fbpx

Technique : les connaissances minimum pour un musicien !?

Certains musiciens me donnent l’impression de cultiver une sorte d’analphabétisme technique volontaire. On dirait que ça leur donne l’impression de se concentrer sur leur art en laissant les basses besognes aux autres. 

Gnagnagna ....

Gnagnagna ….

Faire du son est un métier. Certains vont à l’école pour l’apprendre, d’autres apprennent sur le tas. Être sur scène pour y faire de la musique est aussi un métier. Pour faciliter la rencontre de ces deux métiers, il y a des aspects de la technique auxquels un musicien devrait s’intéresser. 

Même un musicien amateur devrait avoir une attitude professionnelle par rapport à la maitrîse de la scène et sa technique. Cela lui permet de mieux communiquer avec tous les intervenants. Il pourra comprendre et résoudre ou aider à résoudre certains problèmes.

Préambule

Pour que ce billet ne soit pas infiniment long, j’ai renvoyé pas mal de liens vers des sujets déjà abordés ou vers d’autres sources plus détaillées. Il est impossible de tout expliquer. J’ai surtout voulu dresser une liste de recommandations sur les choses auxquelles il serait bon de s’intéresser. Dans le futur je reprendrai peut-être certains points dans un billet dédié.

Un billet en mode Schtroumpf à lunettes (aka vieux con). Désolé, ça va sembler scolaire à certains. Évidemment ce sera incomplet et les puristes vont me détester pour les innombrables raccourcis. D’autres diront que j’enfonce des portes ouvertes.

Flagellez-moi dans les commentaires.

L’instrument

On va partir du principe qu’en tant que musicien, avoir un minimum de connaissance techniques sur l’instrument dont on joue est un acquis. Mais pour mémoire, je vais lister quelques points dont certains ont déjà été discutés sur ce site :

Les microphones de chant

Que ce soit pour chanter ou pour parler c’est très utile de comprendre la différence technique entre un microphone dynamique et un microphone statique. Le microphone statique sera plus sensible au son (mais aussi au Larsen) et nécessitera d’être alimenté en courant via son câble. C’est ce qu’on appelle l’alimentation fantôme (elle est de +48 Volts le plus souvent, plus rarement +24 Volts ou moins). Cette source de courant permet parfois d’alimenter d’autres appareils. On parlera souvent de micro ou d’appareil actif s’il nécessite une alimentation ou passif s’il peut s’en passer.

En général si vous ne vous êtes jamais posé la question sur scène, c’est que vous avez un microphone dynamique comme 99% des gens qui sont sur scène.

Note : Comme l’alimentation fantôme est un courant continu, il est important que l’alimentation soit coupée au moment de connecter ou de déconnecter le microphone. En effet si les deux broches du câble ne sont pas connectées en même temps, le microphone subira un bref pic de courant qui risque de l’endommager. On demande toujours, même d’un simple regard, si on peut brancher ou débrancher un câble.

L’ampli

La scène n’est pas le bon endroit pour changer d’instrument, de micro ou d’ampli. Et encore moins pour en tester tous les réglages. Vous devez connaître la fonction de tous les boutons de votre ampli. De même pour les entrées et sorties. Quelques exemple : si une sortie est PRE, elle sort avant les réglages et effets du pré-ampli, en POST, elle donnera le son modifié par le préampli. Les sorties send/return serviront à brancher des effets entre le préampli et l’ampli. Par contre une sortie speaker sera une sortie amplifiée qu’il ne faudra surtout pas faire brancher sur autre chose qu’une enceinte sous peine de faire des dégâts.

Même chose pour les boutons à l’arrière dont l’utilité vous a échappé jusque-là. A défaut d’en comprendre la finesse technique, sachez quel effet chaque réglage a sur votre son. Testez, jouez avec l’ampli en répétition, si possible avec un volume identique à celui utilisé sur scène. Ce n’est pas au soundcheck qu’on tâtonne pour chercher le son qu’on aime.Tout au plus on recherche le son qu’on connaît.

Si votre ampli possède des effets, ou que vous utilisez des pédales, vous devez également maîtriser et comprendre un minimum leur utilisation. Le réglage de répet ne sera pas forcément adapté à la scène. 

Les câbles et connecteurs courants

Vous allez rencontrer un nombre de connecteurs limité avec des utilisations spécifiques. Ils ont souvent une version mâle et une version femelle. Certains existent en mono ou stéréo. Choisir le bon câble est essentiel. 

