificateur avec une certaine coloration. J’attends que l’ampli me donne le son de ma guitare tout simplement. C’est un son acoustique et dans cette optique-là, le AER Compact XL 80 remplissait à 100 % cette attente. Si tu veux, mon objectif de base, c’est toujours d’abord d’aimer le son.

Il y avait pour moi aussi une question un peu philosophique ou éthique. Même si c’est de l’électronique, donc que les pièces viennent d’Asie, tout est assemblé à l’usine qui est à 150 km de chez nous. Si j’ai un souci ou quoi-que-ce-soit, je prends ma voiture et 2 heures après je suis à la fabrique. Il y a un grand nombre de personnes qui travaillent aux soudures dans un environnement protégé. Même les housses fournies avec les amplis sont faites en Europe. Au niveau de la démarche, de la production, du commerce, je trouvais aussi que ça me correspondait beaucoup mieux. Dans le sens de me dire, est-ce que notre société ne devrait pas un peu changer vers un mieux à ce niveau-là ?

Peut-on dire que tu préfères ne pas trop t’intéresser à la technique et au matériel. Tu cherches juste la meilleure solution, une certaine efficacité ? Serais-tu d’accord avec la phrase « Le meilleur matériel c’est celui dont on ne parle pas ? ». Le célèbre « setup and forget ».

J.S. : Je pense que c’est ça. J’ai juste besoin de ma ligne de guitare qui mélange déjà 2 signaux. Un capteur de chevalet et un microphone. Et ça part via un Jack mono qui mélange les deux.

Je suis convaincu qu’un capteur de chevalet peut être aussi bon qu’il veut, mais il n’est jamais assez bon pour reproduire le son d’une guitare acoustique. Donc ce qui va reproduire le son d’une guitare acoustique, c’est le système le plus ancestral, c’est un micro devant la guitare ou un micro à l’intérieur de la guitare. C’est quand même toujours ce qui va rendre le son d’une guitare le plus naturel. Mais ça peut engendrer des problèmes de feedback. C’est le capteur qui va donner la dynamique au son et le microphone va amener du naturel. Je trouve que cette manière de mélanger 2 signaux dans un signal mono reste pour moi vraiment la meilleure solution.

Quand tu disais que le meilleur matériel est celui dont on ne parle pas, moi je veux surtout voyager léger. Parce qu’il n’y a rien de plus embarrassant que de se retrouver avant un concert à devoir faire un soundcheck interminable parce que tu as des tonnes de choses à régler. Le soundcheck c’est toujours très fatigant, éprouvant. Je veux que ça dure une demi-heure au maximum. Comme ça tu conserves toute ton énergie pour le concert. C’est un objectif que j’ai toujours eu. Je me rends compte que c’est utile pour l’efficacité du concert, d’avoir gardé ton énergie et de ne pas la perdre dans un soundcheck interminable.

As-tu déjà envisagé des systèmes stéréo avec plusieurs capteurs/microphones ? Par exemple pour exploiter le second canal de tes amplis ?

J.S. : Non, jamais non, tout simplement parce que voilà, j’ai le pick-up que j’utilise, le Fishman Ellipse Blend dont je suis toujours très content. Mais ce n’est vraiment pas quelque chose de techniquement compliqué. Je ne suis pas du tout sûr que les systèmes stéréo que j’entends parfois amènent un meilleur son. Mais ça, c’est une conviction en tant qu’artiste, c’est un goût personnel. Ça amène d’autres perspectives peut-être, mais ce ne sont pas des perspectives qui m’intéressent parce que comme je l’ai dit, je fais partie de la vieille école.

Ce côté « old school », je l’appelle toujours la génération « Plug-and-play ». J’arrive, je branche ma guitare dans un ampli ou dans une DI box et le son va dans la sono, un point c’est tout. Je ne cherche pas plus.

Mais si maintenant, on joue avec des boucles ou des choses comme ça, on peut utiliser un autre capteur pour des boucles. Et puis remixer avec autre chose qu’on rejoue par-dessus. Je comprends qu’on soit intéressé par ce type de systèmes pour utiliser des effets différents.

Mais moi, pour la musique que je fais, je n’y vois pas d’intérêt. C’est quelque chose avec lequel je ne me casse pas trop la tête, parce que je sais qu’à terme ça va être trop difficile à gérer.

Le public a-t-il réagi à ce changement de son dans tes performances live depuis que tu utilises le nouvel ampli ?

