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Quand le bruit est dans ma tête … it’s complicated, sometimes

Avec deux premières parties le même weekend, c’est la fête ! Vendredi, je joue en première partie de l’excellent Luc Dejardin aka Lucky D. Samedi c’est avant la sémillante Seesayle que j’ai la joie de me produire. Deux ambiances différentes, du blues le vendredi et un univers plus “barock” le samedi. Et en deux jours, on est passé du bruit dans la salle au bruit dans ma tête.

De mémoire je n’ai jamais joué à Verviers, c’est avec un brin de curiosité que je passe le seuil de la MJ Recollets. Luc a décidé de jouer au pied de la scène pour se rapprocher du public. L’espace scènique est vraiment sympa. Les petites guirlandes, le tapis et les fauteuils invitent à prendre un verre pour profiter de la musique. 

Luc Dejardin

Luc Dejardin : c’est cosy !

Seul face au bruit …

Première partie de Lucky D : seul face au bruit

Première partie de Lucky D : seul face au bruit

J’ai peut-être tort de parler de ça. Ca ne se fait pas. Du concert je retiens l’étonnant contraste entre la belle petite scène qui invite à l’écoute, et le désintérêt total d’une partie du public. Honnêtement, ça m’a un peu pris de court. J’ai oublié qu’une MJ, c’est avant tout un lieu de rencontre. On y vient pour se retrouver, pour boire un verre le vendredi en se racontant sa semaine. Rien de franchement anormal. Le niveau du bruit des conversations est carrément déstabilisant. J’entends mes amis qui font du rock lourd me dire qu’il faut savoir capter l’attention. Je ne prends pas ce genre de conseils de gens qui ne font que jouer plus fort que les gens ne parlent. Parfois on arrive à fermer le sous-marin sur la musique et une partie du public, parfois ça ne fonctionne pas.

Pour ajouter l’outrage à l’insulte, on subit un léger larsen un peu douloureux aux oreilles dans les basses (50-75Hz pour ceux que ça intéresse) sur une onde statique sans doute liée à la configuration du lieu. Impossible à corriger avec les tranches un peu sommaires de la table. Du coup il faut constamment maîtriser sa basse pour ne pas la laisser filer.

Mais ma première partie et le concert de Lucky D se passent bien.

Lucky D, le blues brut 

Ce concert est un concert particulier. C’est la sortie du premier CD de Lucky D, “The Lone Drifter”. Il tourne pendant que j’écris.

CD release party : Luc Dejardin

CD release party : Luc Dejardin

 Certains prétendent qu’un blanc ne sait pas chanter le blues. C’est qu’ils n’ont pas entendu Lucky D raconter les cahots de sa vie au travers des classiques du blues. Et c’est l’un des rares guitaristes originaires de ce coin de la Belgique qui ne sonne pas comme Jacques Stotzem. Peut-être une pointe de Stefan Grossman de-ci de-là, si il faut vraiment pousser les musiciens dans des cases. Musicalement on navigue entre ragtime, gospel et blues avec des noms illustres comme Skip James et Blind Willie Johnson. Mais l’accent est mis sur l’appropriation et l’arrangement personnel plutôt que la copie des originaux. Lucky rhabille et habite ses chansons sans en perdre l’essence. C’est une prouesse de traverser ce vieux et prestigieux répertoire et ces innombrables carrefours sans y perdre son âme et sa personnalité musicale. 

CD release party : Luc Dejardin

CD release party : Luc Dejardin

La nuit ne porte pas conseil

Je me suis couché assez insatisfait. Je ne reproche rien ni au lieu, ni au public. Qu’aurais-je pu faire mieux ou autrement ? Comment intéresser les gens à mon univers musical de niche. Peut-être que c’est complètement nul, naze, sans intérêt. Pour l’intérêt commercial je ne me fais plus d’illusions depuis longtemps. Mais quid de  l’histoire racontée avec les notes ?  Comment faire découvrir toute l’émotion qu’une note contient quand on soulève sa musique avec des “han” de bûcheron, faute de pouvoir la laisser s’envoler avec légèreté vers le noir. 