Petit tour d’horizon:

savoir minimum technique : les connecteurs les plus courants

savoir technique minimum : les connecteurs les plus courants

  • (A) Jack TS (souvent improprement baptisé “mono”), 6,3 mm, asymétrique ou unbalanced, c’est le câble classique avec lequel vous branchez votre guitare. Il est sujet aux parasites et aux pertes de signal. Ce câble n’est pas idéal pour transporter le son sur des longues distances. Au-delà de 6 à 9 m les soucis commencent à se faire entendre.
  • (B) Jack TRS, en 6,3 mm, symétrique ou balanced, c’est le Jack improprement surnommé “stéréo”. il se distingue du TS par la présence de deux bagues au lieu d’une sur la fiche.
  • (C) XLR à trois broches, symétrique, c’est le câble avec lequel vous connectez habituellement votre micro. La construction de ce câble le rend apte a transporter le son sur de plus longues distances, sans trop de parasites et de pertes. 
  • (G) RCA cinch ou phono, ce sont souvent des câbles mâle-mâle. Les fiches sont codées en rouge/blanc ou noir/rouge pour éviter qu’on inverse la gauche et la droite lors du branchement. Les prises sur les appareils reprennent le même schéma de couleurs. En vidéo, on trouve des câbles avec 4 ou 5 ou plus de connecteurs de couleurs différentes. On les trouve dans le matériel de DJ ou pour connecter des lecteurs ou des enregistreurs à des tables de mixage.
  • Speakon : connecteur destiné à relier les amplificateurs aux enceintes. Il permet de transporter sans risque de surchauffe ou de court circuit les signaux puissants destinés aux enceintes. Il a l’avantage de résister à l’arrachage et ne peut être débranché qu’en appuyant sur une lamelle avant d’effectuer une rotation. 
  • Midi ou DIN 5 broches : ce câble permet de relier différents instruments électroniques entre eux pour les synchroniser et les contrôler.

Les “un peu moins courants” sur scène

Même si on les rencontre moins souvent dans la musique live, ils sont à connaître quand même pour ne pas les confondre.

  • (D) Mini-jack TRS (“stéréo”) ou TS (E) “mono” en 3,5 mm, c’est le connecteur de votre casque audio nomade. Petit et fragile, il est à éviter sur scène, sauf cas de force majeure.
  • (F) Mini-jack TRRS pour smartphone en 3,5 mm il possède 3 anneaux sur la fiche et permet de transporter le signal d’un micro-casque avec télécommande 
  • câbles optiques ou numériques
  • les connecteurs propriétaires : une espèce en voie de disparition. Ce sont ces petites méchantes choses avec des connecteurs exotiques qu’un fabricant a inventées pour qu’on ne puisse brancher que “son” câble sur “son” appareil. Il ne faut jamais oublier ou perdre ce câble. Les chances que quelqu’un puisse vous dépanner sont quasi nulles. Les chances qu’il soit cher à remplacer sont très élevées.

Les adaptateurs

LES ADAPTATEURS C’EST LE MAL. Je répète : LES ADAPTATEURS C’EST LE MAL. Si vous utilisez un adaptateur quelque part c’est que vous n’avez pas assez réfléchi à un problème. Vous pouvez vous attendre à des soucis. Peut-être que vous branchez deux trucs qui ne devraient pas être reliés entre eux de cette façon, pour des tas de raisons. Ou alors vous n’utilisez pas le bon câble. C’est parfois un mal nécessaire, mais il est souvent évitable.

Petit défaut deviendra grand. Les bricolages qui fonctionnent au local seront sources d’emmerdes en live. Le petit souffle sera amplifié 100 fois, le faux contact craquera à un niveau épouvantable.

Entretenir les câbles, la bonne technique pour les rouler, se brancher

Les câbles, comme le reste du matériel, ça s’entretient. Par exemple, on ne les enroule pas n’importe comment. On les inspecte et on les teste pour éliminer ou réparer ceux qui ne fonctionnent plus bien.

Comme le reste du matériel, c’est bien d’en avoir une maîtrise minimum et d’avoir une idée de son plan de branchement avant le soundcheck. Pourquoi ne pas rédiger une fiche technique une fois pour toutes pour ne rien oublier ? 

Malgré mon setup très simple, j’en ai fait une très visuelle pour que ma Lovely Roadie puisse m’aider pour le chargement (ne rien oublier) et les branchements.

La DI ou boîtier de direct

Comme expliqué plus haut, les câbles Jack ne peuvent pas être utilisés sur de trop grandes distances. Ils sont parfaits pour aller de la guitare au pédalier ou à l’ampli. Pour aller à la table de mixage, il faut passer par un boîtier de direct. Ce boîtier va transformer le signal asymétrique transporté par deux conducteurs en signal symétrique transporté par trois conducteurs dans le même câble. Ce signal sera moins sujet aux pertes et aux parasites. L’entrée dans la DI se fera en Jack, la sortie le plus souvent en XLR. Certains amplis ou multi-effets ont une sortie qui joue ce rôle de DI. Savoir laquelle c’est et à quoi elle sert nous renvoie à la case “connaître son ampli”.

Comme les microphones, les boîtiers de direct peuvent être passifs ou actifs. Dans ce cas ils vont nécessiter une alimentation fantôme ou une pile pour fonctionner. Ils ont également d’autres fonctions comme un égaliseur, des filtres. Ils offrent possibilité de couper la mise à la terre (ground lift). Cela permettra de supprimer un bruit parasite (aka ronflette) résultant de la mise à la terre simultanée de plusieurs appareils.

Les niveaux du signal

L’intensité du courant électrique est différente selon les sources. Le bon réglage permettra d’obtenir le meilleur son possible sans générer des artefacts, de la distorsion involontaire ou du souffle. Il est essentiel de choisir le bon réglage ou la bonne entrée. Habituellement les fabricants ont fait des efforts pour identifier clairement les entrées.