J.S. : Non, je n’ai pas vraiment eu de réactions d’étonnement concernant une différence de son, tout le monde dit qu’il est très bon. Alors pour moi, c’est le principal. Il y a des guitaristes qui viennent me dire, j’ai vu que tu avais changé d’ampli et j’aime vraiment beaucoup le son. Ils ne me disent pas que le son est différent ou que le son a changé ou que le son est étrange. On reste dans une continuité, si tu veux. À partir du moment où ma guitare est amplifiée, elle sonne comme ma guitare.

Effectivement, je t’ai entendu jouer sur l’ampli AER à Villers lors du tournage du trailer de « Histoires sans mots » et je n’ai pas été surpris par le son. Alors, dit comme ça, ça peut sembler être une critique. Mais en fait, c’est tout le contraire dans le sens où ce son m’a paru normal. C’est le son que j’attendais, c’était le son de ta guitare comme je l’ai toujours entendu.

J.S. : Je pense que dans le monde de la guitare acoustique avoir un ampli transparent, c’est important. Je pense qu’on n’est pas dans la même approche que les guitaristes électriques qui recherchent justement le son d’un vieil ampli Vox ou le son d’un vieil ampli Marshall, par exemple. Là, la couleur de l’ampli a son importance. Mais dans la guitare acoustique, pour les guitaristes, le but n’est pas là.

Ça fait des années que tout le monde se casse la tête pour reproduire le son naturel de la guitare. Je crois que le but d’un bon ampli acoustique c’est justement d’avoir cette transparence.

Tu as opté pour le modèle AER compact XL. Pourquoi celui-là ? Est-ce que ce n’est pas une puissance un peu limitée pour certaines scènes ?

J.S. : Non non, pas du tout. On regardera si tu veux la fiche technique mais en fait je pense qu’il a 200 watts de puissance. En fait, je me surprends moi-même souvent au soundcheck. Je dois faire attention à la puissance que je mets parce qu’il est vraiment très puissant. Honnêtement, il a vraiment du coffre comme on dit. Il n’est pas si compact que ça. Parce qu’AER fait des versions compactes qui sont nettement plus petites.

AER Compact XL (image AER)

AER Compact XL (image AER)

Il y a des caractéristiques spécifiques à cet ampli qui ont joué un rôle clé dans ta décision ? Tu as testé plusieurs modèles ?

J.S. : Pour moi la référence clé si tu veux c’était de ne pas avoir un ampli où le focus est mis sur le registre aigu. Beaucoup d’amplis acoustiques malheureusement le font, mais c’est normal. Peut-être que les gens qui jouent en groupe cherchent plutôt cette sonorité plus aiguë. Moi, je voulais un ampli qui me donne tous les registres dans leur grande richesse que ce soit les basses, le médium ou l’aigu. Et avec cet ampli, il y a tout. Le registre grave est vraiment fort profond avec de beaux médiums chaleureux et les aigus pas trop forts. Donc pour moi, c’était vraiment la version idéale.

Je suis allé chez AER pour me décider sur quel ampli j’allais jouer. Andreas Falke qui est la personne qui s’occupe des relations avec les artistes m’a dit : « Je te conseille d’essayer celui-là en premier par rapport à ce dont on a discuté ». Et effectivement quand j’ai essayé les autres, je savais directement, en un accord, que le Compact XL allait être mon ampli par rapport aux autres qui sont des versions plus petites.

As-tu apporté des ajustements à d’autres réglages sur ta guitare ou à ta technique de jeu ?

J.S. : Rien du tout, même pas sur mon préampli. Ça rejoint ce qu’on disait avec le fait de rendre le son de la guitare de la manière la plus transparente possible.

Si tu pouvais changer une seule chose sur cet ampli ou définir un ampli selon tes propres spécifications quels seraient tes désirs en fait ?

J.S. : Je l’ai déjà fait, figure-toi. Parce qu’en fait le premier ampli que j’ai eu, c’était l’ampli qui m’a servi de test. Je l’ai pris pour voir si je pouvais faire tout ce dont j’avais besoin avec cet ampli-là. J’avais remarqué quelque chose qui m’ennuyait un peu. C’est-à-dire que quand je joue en concert, ma ligne de guitare est généralement reprise par une sono plus importante. Mon ampli me sert alors de retour. J’avais remarqué que la réverb de l’ampli ne passe pas dans la ligne XLR de l’ampli. Or c’est cette sortie que j’utilise comme DI box. Ça m’ennuie un peu parce que du coup je devais utiliser la sortie Jack pour retrouver la réverb. Et donc je devais utiliser une DI box supplémentaire. Je m’étais dit au début que c’est juste une question d’habitude. Mais c’était moins pratique pour moi.