Drôle d’ambiance quand le premier rang ose un “Chut !” et que depuis le bar on répond “Ta gueule !”. Quand on joue, on active son “super sens d’écoute”, et la plupart des conversations sont étonnamment intelligibles depuis la scène, des histoires de fesses des jeunes filles à l’avant aux marmonnages des tontons éthylisés. C’est la tempête dans la tête. On consacre toute son énergie à exister sur son petit mètre carré. Je me sentais comme un évier dont on ouvre le robinet en grand et qui se vide pendant qu’on cherche le bouchon. Dans ces conditions la musique tient sur un fil ténu. Pour occuper l’espace, je sacrifie les balades de ma setlist pour les remplacer par des morceaux plus énergiques. 

Pourtant des gens écoutent ma musique, l’apprécient et le manifestent. Mais le doute est une pieuvre dont les tentacules s’insinuent partout pendant que l’encre noire trouble la vision de la réalité. S’en suit une nuit pas tout à fait blanche, quelque part entre gris clair et gris foncé. Ma première pensée du matin est : je finis les concerts de décembre et puis j’arrête.

Après un bon déjeuner et 2000 m de natation, mes idées sont déjà plus claires. Ce soir il y a un autre concert.

Seesayle, l’élégante dentelle noire

Ce soir, je joue à l’An Vert,  autre ambiance. La salle est belle, le public s’annonce nombreux, le son est parfait. Les conditions sont idéales. Je traîne un peu mon malaise de la veille mais le soundcheck est vraiment sympa. Ca m’énerve de ne pas arriver à tourner cette page. J’ai l’impression d’avoir ce robinet qui coule dans ma tête. Je n’ai toujours pas retrouvé le bouchon de l’évier.

Le concert sera filmé. J’ai décidé d’initier ma Lovely Roadie à la vidéo pour me décharger de cette tâche. On verra ce qu’on en fera. Ce sera sans doute très instructif de me repasser la vidéo.

Première partie de Seesayle

Première partie de Seesayle

Ce soir l’écoute est vraiment merveilleuse, mais le bruit d’hier est venu habiter dans ma tête. Mon corps me parle, mes membres murmurent, milles pensées parasites m’habitent. J’ai soif, un bout de peau me gêne, mon bras colle à la guitare, j’aurai dû mettre l’autre T-shirt, un mal de dos commence. Un nombre incalculable de fois je me demande quel accord vient après celui-là, où en suis-je dans la structure. Et par dessus tout, je me dis que je dois oublier tout ça. Mais l’envie de lacher prise, ce qui n’est une pensée supplémentaire qui s’ajoute au bruit dans la tête. C’est le paradoxe de la pensée : ne pense pas à un ours blanc. Perdu. 

Et puis il y a des moments de grâce, des notes qui s’envolent. Des moments qui touchent enfin leur cible. Je m’accroche à ces instants fugaces et le plaisir de jouer revient peu à peu. Des morceaux dont je suis satisfait. Les éclaircies percent entre les nuages. 

Stamina

Ensuite c’est au tour de Seesayle de présenter son album “Stamina” à son public. J’adore son univers et la manière dont elle “est” ses chansons. Tout à tour, elle a 4 ans, elle rêve, elle tremble dans le noir avant de courir dans la forêt pour parler aux arbres. Les instruments se succèdent, les loops solitaires donnent du mordant à sa musique.

Je pose ma guitare avec elle sur “A while” et nous terminons par un rappel en duo. “Wild roses”, un duo Nick Cave et Kylie Minogue. Elle enchaîne encore plusieurs rappels avec ses tubes. Un très beau succès largement mérité. Elle a un univers musical entier et mûr.

Seesayle

Seesayle

On boit un verre avant de rentrer. Tout n’était pas parfait de mon côté, mais je sens déjà que les cicatrices se referment et qu’il y a des leçons à apprendre. Je vais visionner et monter les vidéos

Les prochaines dates seront encore différentes. Pour commencer, je joue le 8 décembre au Marché de Noël de Mr Bricolage Gretry, au rayon perceuses, comme l’an passé. Ensuite je ferai ma traditionnelle sortie au Village de Noël de Liège le dimanche 17 décembre.

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