Le niveau ligne, line level en anglais est le niveau standardisé qui permet la liaison entre les appareils audio. Le signal émis par un microphone ou un instrument n’est pas au niveau ligne et doit passer par un préampli ou un amplificateur. Généralement, sur les entrées de différents appareils on trouvera des boutons ou des connecteurs identifiés comme Line, Microphone, instrument ou Hi-z. 

  • Microphone : les membranes des microphones produisent un signal dont le voltage est très faible, ce signal devra être amplifié.
  • Ligne ou line : un signal basé sur un courant plus intense qui pourra parcourir de bonnes distances. Logiquement, si vous disposez d’un appareil disposant d’un line-out, il ira dans le line-in.
  • Instrument : le signal émis par un instrument se situe en général entre le niveau line et le niveau microphone. Un boîtier de direct permettra d’amener le signal à un niveau ligne. Les entrées Hi-Z sont destinées spécifiquement aux guitares et basses. Même si votre guitare dispose d’un microphone actif (avec une pile), le signal sortant restera plus faible que le niveau ligne et devra passer par cette entrée. Si le son sature, vous pouvez essayer de passer par l’entrée ligne.

L’interaction polie avec les gens utiles (et les autres)

C’est peut-être un aspect moins technique, mais il a son importance dans la gestion des relations entre artistes et techniciens. En fait, à part peut-être la petite amie de la chanteuse, toute personne traînant dans le backstage a son utilité. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles on limite l’accès aux personnes concernées par le spectacle dans la mesure du possible.

La règle de base c’est d’être courtois avec tout le monde. La courtoisie c’est de jouer quand on vous le demande. Mais aussi de ne pas jouer quand on ne vous demande rien. C’est de jouer fort quand on vous dit de jouer fort, et de jouer moins fort si on vous le demande. Jouer moins fort donnera de la marge de manœuvre à l’ingé son. Il pourra  placer chaque instrument dans le mix et ne pas balancer de la purée sonore vers le public. C’est savoir rester à sa place sans être dans le chemin.

La courtoisie c’est aussi de faire confiance et de ne plus toucher à rien une fois que le son est réglé. Vous êtes le pro de la musique, ils sont les pros de la technique. Partez du principe qu’ils ont raison, ou qu’ils ont leurs raisons d’avoir tort. Et si vous pensez avoir raison, ayez les arguments convaincants en main.

Note: mon seul bémol sur ce point reste cette obstination sotte de vouloir repiquer mon ampli acoustique bi-amplifié avec un micro. Au lieu de prendre la sortie DI de l’ampli qui est propre, évite les soucis de phase et de repisse. Pour un ampli a lampes avec un son ou un grain ça se justifie, pour un ampli a transistors bi-amplifiés ce sera le plus souvent contreproductif. Parfois il faut savoir faire confiance aussi. Il faut savoir lâcher prise sur ses croyances personnelles, de part et d’autres.

Étoffez votre vocabulaire du son

J’avais déjà parlé de l’anatomie d’une scène de festival ainsi que des noms des métiers qu’on y croise. C’est essentiel de comprendre la différence entre la façade et les retours. Connaître les noms des différents effets que vous utilisez me semble un minimum. Par exemple, il peut être utile de connaître le nom des différentes reverbs et surtout de savoir laquelle vous préférez.

Apprenez à décrire le son que vous aimez avec des mots simples à défaut de connaître le terme technique exact. Dites aigus, basses, médiums … c’est le travail de l’ingé son de traduire cette information en fréquences. Pour un guitariste acoustique, savoir distinguer à l’oreille le haut médium (nasillard, métallique) du bas médium (sourd) est utile. C’est une zone à problèmes.

Attention, ne jugez pas le son avec vos yeux ! En effet nos oreilles ne perçoivent pas le son de la même manière à différents volumes et dans différents espaces. La perception du medium varie fortement avec le volume. Ce qui était correct à la répétition ou sur une scène ne le sera pas sur une autre.

Évidemment, le son a quelque chose de subjectif et il n’est pas toujours simple de se faire comprendre. Pensez à étoffer votre vocabulaire. Dites un sifflement, du souffle, un buzz, une ronflette, un larsen, un délai et pas “un truc qui me gêne”. Dites “je peux avoir plus de guitare dans le retour” et pas “je ne m’entends pas”. 

A suivre ?

Je pense que ça suffira pour un premier tour d’horizon sur les notions élémentaires à connaître. J’ai pas mal défriché le sujet sans rien approfondir d’un point de vue technique. C’est un peu frustrant. Mais le matériel diffère énormément d’un musicien à un autre. Au-delà de quelques recommandations basiques, il est malaisé de dire autre chose que “apprend à connaître ton matos”. 

Si ça intéresse, je reviendrai plus en détail sur certains aspects de la technique. Mais pour moi un musicien passionné doit être quelqu’un de curieux qui ne devrait pas se contenter pas d’un “rien-à-foutre”, ou “ce n’est pas mon métier”. 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.