En plus la réverb de l’Ampli est très belle. Elle a beaucoup de profondeur et je trouvais dommage de de devoir m’en passer si j’utilisais la ligne XLR.

J’ai donc demandé un 2e ampli avec une customisation de la ligne XLR et maintenant la réverb est mise sur la ligne XLR de mon ampli.

AER Compact XL (image AER)

AER Compact XL (image AER)

Et c’est le seul ajustement que j’ai demandé. J’ai demandé chez AER, si c’était possible ? Et ils m’ont dit que c’est sans souci parce que tout est fait à l’usine et ça ne leur posait aucun problème, techniquement.

C’est peut-être une illustration de pourquoi il est intéressant pour une firme d’avoir des artistes professionnels qui travaillent avec leur matériel. Ils peuvent donner ce type de feedback et d’ajustements, pour des modèles futurs peut-être.

■ DvL – Merci à Jacques Stotzem de m’avoir accordé cet entretien pour le site guitar.vanlochem.be
    Entretien enregistré le 26.08.23

Making-of du trailer “Histoires sans mots”

La réalisation des clips vidéos et trailers pour les albums de Jacques Stotzem m’a permis de visiter pas mal d’endroits inattendus comme le musée du Peigné et la villa sauvage, le clocher de l’église Saint-Remacle à Verviers ou le musée des tranports en commun à Liège. Le trailer de l’album Handmade avait été simplement filmé dans mon studio, pour cause de Covid, « en respectant les gestes barrière ». Mais cette fois, nous sommes de sortie ! Nous nous rendons à l’abbaye de Villers pour filmer le trailer de présentation de l’album « Histoires sans mots ». Un superbe album dont je vous ai déjà partagé mes impressions. Voici le making-of du trailer de présentation de l’album.

Repérages en ligne et en 3D

Jacques est un invité régulier de l’abbaye de Villers. Lors de son passage, la cave romane lui a tapé dans l’œil. Sur le site, une petite modélisation en 3D permet une visite virtuelle. J’en profite pour repérer les angles potentiels pour filmer. Une chose est certaine, qui dit « cave » dit « besoin d’éclairage ». J’emporte mes grands bacs à lumière, mais aussi les petites lampes d’appoint pour pouvoir donner du relief aux arrière-plans. Ma Lovely Roadie est promue assistante de production (et portefaix). Elle s’occupera également de prendre les photos pour ce making-of.

Sur place, il faut composer avec la modernisation de la salle en essayant de trouver des angles sans trop de câbles électriques, de lampes, d’extincteurs ou d’indicateurs d’issues de secours. C’est le moment de revérifier son cadrage dix fois pour ne rien oublier. Il faut aussi que mon propre matériel ne soit pas dans le champ. Les reflets sur la guitare ne doivent pas non plus être trop prononcés. Le moniteur de contrôle de 7 pouces vient bien à point pour vérifier le cadrage. Une fois à la maison, il n’est plus possible de corriger ce genre de défaut. Au pire, il vaut mieux refaire une prise.

Attention à la lampe sur l’escalier !

Nous profitons aussi des rencontres inattendues sur place, comme ce miroir qui trônait dans la cheminée monumentale. Il servira d’accessoire pour le morceau Gipsy cowboy. Placer le miroir correctement pour filmer sans être dans le champ, tout en donnant du sens au reflet, prendra un peu de temps, mais le rendu est vraiment sympa.

Miroir, mon joli miroir…

Patatras, ampoule pétée, c’est la fessée !

Difficile d’éviter les petits accidents avec autant de matériel et de fils dans tous les sens. En général, j’évite la zone entre la caméra et le sujet qui est un véritable parcours piégé. Maladresse de ma Lovely Roadie, un de mes bacs à lumière finira à terre, ampoule pétée. La faute à des trépieds bien trop légers (à gauche sur l’image). C’est la troisième fois que je casse une de ces ampoules. Heureusement, il me reste encore une ampoule de rechange à la maison. Le plus embêtant c’est de faire sauter les plombs et de devoir déranger quelqu’un pour nous remettre le courant.

Ces bacs font partie du matériel que je compte remplacer petit à petit par quelque chose d’un peu plus solide, comme celui de droite, avec son pied C-stand. Heureusement, ce type de matériel est bien plus accessible de nos jours.

Matériel bon marché…

Pause déjeuner

La journée de tournage est entrecoupée par un excellent repas à la cafétéria de l’abbaye, que je ne peux que recommander. En bon fingerpicker, j’ai choisi un onglet de bœuf sur la carte (c’est bon, tu as la ref, l’onglet, le bœuf ?). Je me suis régalé. J’ai été un peu surpris par la question de la serveuse qui me signale qu’il est servi saignant. Toute autre cuisson serait un sacrilège ! Le repas est l’occasion de parler de l’album et des étapes suivantes de la réalisation.

Le mode opératoire

Après quelques tâtonnements au fil des ans, nous sommes arrivés à un mode opératoire efficace. Je filme avec deux caméras en même temps, l’audio est pris via les micros des caméras pour référence. Nous enregistrons aussi via une piste séparée qui sera remixé par Jacques puis resynchronisée en post-production. C’est une étape cruciale.

Par le passé, nous avons déjà eu des glissements de la synchro sur la durée d’un morceau. Sans doute en raison de formats audio incompatibles entre les divers appareils et le logiciel de montage. Je ne souhaite à personne de devoir ajuster manuellement l’image et le son en repérant le moment précis où le pouce touche la corde pour y aligner le pic d’une forme d’onde. Mais je déteste quand ce que je vois à l’écran ne correspond pas à ce que j’entends. C’est aussi la raison pour laquelle le son est pris en réel et pas synchronisé depuis le CD.

Heureusement, Jacques est un musicien exceptionnel, capable de répéter plusieurs prises sans fautes. Des prises qui pourraient même être montées ensemble tellement son timing est impeccable. Et le clap n’est pas là pour faire joli, mais il permet de caler les pistes pour la post-production. 

making-of

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B-roll ou brol ?

Je prends aussi quelques images du décor de la cave et de la guitare. Mais je n’ai pas vraiment trouvé comment les intégrer en faisant sens. Surtout dans un trailer assez court avec des enchaînements assez rapides. Je dois encore bosser un peu mes b-roll qui chez moi finissent trop souvent en « brol ». 

La journée se termine avec un tour sur le site extérieur pour prendre quelques images qui me serviront pour l’outro du clip et le remerciement. J’avoue que j’ai un peu la tête ailleurs, je ne suis pas hyper à l’aise avec tout mon matériel visible dans la voiture garée devant le site.

Le montage

La première étape est de sauvegarder les fichiers depuis les cartes SD vers l’ordinateur puis de classer les prises. J’ai eu un petit coup de chaud, je ne retrouvais plus une carte SD. Stupid me ! Elle était restée dans la caméra.

C’est l’occasion de vérifier les petits détails oubliés dans l’image et de voir ce qui sera rattrapable ou ce qui finira à la poubelle. Heureusement, en étant attentif lors du tournage, la plupart des prises étaient exploitables. Je me félicite d’avoir exigé une prise supplémentaire pour un des morceaux où le reflet sur la guitare était vraiment trop présent.

Ensuite, il faut dégrossir un premier montage pour sentir le rythme et le placement des enchaînements par rapport à la musique. J’ai décidé de faire un premier montage avec un seul plan de caméra puis d’ajouter les autres angles après. Ce n’est pas très différent du mixage d’un morceau, couche après couche, le projet se construit. Chaque étape est validée avec Jacques qui m’envoie l’audio final remixé.

Et puis c’est la traque aux détails, l’ajustement des durées de transitions. J’enlève les petites pétouilles sur les images fixes, je finalise le bandeau de titrage. 

making-of

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Making-of : le résultat final…

Voilà le résultat de ce making-of. J’espère que la vidéo vous plaira et surtout qu’elle vous donnera envie d’acheter cet album et d’aller voir Jacques Stotzem en concert.

Sennheiser MKE200 vs Rode VideoMicro

Je vous livrais dernièrement mon retour d’expérience sur l’utilisation du Rode VideoMicro. Ce que j’aime, ce que je n’aime pas. Et voilà enfin la battle de microphones petit budget annoncée. J’ai choisi de comparer mon bon vieux Rode VideoMicro avec le Sennheiser MKE200.  Ca fait un moment que le Sennheiser est arrivé, mais je n’avais pas encore eu le temps de le tester. J’ai failli l’emporter pour filmer le trailer du nouvel album de Jacques Stotzem “Histoires sans mots”, mais je n’aime pas trop partir à l’aventure avec du matériel que je n’ai pas encore pu tester.

Le choix du rival, le Sennheiser MKE200

Vous pouvez retourner voir mon article pour savoir ce qui me plaît avec le Rode VideoMicro et quels sont ses petits défauts qui m’agacent. Si j’ai choisi le Sennheiser MKE200 c’est parce qu’il vise la même catégorie d’utilisateurs dans une fourchette de prix proche. Historiquement proche s’entend, parce que le micro Rode se trouve parfois maintenant à moitié prix avec la sortie de modèles plus récents. Et certaines copies asiatiques ont même des prix ridiculement bas. 

Ce qui me plaît d’emblée avec le Sennheiser c’est que c’est un modèle proposé par un fabricant reconnu pour la qualité de ses microphones. Il a un format compact avec un boitier monobloc. Le support antichoc est intégré dans ce boitier, au niveau de la capsule.

Le Rode flotte sur un support antichoc un peu tremblotant. Il ne m’inspire pas grande confiance, même si je ne l’ai jamais cassé.

Le Sennheiser est fourni avec deux câbles, dont un TRRS pour les smartphones. Le câble se fixe à l’avant avec une petite virole à visser. Cet emplacement peut sembler étrange à première vue. Mais cela permet de ne pas interférer avec le viseur ou l’écran de l’appareil.

Sennheiser MKE200

Sennheiser MKE200

Je ne me suis pas beaucoup intéressé à la résistance aux bruits de vent avec et sans bonnette parce que la plupart de mes vidéos sont filmées en intérieur. Vous trouverez pas mal de vidéos de tests sur Internet si cet aspect vous intéresse.

Les spécifications techniques

Ce sont tous les deux des microphones directionnels, le Rode est annoncé avec un pattern cardioïde. Le Sennheiser est supercardioïde. Le Rode affiche une plage de fréquence relativement linéaire entre 100Hz – 20kHz et pèse 42 grammes. pour le Sennheiser on a une plage de 40Hz à 20kHz et un poids de 48 grammes. La SPL max est de 140 dB pour le Rode et de 120 seulement pour le Sennheiser.

Rode VideoMicro

Rode VideoMicro (Source Rode)

Sennheiser MKE200 (Source Sennheiser)

Sennheiser MKE200 (Source Sennheiser)

Sur papier, la courbe linéaire du Rode me plaît beaucoup, avec une bosse dans l’aigu pour donner un peu d’air. Le Sennheiser annonce une plage de fréquence plus large mais un filtre passe-haut réduit rapidement la sensibilité dans ces mêmes basses fréquences. La courbe générale est loin d’être plane. 

Les tests audio 

Je me suis contenté d’un petit test sans grande prétention scientifique, ni musicale d’ailleurs. Le but était d’entendre les microphones en condition d’utilisation pour les comparer. De prime abord, j’aime l’intelligibilité de la voix parlée avec le Sennheiser MKE200. Il brille, peut-être même un peu trop. J’aime une voix un peu plus chaude. J’ai envie de sortir EQ et compresseurs pour retoucher tout ça.

Pour le chant, je trouve le médium un peu trop prononcé, il sature presque. Je trouve le son un peu sec. Mais je reconnais que je suis biaisé envers le Rode VideoMicro, tant je me suis habitué à son rendu neutre et plus chaud. Et je sais déjà comment le corriger pour obtenir le son que je cherche.

Mon avis

En ce qui concerne la construction et l’utilisation, le Sennheiser MKE 200 est solide et bien pensé pour un montage sur la caméra. C’est un excellent micro de Vlog et de podcasting pour la voix parlée. Il est très bien pour la voix. Peut-être presque trop optimisé pour cet usage.

Moyennant une meilleure maîtrise de de son placement je pense pouvoir arriver à de très bons résultats en ce qui concerne l’intelligibilité et le fait de placer la voix au-dessus du bruit ambiant. Ceci grâce à la polarité supercardioïde et la courbe de fréquence optimisée. 

Pour la musique par contre, le rendu moins neutre, la moindre résistance aux pics de volume sonore me satisfont nettement moins. J’aimerais pouvoir les croiser entre eux. Obtenir la construction du Sennheiser et le son du Rode. 

J’aurais aimé être ébloui et séduit. J’aurais aimé voir une nette évolution sonore avec un microphone plus récent. Ou alors, vais-je apprendre à l’aimer ? En raison de ces réserves, je lui attribue une note de 6 sur l’échelle de piments.